Traduction anonyme (milieu du XVe siècle)

Traduction de l'ouvrage : Epistola Alexandri ad Aristotelem.

Sommaire

Bibliographie

Transcription du début du texte d’après le ms Bruxelles, Bibl. royale, 11104-05

Alexandre roy des roys, seigneur deseure tous seigneurs, salue son treschier maistre Aristote comme cellui homme qui soit ou monde vivant que j’ayme le mieulx.

Mon treschier maistre, sachiez que en toutes [f. 66v] mes paines et travaulx il m’est tousjours souvenu de vous et aussi es grans perilz de mes bataillez. Et pour ce que je sçay bien que vous estez tous donnez a philosophie a sens et a raison, il me semble chose convenable que par escript je vous monstre des merveillez qui sont es regions d’Ynde et des diversez bestez et serpens qui y habitent.

Combien que vous soyez parfais en toutes chosez et que vostre doctrine et science ne requiert ayde de nul homme vivant, par laquelle science moult est amendez et honnourez nostre siecle, et le temps qui est a venir moult l’amera et tendra chiere, treschier maistre, sachiez que nul home de mere nez ne pourroit croire les merveilles que je vous raconteray ne je ne les creisse point aussi se je ne les eusse veues et esprouveez ; et vous sçavez de moy com point ne suis coustumier de raconter mensonges, pourquoy sachiez certainement que point ne vous mentiray de mot et si ne vous escripray point le quart des merveilleusez [f. 67] choses qui sont en nostre paÿs d’Ynde car je n’ay lieu ne temps quant a present.

Comment Alexandre se loe moult de la chevalerie du royame de Macedone plus que des autres.

Au commencement grant grace et proesse rens de la bachelerie de Macedone et atout mon ost aussi qui oncquez ne fut vaincu, car par leur valeur et especialment la hardiesse des Macedoniens, ilz m’ont tant exauchiet que par eulx roy des roys suis appelez.

Chier maistre, je vous prie qu’il ne vous desplaise du hault nom de moy qui sui vostre disciple car predestination et force de corage le m’ont donné et le sens que de vous ay apris et que m’avez monstré ; si vous prie que n’oubliez point l’amour qui entre vous et moy est et a esté longuement plus que a nulle personne du monde fors seulement Olimpias, ma treschiere mere.

Premierement vous monstre et signifie que en Ynde le soleil et la lune seulent souvent [f. 67v] deffaillir et des estrangez estoillez qui la souvent apperent et de l’eaue la se monstre et espand souvent en moult de lieux.

Incipit d'après le ms Bruxelles, Bibl. royale, 11104-05

Table des chapitres [des deux textes contenus dans le ms]

Inc. : Cy commence la table des rubrices d’un chascun chappitre de ce present volume intitulé l’ystoire du fort roy Alexandre, lequel volume est partis en deux. La premiere est de sa conqueste et victoires qu’il eut en sa vie sur tous les roys et empereurs du monde et comment il fina sa vie. Et la seconde partie est son epystre, laquelle il mesmez envoia a son chier maistre prince des philosophez Aristote de toutes les aventures et merveillez qu’il eut et vit es derraines parties d’Ynde la majour, lesquellez sont moult fortes a croire. (f. 1)

Texte

Inc. : Alexandre roy des roys seigneur deseure tous seigneurs salue son treschier maistre Aristote comme cellui homme qui soit ou monde vivant que j’ayme le mieulx Mon treschier maistre sachiez que en toutes... (f. 66)

Expl. : ...Et vueuillez penser de ma mere Olympias que Dieu vueille garder et vous aussi treschier maistre. | Explicit. (f. 90)

Manuscrit

(vu mf) Bruxelles, Bibl. royale, 11104-05 : 90 f. parch. ; Bruges, c . 1450-1460 (proche du ms Bruxelles, Bibl. royale, IV. 467, f. 1, f. 8 [1470], F. Masai et M. Wittek (dir.), Manuscrits datés conservés en Belgique : 1461-1480, Bruxelles-Gand, 1982, t. IV, pl. 838) ; traduction française anonyme de l’Epitome de Julius Valerius : table des chapitres f. 1-9, f. 9v blanc, texte f. 10-65v ; traduction française anonyme de l’Epistola Alexandri ad Aristotelem f. 66-90v [titre : Cy commence la table de la seconde partie de ce livre qui est des merveillez que eut Alexandre en Ynde f. 6v].
Illustration : 2 miniatures des 3/4 de la justification en tête de chacun des deux textes réalisées par des successeurs de Guillaume Vrelant (f. 10 et 66) ; possesseurs : Philippe Ier de Croÿ (armoiries f. 10) († 1482) ; Charles de Croÿ († 1527) (ex libris f. 90v : « C’est le livre du roy Alixandre ou yl y a deux histoires, lequel est a monseigneur Charles de Croÿ, comte de Chimay [signé] Charles ») ; Marguerite d’Autriche (acquis en 1511) ; Marie de Hongrie (passe en 1530 ; ex libris à l’intérieur du plat antérieur de la relieur) ; Bibliothèque de Bourgogne (1559)
Bibliographie : (1) M. Debae, La bibliothèque de Marguerite d’Autriche, essai de reconstitution d’après l’inventaire de 1523-1524, Louvain-Paris, 1995, p. 168-169, n° 104, pl. 43 — (2) M. Smeyers, L’art de la miniature flamande du VIIIe au XVIe siècle, trad. M. Verboomen, Tournai, 1998, p. 328 et 333.