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« Henrici regis anno XXI, confirmatio de hiis que nobis dedit Amalricus miles. »

Fondation du prieuré par Amaury de Montfort.

  • B Arch. dép. Eure-et-Loir, H 2320 (ancienne cote : n° 4 de la liasse).
  • a Cartulaires de Saint-Thomas d'Epernon et de Notre-Dame de Maintenon, prieurés dépendant de l'abbaye de Marmoutier, éd. Auguste Moutié et Adolphe de Dion, Rambouillet, 1878.
D'après a.

Quisquis fidelium ardore succensus adimplinde preceptionis evangelice, quâ cuncti divitias habentes misericorder admonentur de mammona iniquitatis facere sibi amicos a quibus cum defecerint in eterna tabernacula recipiantur, omnium necessitatibus communicare studuevit indigentium, ut deficiens ab hujus modi amicis in mansiones excipiatur eternas ; noverit se indubitanter non solum a sui receptione non esse frustrandum, sed etiam ab omnipotenti Deo se esse inter gloriosiores beatitudinis eterne premia percepturum1. Hac igitur salubri consideratione ego AMALRICUS miles sollicitatus, necessarium duxi aliquid ex hiis que temporaliter accepi beneficientie munere conferre pauperibus in presenti, quod post tempus in eterna retributione centena merear multiplicatione recipere. Quod ut probabilius fieri possit, eorum potius disposui procurare subsidia qui sunt pauperes spiritu, quorum juxta veritatis vocem regnum dinoscitur esse celorum, qui ut Xristi servitio liberius expeditiusque vacarent, propriis abrenuntiantes facultatibus voluntariam subiere paupertatem. Igitur fratribus hiis qui, in Turonensi cenobio quod Majus Monasterium dicitur, omnipotenti Deo pro posse sub ALBERTO2 abbate famulantur, quemdam locum, majorum meorum successione michi contingintem, in Carnotensi pago situm, nomine Seincurtem, in honore Sancte Trinitatis constructum, cum omnibus sibi subjectis rebus, quas dedimus, vel quas dienceps per nos vel per alios in jus ipsius loci divina pietas transferre voluerit, voluntate et assensu auctoritatis mee conjugis nomine BERTREDIS, nec non et filiorum meorum Simonis videlicet atque Mainerii, et concedens annuo, et annuens concedo jure perpetuo possidendum, quatenus eorum qui elemosinis divine majestati placuerunt, mereamur adjungi consortio. Ut autem quantitatis sive integritatis earumdem rerum quas jam prefato loco contulimus omnis propellatur ambiguitas, earum nomina huic scripto inserere jussimus. Id est : ecclesiam de Olmetis3 cum omni integritate ; et ecclesiam de Proeis4 similiter cum omni integritate ; nec non et casam ecclesie de Hilmaretis5, et casam ecclesie de Gaserenco, et casam ecclesie de Raimboleto, et quidquid respicit ad villam cui Seincurtis6 nomen est infra flumen quod vocatur Tahu7, cum vineis, pratis, molendinis, terris cultis et incultis, servis et ancillis qui inibi commorantur et qui ad eumdem locum pertinent ; preterea unum stagnum et unum alnetum ; nec non et decimam mearum equarum et decimam recte redebitionis cujuscumque rei que de Sparrone castro exire videtur. Altare vero de Gaseranco et altare de Raimboleto cum medietate ville de Proeis post meum a seculo discessum eodem loco delegando confero jure perpetuo possidenda, annuentibus meis filiis Simone videlicet atque Mainerio. Et quidquid jam sepe dicto loco tribuo liberum ab omni consuetudine exactionis vel vicarie seu ceterorum vectigalium facio ; ita ut ab hodierna die nullus judex publicus, vel quilibet ex judiciaria potestate infra hujus loci potestatem, ad causas audiendas, vel freda exigenda, aut mansiones faciendas, aut homines ipsius loci distringendos, aut fidejussores tollendos, nec ullas redibitiones aut illicitas occasiones requirendas, nostris nec futuris temporibus ingredi audeat ; sed sine ulla vel mea vel cujusquam successorum meorum contradictione, liceat supradicte congregationi Sancti Martini Majoris Monasterii, suisque successoribus cum abbatibus qui eis pro tempore preerunt, predictum locum cum omnibus sibi subjectis rebus sub suc tuitionis defensione jure perpetuo possidere, et quidquid inde agendum decreverint potestatem habeant faciendi, ordinandi, et qualitercumque eis placuerit, meliusque visum fuerit disponendi, tam presentibus quam futuris temporibus. Et ut hec nostre elemosine testamentum, per cuncta annorum curricula vigorem perpetuitatis obtinendo ab omnibus credatur atque diligentius conservetur, HENRICUS, divina ordinante providentia rex Francorum augustus, per nostram deprecationem sua auctoritate firmavit et sue dignitatis sigillo consignare fecit, nec non et fidelibus suis quorum nomina subscripta sunt corroborandum tradidit. Si quis autem, quod absit, ex heredibus nostris vel alia quelibet cujuscumque ordinis et potestatis persona, diabolice suggestionis instinctu, huic elemosine testamento in ferre calumpniam temptaverit, et prave voluntatis effectum, justicia convictus, obtinere non valeat, et regi qui pro tempore fuerit auri libras decem coactus exolvat.

SIGNUM H. GLORIOSISSIMI REGIS8

S. Ainrici regis. S. Amalrici. S. Simonis, filii ejus. S. Mainerii, filii ejus. — S. Tetbaldi, comitis9. S. Odonis, fratris regis10. S. Galeranni, comitis11. S. Hescelini, Parisiace urbis episcopi12. S. Guazonis de Drocis13. S. Nivardi de Monteforti14. S. Hervei de Galerdone15. S. Avisgodi16. S. Gualterii de Vileta17. S. Radulfi de Vachereta18. S. Rotberti, clerici. Guiscelinus notarius ad vicem Balduini recognovit.

Data anno XXº Iº regnante Henrico gloriosissimo rege, indictione VIª Actum apud Stampas. Deo gratias. »


1 L'original de cette pièce ne se trouve pas avec les autres aux archives d'Eure-et-Loir et n'y est représentée que par un vidimus de 1323 (N° 4 de la liasse). Comme il ne se trouve pas non plus à Tours, il est à croire qu'il n'existe plus. Il était déjà en fort mauvais état lorsqu'il fut copié par Gaignères (Extraits de Marmoutier. Bibl. nat., mss. lat. 5441, t. II, f° 196). Une autre copie très-soignée se trouve dans la même bibliothèque, au folio 86 du XXV° volume de la collection Moreau. Elle y est accompagnée des calques sur papier transparent de la première ligne, du monogramme royal et de la souscription du notaire, et suivie d'une note ainsi conçue :

Cette charte d'Amauri est sur une feuille de parchemin de deux pieds de haut sur seize pouces de large. Elle est percée et déchirée en plusieurs endroits et mangée de poussière et de malpropreté ; mais l'écriture n'a pas souffert de dommages notables ; quelques lettres rongées par ci par là sont tout l'échec qu'elle a reçu. L'encre est claire et brune, l'écriture fort régulière. Les lignes horizontales qui lui servent de règle et d'appui sont tracées avec la pointe de quelqu'instrument coupant. Toutes les signatures sont de la même main ; elles sont placées aux deux extrémités et sont rangées sur deux colonnes dont la première contient onze noms et la seconde quatre. L'espace intermédiaire est rempli par le signum et le monogramme d'Henri I. Immédiatement au-dessous est la vérification du notaire ; ensuite vient la date qui occupe la dernière ligne. Elle est écrite en caractères allongés, mais moins hauts d'un demi-pouce que les précédents. Cette pièce était munie d'un sceau en placard, mais il n'en reste plus d'autre vestige que l'incision cruciale environnée d'une couleur brune ; il était placé entre la vérification et la souscription du notaire faite en forme de ruche.

Cette première note est suivie d'une seconde d'une autre écriture et signée par Dom Liéble, bénédictin, qui mourut à Paris en 1813.

Cette charte, dit-il, très-curieuse à tous égards, est datée d'Étampes de la 21° année du roi Henri, indiction VI. Cette date convient à l'année 1052. L'indiction n'est pas exacte, c'était en 1052 l'indiction V.

Gaignères indique la même disposition des signatures et figure le monogramme royal dont le fac-simile se trouve également dans le vidimus de 1323. Ces trois copies concordantes ne laissent aucune difficulté de lecture. Henri I étant monté sur le trône le 20 juillet 1031, sa vingt et unième année commence le 20 juillet 1051 pour finir à la même date en 1052 ; d'autre part, l'indiction VI convient à l'année 1053. Faute de savoir laquelle de ces indictions est à corriger, la date de cette charte flotte entre le 11 avril 1052 et le 20 juillet 1053, ce qui n'a pas grande importance. Toutes les personnes nommées vivaient à cette époque, sauf une dont la présence parmi les témoins offre une sérieuse difficulté. Hescelin était évêque de Paris sous le roi Robert, c'était Imbert de Vergy qui occupa ce siége pendant toute la durée du règne de Henri I. Il faut donc constater ici une erreur évidente et assez singulière qui jette du doute sur l'authenticité de cette pièce qui n'a été suspectée ni par D. Martène, ni par Gaignères, ni par D. Lièble. Peut-être au lieu d'un original n'était-ce qu'une copie faite avec soin dès le onzième siècle, et dans laquelle le nom de l'évêque effacé ou représenté par la première lettre aura été mal interprété. (A. D.)

Le numéro 35 de la liasse est une charte d'Harduin Desredatus, cuisinier du comte Étienne, qui partant pour Jérusalem, donne en 1095 à Bernard, abbé de Marmoutier, des biens apud castrum Sparnaicum. Malgré la mention De Sparnone ajoutée postérieurement au dos de cette pièce, ce n'est que par erreur qu'elle se trouve parmi les chartes d'Epernon, et elle concerne indubitablement Epernay dont le comte Etienne était alors seigneur. En 1092, dans un acte pour le prieuré de Villeberfol publié par M. Mabile (Cartul. de Marmoutier pour le Dunois, n° 145), un Harduinus de Sparnone figure parmi les moines. Dans le même Recueil, nous trouvons un Odo Dereatus et Desderatus en 1083, 1095, 1119, vassal du prieuré de Nottonville.

2 Ce préambule se retrouve mot à mot dans une charte accordée à Marmoutier, par Guillaume le Conquérant.
3 L'abbé Albert était d'une puissante famille de la Beauce. D'abord chanoine de Chartres, il avait espéré, en 1028, devenir évêque de cette ville ; mais son concurrent Thierry l'ayant emporté, il renonça à son canonicat et se retira à Marmoutier. Devenu abbé en 1033, il gouverna pendant trente ans cette immense congrégation qu'il augmenta encore par la fondation de nombreux prieurés.
4 Ormoy, canton de Nogent-le-Roi. Les pouillés du diocèse de Chartres indiquent que cette cure était à la collation du prieur d'Epernon. Il disposait également de celles de Rambouillet, de Gazeran, de Hanches, d'Hermeray, de Huesmes, maintenant Villiers-le-Morhiers, et de Curet, maintenant Grandchamp. (A. D.)
5 Prouais, commune du canton de Nogent-le-Roi.
6 Hermeray, commune du canton de Rambouillet, contiguë à celle d'Epernon.
7 La terre et la maison de Seincourt avec l'église, un moulin, un étang, etc., ne peut être que l'enclos du prieuré dont le nom remplaça bientôt l'ancienne dénomination (A. D.)
8 Une carte du dix-huitième siècle, aux archives d'Eure-et-Loir, donne le nom de Tallu au ruisseau qui passe à Hermeray.
9 Cette formule était en lettres grêles de 0m05 de hauteur ; la lettre H remplace le monogramme HENRICUS. Deux colonnes, l'une de onze noms, l'autre de quatre, étaient placées sur les côtés ; la seconde, qui doit être mise en tête comme contenant les noms les plus importants, commençait deux lignes plus haut que l'autre. Au bas du monogramme était la signature du notaire, en lettres grêles de 0m04, avec les traces d'un sceau plaqué ; la dernière ligne était occupée par la date.
10 Thibaut, comte de Chartres, de 1037 à 1080.
11 Eudes, frère du roi, mort sans postérité vers 1054.
12 Galeran, comte de Meulan, de 1032 à 1069.
13 Hescelin fut évêque de Paris, de 1016 à 1019. Son nom doit figurer ici par erreur. Pendant tout le règne d'Henri I, ce siége fut occupé par Imbert de Vergy, de 1030 à 1060.
14 Gaston de Dreux, chef de la famille des seigneurs de Châteauneuf-en-Thimerais.
15 Nivard de Montfort fut probablement le grand-père de Nivard, seigneur de Septeuil, en 1098 et 1123.
16 Hervé de Gallardon était fils d'Albert ou Herbert, seigneur de Gallardon au milieu du onzième siècle, et de Rotrude, que l'on a tout lieu de croire fille de Geoffroy, vicomte de Châteaudun, qui construisit le château de Gallardon, vers 1020.
17 Probablement Avesgaud, père de Germond et grand-père de Mainier qui fonda, vers 1100, le prieuré de Maintenon. Les seigneurs de Maintenon possédaient des fiefs dans les châtellenies de Montfort et d'Epernon.
18 Plusieurs localités d'Eure-et-Loir portent le nom de Vilette.
19 Vacheresses-les-Hautes, commune de Mittainville, canton de Rambouillet, était un fief de la châtellenie d'Epernon ; Vacheresses-les-Basses, sur la rive gauche de l'Eure et à trois lieues de là, est une commune du canton de Nogent-le-Roi (Eure-et-Loir).