École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Notre-Dame de Chartres » Tome premier » 889, 16 juin

Carta Odonis, regis Francorum, de quibusdam rebus in villa Gaugiaco.

  • B Copie sur papier. Arch. dép. Eure-et-Loir, G 1456 (ancienne cote : fonds du Chapitre, carton LXIV, V, 1).
  • a D. Mabillon, De re diplomatica.
  • b Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, éd. Eugène de Lépinois et Lucien Merlet, Chartres, 1862.
D'après b.

« In nomine sanctae et individuae Trinitatis, Odo, clementia Dei, rex. Regalis celsitudinis mos est fideles regni sui donis multiplicibus atque honoribus ingentibus honorare sublimesque efficere. Noverit igitur omnium fidelium sanctae Dei ecclesiae et nostrorum, tam presentium quam et futurorum, sollertia, quoniam placuit serenitati nostrae quendam fidelem nostrum, nomine Ricbodonem, de quibusdam rebus nostrae proprietatis honorare. Sunt autem eaedem res in pago Carnotensi, super fluvium Oduram, in villa Gaugiaco1, mansus indominicatus, ubi aspiciunt mansa xxxi, quos predictus Ricbodo in beneficium tenet. Nos itaque beneficium jamdicto fideli nostro, jure beneficiario et usufructuario, concedimus, quatenus dum idem Ricbodo, quandoquidem, Deo disponente, uxorem duxerit et exinde filium procreaverit, et unus ex illis advixerit, jamdictum beneficium teneant atque possideant, nemine inquietante. Unde hoc nostrae celsitudinis preceptum fieri et memorato fideli nostro dari jussimus, per quod precipimus atque jubemus ut ab hodierna die jamdictus fidelis noster Ricbodo suprascriptum beneficium teneat, uxorque et filius ejus, dum advixerint, disponant usu quidem, ut dictum est, fructuario et jure beneficiario, omni tempore vitae suae, eo siquidem tenore ut aliquis eorum, in nostra fidelitate semper et devotione, pro eorum beneficio deserviat. Et ut haec nostrae largitionis concessio ita in omnibus conservetur atque verius credatur, annulo nostro insigniri jussimus.

Crohannus2, notarius, ad vicem Ebonis, recognovit et subscripsit.

Datum . Actum Sancto-Maximino monasterio4. In Dei nomine feliciter, amen. »


1 On ignore en quelles mains passa le fief donné par le roi Eudes à Ricbodon, mais, suivant une note de l'Inventaire du Chapitre, une partie au moins de ces terres était comprise dans les propriétés d'Henri de Saint-Yon qui, en 1360, vendit au Chapitre tout ce qu'il possédait à Jouy et à Chartainvilliers. Cette acquisition fut faite par le Chapitre de la Cathédrale, pour le Chapitre de Saint-Piat ; ce fut donc celui-ci qui s'intitula seigneur de Jouy et en exerça les droits. On aliéna plus tard une partie de ces biens, et enfin, le 30 mai 1687, le Chapitre vendit son fief, avec tous ses droits seigneuriaux, à Thomas Lenoir, qui prit le titre de seigneur de Jouy. — L'auteur du Supplément aux affiches chartraines, p. 35 (ann. 1785), pense que Gaugiacum doit être traduit par Gorget, près Saint-Prest ; mais c'est certainement là une erreur. Voir nº II.
2 Crohannus est certainement le même notaire que celui nommé Troannus par du Cange, Rohannus par D. Carpentier et Rollon par D. Mabillon. Quant à Ebo, appelé Ebolus par du Cange et Eblo par Mabillon, c'était l'abbé de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Denis.
3 L'inventaire du Chapitre fixe la date de cette charte à l'année 892, ce qui est une erreur : l'année 892 était la dixième, et non la septième de la 59e indiction ; c'est donc avec raison que D. Mabillon a daté cet acte de l'année 889, qui est la septième de l'indiction et la seconde du règne du roi Eudes, en partant de 888. On sait, en effet, que ce prince, élu roi de France à la fin de 887, fit partir le commencement de son règne, dans ses diplômes, soit de 887, soit de 888, suivant les pays dans lesquels son autorité avait été reconnue plus ou moins promptement. M. Nat. de Wailly (Elém. de paléogr., t. I, p. 293) cite un diplôme d'Eudes, daté de juin 888, la seconde année de son règne.
4 Une autre charte du même roi de la même année, publiée aussi par D. Mabillon, est datée de Paris, le 5 des ides de juillet : Eudes ne fit donc qu'un très-court séjour à Saint-Mesmin.