Anicius Manlius Severinus Boethius. De consolatione Philosophiae.

Diffusion latine

Boèce est souvent considéré, selon le point de vue, comme le « dernier Romain » ou comme l’un des « fondateurs du Moyen Age ». Nourri des œuvres de Cicéron, il conçut avec son beau-père Symmaque le Jeune un ambitieux programme de rénovation des études. Il se consacra d’abord aux disciplines scientifiques (arithmétique, musique, géométrie, astronomie), avant d’en venir à la traduction et à l’explication des œuvres logiques d’Aristote. Cette entreprise en faveur de la culture hellénique le rendit suspect de comploter avec l’empereur contre le roi ostrogoth Théodoric. Incarcéré à Pavie en 524 et condamné à mort, Boèce rédigea dans sa prison la Consolation de Philosophie.

La Consolation est un dialogue entre l’auteur-narrateur et le personnage allégorique de Philosophie, qui le rappelle à la connaissance de soi, puis l’amène à scruter la fin des choses et les lois qui régissent le monde. Boèce dresse un bilan métaphysique de sa vie : sa méditation sur le bonheur passé le conduit à des développements sur les faux biens (la gloire notamment), puis sur le souverain bien, enfin à une démonstration de la Providence et de la perpétuité du monde selon les doctrines de Proclus et d’Ammonius. Boèce prend soin de rester sur le plan de la philosophie pure, sans professer des doctrines en contradiction trop manifeste avec la foi chrétienne.

De siècle en siècle, la Consolation s’affirme comme un classique commenté dans les écoles. A la fin du VIIIe siècle Alcuin fait de la Consolation une base indispensable pour les maîtres et les étudiants. Il fait sienne et recommande aux lecteurs la doctrine sur la valeur morale de la philosophie, sur la purification qu’elle opère par le rejet des biens de la Fortune, sur l’art de graduer les disciplines. Alcuin va jusqu’à assimiler Philosophie à la sagesse biblique. Cette christianisation par Alcuin de la philosophie boécienne assura pendant sept siècles le succès ininterrompu de la Consolation dans les écoles.

Au XIIe siècle, le renouveau des études platoniciennes au sein de l’école de Chartres rendit à la Consolation son prestige, qui commençait à s’estomper : après les douze commentaires carolingiens, paraissent quatre nouveaux commentaires dont la portée philosophique est réelle. Celui que rédige Guillaume de Conches vers 1125 est le plus étoffé. Son but est scolaire comme en témoignent de longs exposés sur les causes des marées ou sur les mythes d’Orphée ou de Circé, mais il est également engagé, lorsqu’il dénonce violemment les « théologiens modernes » qui accusent Platon de contredire les Ecritures. Selon Guillaume, l’âme du monde n’est autre que le Saint-Esprit, et Platon a connu par avance les vérités de la foi.

Au XIIIe siècle, la vogue croissante de l’aristotélisme détourne un peu les esprits de Boèce, mais c’est alors que les laïcs accèdent au texte par l’intermédiaire d’une succession sans précédent de traductions. On compte treize traductions françaises différentes de la Consolation du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle. Parallèlement, une quinzaine de commentaires latins nouveaux fleurissent aux XIVe et XVe siècles, mais l’influence philosophique de la Consolation est moindre que par le passé. Elle reste cependant un texte fondamental pour toute réflexion sur la Providence, le destin et la Fortune.

Bibliographie

Texte français non retenu

Simon de Freine, Roman de philosophie

Cette adaptation du De consolatione, intitulée Roman de philosophie ou Roman de Fortune, est un libre remaniement en 1658 vers, qui abrège fortement l’original latin.

Bibliographie

Traductions