École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » II. — Actes concernant des établissements religieux unis plus tard à Saint-Martin » Palais d'Orléans, 11 novembre 1006

Le roi Robert II confirme la donation faite par Ansoud Le Riche de Paris et sa femme Reitrude aux chanoines de St-Denis de la Châtre, de sept manses et demi à Fourches, en Parisis, du consentement de Renaud, comte de Melun, évêque de Paris6.

  • A Original scellé. Arch. nat. K 18, nº 8.
  • B Copie du xvie s., Arch. nat. LL 1353, Cartulaire C de St-Martin-des-Champs, fol. 17.
  • a Marrier, Monasterii regalis Sancti Martini de Campis Parisiensis, ordinis Cluniacensis, historia, Paris 1637, in-4º, pp. 314-315, d'après A, « cujus sigillum nimia vetustate collapsum est. »
  • b Gérard du Bois, Hist. eccl. Paris., t. II, p. 45.
  • c Tardif, Monuments historiques, Cartons des Rois, nº 254, pp. 160-161 (incomplet).
  • d Robert de Lasteyrie, Cartulaire général de Paris, t. I, p. 110, nº 80.
  • e Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
  • Pfister, Etudes sur le roi Robert-le-Pieux, pp. lxx-lxxiv et nº 47.
D'après e.

In nomine sancte et individue Trinitatis : Rotbertus, divina propitiante clementia, rex. Si fidelium nostrorum justas benigne petitiones suscipimus, easque ad pium effectum prosperando perducimus, hoc sine dubio agimus unde communis utilitas profectum suscipiat, regiaque celsitudo firma et stabilis atque gloriosa omnimodis ubique consistat. Cunctorum igitur sancte Dei Ecclesie fidelium, tam presentium quam etiam futurorum, nostrorum quoque industria successorum noverit quoniam, adiens nostre serenitatis genua, quidam nostrorum militum, nomine Ansoldus, et uxor sua Reitrudis, sumissa prece petiit quatinus Sancti Dionisii de Parisiaco Carcere canonicis, inibi Deo famulantibus, assensu Rainoldi Milidunensis pagi comitis et Parisiacae sedis episcopi, septem mansos et dimidium qui sunt in comitatu Parisiaco, in villa que dicitur Furcas7, sub autoritate praecepti perpetualiter concederemus. Placuit nostre Excellentie his annuere precibus : et sicut ipse poposcit, de septem mansis et dimidio predictis Sancti Dionisii canonicis regale preceptum statuimus habendum. Ipsos autem VII. mansos et dimidium, cum mancipiis et universis eorum appendiciis, per succedentia tempora, Domino adjuvante, sine aliqua diminutione vel abstractione, teneant ac absolute secure possideant, nemine inquietante. Si quis autem, quod minime venturum esse credimus, contra istius precepti auctoritatem presumptive temptaverit insurgere, ipse et petitio ejus adnullata coram regia majestate maneat et, coactus judiciaria potestate, auri xx libras componat, et quod repetit nullo modo vindicari valeat, sed presens precepti auctoritas firma æternaliter subsistat. Et ut hec nostre auctoritatis concessio firma et stabilis perpetualiter maneat, manu propria subterfirmavimus et sigilli nostri impressione insigniri delegavimus. 1

Francocancellarius palatii subscripsit.

Actum palatio Aurelianis .


6 Ansoud Le Riche de Paris fut un des quatre signataires habituels des premiers diplômes émanés de Robert II, fils de Hugues Capet, avec les comtes Bouchard de Corbeil et Hugues de Dreux et le vicomte Hugues de Meulan (Robert de Lasteyrie, Cartul. gén. de Paris, t. I, pp. 97, 101, 112 ; cf. Longnon, Recherches sur une famille noble dite de Paris, Bull. de la Soc. de l'Hist. de Paris, sept.-oct. 1879, p. 132). On le rencontre de 995 à 1006.

Nous le considérons comme fils d'un autre Ansoud, que les Gestes des évêques d'Auxerre disent avoir été mari de Raingarde et père de Jean, titulaire de ce siège de 994 au 21 janvier 998. II y succédait à Herbert, enfant naturel du duc Hugues et de sa maîtresse Raingarde, qu'il semble difficile de ne pas identifier avec la femme du premier Ansoud. Herbert fut évêque d'Auxerre de 968 au 13 août 994. Jean, son successeur, fut un disciple de Gerbert (Bouquet, Rec. des Hist. de France, X, 170), donc un condisciple du roi Robert, fils de Hugues Capet, et de Lierri, archevêque de Sens (Coll. Baluze, t. 45, p. 149, d'après la Chronique de Jean de Saint-Victor), qui siégea de l'an 1000 au 26 juin 1032.

Auguste Longnon fut bien inspiré en identifiant Ansoud Le Riche de Paris avec le mari de Reitrude, donateur de Fourches et de Limoges-en-Brie à la collégiale de St-Denis de la Châtre. En effet, dès juin 990, une charte de Cluny, datée de Vitry-en-Mâconnais, tout près du monastère, constate la vente au prêtre Gerbaud d'un champ dans cette localité par « Ansalt et uxor sua Rotrudis qui vendicione ista fierint et firmare rogaverunt » (Bruel, Chartes de Cluny, t. III, p. 70). Le couple Ansoud-Reitrude était formé dès 990, dès lors l'identification proposée acquiert une extrême vraisemblance.

Ansoud Le Riche, tige de la maison de Maule, déclare dans une charte qu'il a pour ancêtres Ansoud et Guérin, bienfaiteurs, comme lui, de l'abbaye de St-Evroult d'Ouche (Orderic Vital, éd. Le Prévost, t. II, p, 451). Le premier peut être le mari de Reitrude et le second, Guérin qualifié « baron " dans un diplôme du roi Robert, et dans un autre du même roi en 1022 " Guarinus miles Parisiensis » (Bouquet, Rec. des Hist. de France, X, 607) ; il vivait en 1031, avec sa femme Hersende, qui lui apporta le domaine d'Antony (Poupardin, Recueil des chartes de St-Germain-des-Prés, t. I, pp. 78-80).

7 Fourches, commune de Limoges-Fourches, ca. Brie-Comte-Robert, ar. Melun.
8 Le diplôme étant daté d'Orléans, une des villes du duché de France, on a pu compter les années de Robert le Pieux à partir de son sacre dans cette ville le 1er janvier 988. Dès lors l'année 19 du règne répond exactement à 1006. Précisément Robert II était à Orléans le 14 décembre de cette année ; rien n'est plus naturel que de supposer qu'il s'y trouvait déjà le 11 novembre. M. Pfister et, après lui, M. de Lasteyrie ont préféré la date du 11 novembre 1014, en prenant pour point de départ le jour du décès de Hugues Capet. Leur interprétation est très défendable, car on n'a point de précisions sur l'itinéraire du roi Robert à l'automne de 1014. Il se trouvait à Dijon le 25 janvier 1015 : s'y serait-il rendu en plein hiver, ou n'aurait-il pas fait un séjour en Bourgogne depuis les vendanges ?

1 (Monogramme royal).