Malgré la popularité d’Ovide au Moyen Age, peu de manuscrits conservés sont antérieurs au XIIIe siècle. Parmi ceux qui ont été copiés entre le IXe et le XIIe siècles nous restent 54 manuscrits des Métamorphoses, 10 des Remedia amoris, 10 des Heroides et 9 de l’Ars amatoria. C’est dire qu’Ovide arrive loin derrière les autres poètes classiques et que seules les Métamorphoses ont connu une certaine diffusion. On comparera, pour la même période, avec le succès de Virgile (114 manuscrits des Bucoliques, 127 des Géorgiques, 180 de l’Enéïde), d’Horace (143 manuscrits de l’Art poétique, 143 des Satires, 138 des Odes, 136 des Epîtres et 118 des Epodes), de Lucain (167 manuscrits de la Pharsale), de Juvénal (110 manuscrits des Satires), de Térence (106 manuscrits des Comédies), de Stace (93 manuscrits de la Thébaïde) ou de Perse (74 manuscrits des Satires)... Dans la seconde moitié du XIIe siècle, on a commencé à rassembler des textes ovidiens épars afin d’en faire des corpora d’une utilisation commode. Si la diffusion des poèmes intégraux d’Ovide est bien modeste, les extraits recueillis sous forme de florilèges ont connu une grande fortune. Ovide occupe ainsi une place prépondérante dans les grands florilèges « à sections d’auteurs » du XIIe siècle. A la même époque, Ovide devient plus fréquent dans les bibliothèques scolaires, mais les maîtres formulent des réserves morales, surtout à l’égard de l’Ars amatoria et des Héroïdes. Les seuls poèmes qui ont circulé pendant les siècles suivants (à partir du XIIIe s.) sous le nom d’Ovide sont le Carmen de Philomela et le De lupo, mais au XIIe s., ils constituent des pseudo-ovidiana virtuels, car ils ne sont pas encore attribués à Ovide.
Il est incontestable qu’Ovide influença sensiblement les poètes dès le XIIe siècle. Les amateurs de poésie le citent et trouvent en lui une source d’inspiration. Pourtant, la diffusion de ses oeuvres resta relativement modeste. La réticence des maîtres retarda l’intégration de l’auteur des Métamorphoses dans le canon scolaire.
L’Ĺ“uvre d’Ovide a suscité des adaptations plus que de véritables traductions. Celles de l’Ars amatoria en vers, toutes du XIIIe siècle, avaient été publiées isolément : ces éditions ont été commodément rassemblées et réimprimées en 1969 dans un seul volume dû à Anna Maria Finoli. Restait inédite une version en trois livres, publiée par Bruno Roy en 1974.