École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » 1102

Hugues II du Puiset confirme l'accord conclu entre Marmoutier et St-Martin-des-Champs, relatif à la terre d'Oustreville et au cimetière du Puiset ; il maintient à St-Martin la jouissance d'un marché sur dix au Puiset, concédée aux moines par Ebrard III ; il fixe les dates et réserve les droits sur les transactions faites par ses bourgeois. Mesures sévères prises contre les déserteurs et réglementation du droit de gîte militaire.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1118, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 25, nº 56.
  • a (partiellement) Ad. de Dion, Le Puiset au XIe et au XIIe siècle, p. 45.
  • b Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après b.

Notum sit tam presentibus quam futuris quod ego [Hugo]a de Puteacio pro anima patrismei domni Hugonis247 et Ebrardi158 fratris mei et mea, causa etiam auferende discordie que inter monachos Majoris Monasterii et monachos Sti Martini de Campis diu extiterat, de parrochia Puteacensi, assensu fratrum meorum Walebanni et Rodulfi254, concedo monachis Sti Martini de Campis decimum mercatum de Puteacio, sicut antea donaverat frater meus Ebrardus, scilicet mercatum , et , et , et episcopi, et  ; ita etiam ut liceat monachis commendare mercatum cui voluerint, ut absque aliqua reclamatione in perpetuum ita possideant. Concedo etiam quod si aliquis de beneficiis vel casamentis meis aliquid eis dedit, vel vendidit, absque alia redemptione ex nostra parte, jure perpetuo teneant.

Addo etiam quod liceat eis edificare burgum in terra nostra quam donavit eis Gilduinus filius Raimbaldi255, et consuetudines ejusdem burgi ita absolute eis concedo, ut sicut habeo burgum meum, et burgenses meos quietos, ita habeant suos. Excepto quod in dominio meo retinui, quod si aliquis meus burgensis in burgo eorum emerit vel vendiderit, theloneum ab illo habebo ; et si burgensis eorum de burgensibus meis, vel in mercato, vel extra mercatum, emerit vel vendiderit, similiter theloneum ab illo habebo. A quocunque autem burgensis eorum in mercato, in die mercati, emerit vel vendiderit, similiter ab illo habebo.

Quod si extraneus aliquis, habens annonam in terra monachorum, et in die mercati, testimonium in mercato portaverit et vendiderit, habebo sextariacum. Si vero burgensis meus, causa diffugii256 in terra eorum panem vel vinum aut carnem comportaverit, dicet serviens meus monachis vel servienti eorum ut auferat de terra sua necessaria illa. Si autem libere accipiet serviens meus, vel si forte acciderit quod servus meus in terra mea non inveniat eumdem panem, vel vinum aut carnem, et in terra eorum invenerit, dabit vadimonium quod eque valeat, et si necesse fuerit, expectabit usque ad duodecim dies ; ex illo autem non respondebit ei de vadimonio suo.

Quod si forte, aliqua necessitate, congregavero multitudinem militum, qui in terra mea non possint habere hospicia, licencia monachorum vel servientis eorum, accipient competenter in terra eorum hospitia.

De terra etiam Australisville253b quam dederunt eis monachi Majoris monasterii promitto me eis advocatum et defensorem fore, adversus omnes calumpniatores, sicut ante fui, vel futurus eram monachis de Puteacio. Quam terram concessit eis Rainaldus Chanardus, de cujus beneficio erat, sicut antea concesserat monachis Puteacensibus, et filius ejus Haimericus ; ita tamen ut, omni anno, pro ea habiturus sit censum trium solidorum , nec umquam pro eo de terra illa, aliquam justiciam facient, nisi tantum si censum non reddiderint, termino constituto. Si vero non reddiderint, lege competenti emendabunt, ac terram in perpetuum possidebunt. Condiximus et concessimus, sicut inter monachos conventio fuit, quod licebit parrochianis Puteacensibus, si voluerint, deferri corpora eorum ad sepeliendum, in æcclesiam de Hienvilla, et si quid pro animabus suis dederint, ejusdem æcclesiæ erit. Servis vero Regis nunquam licebit sepeliri, nisi ad æcclesiam de Hienvilla6.

Hujus doni vel concessionis testes affuerunt hi quorum nomina subnotavimus ; Rainaldus Chanardus, Haimericus ejus filius41 ; Albertus dapifer ; Hugo prepositus, Rodulfus frater ejus ; Guntardus de Charmoto ; Warinus Brito ; Rodulfus Bechan, Wiboldus, Christianus frater Gilduini Pictavinus, Albertus Foardus, Girogius camerarius, Landricus panetarius, Hugo cocus ; Stephanus-serviens ; Fulcherius frater Isembardi ; Frogerius, Gaufridus filius Gaufridi camerarii ; Walterus Raimbaldi : Rainaldus Dos ; Giraldus Clavellus ; Walterius Amissus ; Willelmus Brito.


a Le nom Hugo est resté en blanc dans B. Mais il ne peut y avoir de doute sur l'attribution de cet acte. confirmatif à Hugues II qui administra la châtellenie du Puiset et la vicomté de Chartres après la mort prématurée de son frère aîné Ebrard III ;

247 Hugues Ier, dit Blavons, seigneur de Puiset, fils cadet d'Ebrard Ier (mort le 17 février vers 1066) puis vicomte de Chartres après son frère, Ebrard II, devenu moine de Marmoutier en 1073, mourut le 23 décembre 1094. L'origine de ce différend provient des variations de ce châtelain. Par un diplôme donné entre le 4 août 1074 et le 3 août 1075, Philippe Ier confirma la dotation d'une collégiale que « Hugo miles de Puteolo « instituait daus l'église castrale du Puiset (Copie du xie s., Arch. du Loiret ; copie de D. Estiennot, ms. fr. 12739, p. 575 ; Prou, Actes de Philippe Ier, p. 181, nº 71). Plus de dix ans s'étant écoulés, Hugues s'adressait à Bernard abbé de Marmoutier (élu après le décès de Barthélemi, 23 février 1084, il survécut à Hugues environ quatre ans, jusqu'au 7 avril 1100). Il lui demandait des religieux pour remplacer les chanoines qui avaient cessé de plaire. Une notice de Marmoutier s'exprime ainsi :

« Notum sit omnibus t, f. q. p. quod Hugo, Puteoli dominus, Ebrardi monachi frater, Bto Martini Majoris Monasterii ecclesiam Puteolo constructam in honore beati Martini, et ecclesiam Bti Victurii Blesensis et ea que obtinere videntur monachi nostri apud locum Ville Pelrose (Villepreux) dictum, pro suo, suorumque salute, contulit. Hujusmodi autem donum, atque illud Nantulivillæ (Nantonville) donum quod domnus Ebrardus tribuit, Adelesis conjux supradicti Hugonis, filiusque ejus Ebrardus primogenitus, et Wido et Hugolinus e licentia domni Bernardi abbatis, apud Puteolum autorizaverunt, tempore illo quo domnum Hugonem infirmitate detentum visitavit. « Copie de xviiie s., ms. lat. 54411 (Gaignières), fol. 222.

158 Simon Sans-Avoir, neveu de Gautier de Poissy, et frère du célèbre croisé Gautier-Sans-Avoir, avec lequel il partit, dans l'armée de Pierre l'Hermite, en mars 1096, pour Constantinople. (Hagenmeyer, Le vrai et le faux sur Pierre l'Hermite, trad. Furcy-Raynaud, p. 154). D'autre part, les limites du gouvernement d'Ebrard III châtelain du Puiset, ont été fixées par Adolphe de Dion du 23 décembre 1094 au 21 août 1097 (Les Seigneurs du Puiset aux XIeet XIIesiècles, 1886, pp. 14-19 ; extr. des Mémoires de la Société archéologique d'Eure-et-Loir).
254 Le comte Adolphe de Dion a identifié ainsi les divers enfants de Hugues Blavons cités dans cet acte, tous frères cadets du châtelain Ebrard III : Hugues II, châtelain du Puiset et vicomte de Chartres, comme tuteur de son neveu (1097-1106), puis comte de Jaffa, mort en Orient après 1110. — Gui, chanoine de Chartres en 1100, rentra dans le siècle pour épouser la fille de Marc, vicomte d'Etampes. Il administrait cette vicomté dès 1104, comme tuteur de son beau-frère Hervé, qui en fut titulaire de 1106 à 1108. Gui du Puiset reprit la tutelle de son neveu Hugues III et la garda jusqu'en 1109. Il est la tige de la branche de Meréville. — Galeran, seigneur de Villepreux, mort en Palestine en. 1124. — Raoul n'est connu que par cette mention et une autre de 1110. — Un autre frère d'Ebrard III, Geudoin, était à cette époque religieux à Saint-Martin-des-Champs.
255 Cette donation ne nous est pas parvenue. Geudoin, fils de Raimbaud cité en 1106, eut vraisemblablement pour père Raimbaud de Chaunay, cité en 1081 ; cette famille doit se rattacher par alliance à Geudoin vicomte de Chartres, tige de la maison du Puiset, c'est ce qui explique qu'elle ait joui au Puiset de droits seigneuriaux.
256 Lorsqu'un seigneur faisait une levée militaire en prévision d'une campagne, souvent certains de ses sujets, pour y échapper, s'enfuyaient sur la terre des moines, qui n'imposaient à leurs hôtes ni conscription, ni réquisitions de guerre. De là le vieux proverbe : Il fait bon vivre sous la crosse.
253 Oustreville, éc. Angerville, ca. Méréville, ar. Étampes, situé avant le Puiset, sur la route de Paris à Orléans.
b En marge : Orsonville, erreur relevée par M. de Dion (Le Puiset, p. 45).

6 Ansoud Le Riche de Paris fut un des quatre signataires habituels des premiers diplômes émanés de Robert II, fils de Hugues Capet, avec les comtes Bouchard de Corbeil et Hugues de Dreux et le vicomte Hugues de Meulan (Robert de Lasteyrie, Cartul. gén. de Paris, t. I, pp. 97, 101, 112 ; cf. Longnon, Recherches sur une famille noble dite de Paris, Bull. de la Soc. de l'Hist. de Paris, sept.-oct. 1879, p. 132). On le rencontre de 995 à 1006.

Nous le considérons comme fils d'un autre Ansoud, que les Gestes des évêques d'Auxerre disent avoir été mari de Raingarde et père de Jean, titulaire de ce siège de 994 au 21 janvier 998. II y succédait à Herbert, enfant naturel du duc Hugues et de sa maîtresse Raingarde, qu'il semble difficile de ne pas identifier avec la femme du premier Ansoud. Herbert fut évêque d'Auxerre de 968 au 13 août 994. Jean, son successeur, fut un disciple de Gerbert (Bouquet, Rec. des Hist. de France, X, 170), donc un condisciple du roi Robert, fils de Hugues Capet, et de Lierri, archevêque de Sens (Coll. Baluze, t. 45, p. 149, d'après la Chronique de Jean de Saint-Victor), qui siégea de l'an 1000 au 26 juin 1032.

Auguste Longnon fut bien inspiré en identifiant Ansoud Le Riche de Paris avec le mari de Reitrude, donateur de Fourches et de Limoges-en-Brie à la collégiale de St-Denis de la Châtre. En effet, dès juin 990, une charte de Cluny, datée de Vitry-en-Mâconnais, tout près du monastère, constate la vente au prêtre Gerbaud d'un champ dans cette localité par « Ansalt et uxor sua Rotrudis qui vendicione ista fierint et firmare rogaverunt » (Bruel, Chartes de Cluny, t. III, p. 70). Le couple Ansoud-Reitrude était formé dès 990, dès lors l'identification proposée acquiert une extrême vraisemblance.

Ansoud Le Riche, tige de la maison de Maule, déclare dans une charte qu'il a pour ancêtres Ansoud et Guérin, bienfaiteurs, comme lui, de l'abbaye de St-Evroult d'Ouche (Orderic Vital, éd. Le Prévost, t. II, p, 451). Le premier peut être le mari de Reitrude et le second, Guérin qualifié « baron " dans un diplôme du roi Robert, et dans un autre du même roi en 1022 " Guarinus miles Parisiensis » (Bouquet, Rec. des Hist. de France, X, 607) ; il vivait en 1031, avec sa femme Hersende, qui lui apporta le domaine d'Antony (Poupardin, Recueil des chartes de St-Germain-des-Prés, t. I, pp. 78-80).

41 Levesville-la-Chenard, ca. Janville, ar. Chartres. Cette paroisse a pris son nom des Chenard (Chanardus, Canardus), que nous rencontrons plus d'une fois dans le Liber Testamentorum : Aimeri fils de Renaud etc.