École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » 1080 — octobre 1100

En présence du comte de Mortagne et de nombreux seigneurs, Nantier de Montjay affranchit les fils de Rainard d'Annet, résidant sur les terres de St-Martin, du droit de protection qu'il avait sur leur père, et qui lui eût permis de revendiquer la moitié de sa succession.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1118, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 31, nº 66.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.

Notum fieri volumus modernis et subsequentibus quia domnus Nanterus de Montegaio241 filios Rainardi de Aneto13, Odonem scilicet et Radulfum, a commendatione quam in patre eorum habuisse videbatur, causa Dei et Sancti Martini de Campis, cujus superterranei sunt, liberos dimisit. Sed quia, patre defuncto, bonorum illius dimidium, pro commendatione exigebata, dimissio facta est in Bti Martini curia coram prioris, domni scilicet Ursionis, presencia.

Hujus facti testes habentur hi quorum nomina subscribuntur : Arnuflus frater Nanterii, Paganus cognomine241 ; Paganus,Stephani filius154, Paganus de Guarlanda151 ; Paganus de Thorota, Waszo frater ejus69 ; Gaufredus comes de Mauritania242 ; Osmundus de Punteio243 ; Adelelmus majorb, Walterius, Milo, Albertus, Rotbertus, Walterius de Laniaco280, Arnulfus, Odo, alter Odo, Achardus, Rainardus, Walterius frater ejus.


13 Annet-sur-Marne, ca. Claye-Souilly, ar. Meaux (Seine-et-Marne).
a Ce prélèvement semble de prime abord exorbitant. Mais il ne faut pas perdre de vue l'insécurité des temps causée par les guerres féodales (cf nº47). La commendatio onéreuse en cas de décès, constituait, durant la vie, une assurance contre le pillage des récoltes et la destruction des immeubles, et elle était efficace : les atteintes à cette sauvegarde étaient poursuivies par celui qui l'avait accordée, et les victimes indemnisées. On en relève des preuves, pour lcs environs de Paris, dans le Cartulaire de St-Martin de Pontoise, pp. 345 (Bouafle) et 347 (Chaussy).
154 Etienne était prévôt de Paris en 1067 (nº12supra ; Cf. note 268) et peut être encore vers 1083 (nº24) : à ce moment son fils Robert, assistant à la donation de Foulques d'Annet, est qualifié filius prefecti. Robertus, filius Stephani prepositi Parisiensis, intervient dans l'accord entre St-Martin et le seigneur de Neuilly-sur-Marne (nº63). Ici il est accompagné de son frère Payen et de son neuveu Jean. Payen, fils d'Étienne, est témoin pour Raoul Deliés en 1092-1093 (nº53). C'est peut-être le même que Galon, frère de Robert, nommé avec lui et Henri, fils de Robert, en 1096 comme témoin de la donation de Montmartre (nº72). Robert de Paris, simple gentilhomme et nullement comte comme certains l'ont cru par méprise, se croisa et périt à la bataille de Dorylée (Riant, Note sur Robert de Paris, chevalier croisé. Bulletin de la Soc. de l'Hist de Paris, sept. 1879, 6e année, 5e livr., p. 130). On ne voit pas bien où se trouvaient ses domaines. Peut-être possédait-il Ivry-sur-Seine ; nous rencontrons plus loin Henri d'Ivry, gendre de Payen Hérisson de Neuilly qui prit Robert pour arbitre (nº63). S'il s'identifie avec Henri, fils de Robert, il faut lui donner pour frère Ansoud, Ansoldus filius Rotberti de Ivri, témoin en 1096-1097 (nº78). — Cf. Appendices au Cartulaire de St-Martin de Pontoise, p. 270.
151 Cette notice, d'une importance capitale pour l'histoire de la maison de Garlande, surtout en la rapprochant du nº60, précise l'existence de deux frères homonymes, du nom de Gilbert, dont l'un, le futur grand-bouteiller de Louis VI, portait le surnom de Payen. Etienne, clerc, n'est autre que le futur chancelier de Louis VI, archidiacre de Paris. Anseau devint grand chambrier sous le même règne. Guillaume est l'ancêtre de la maison de Livry. Payen, Anseau et Guillaume assistèrent à la donation d'Aubert de Moussy (nº59). — Nous avons dû nous en référer aux limites 1079-1er mai 1095, fournies par l'entrée des Clunisiens à St-Martin et par le décès de l'évêque Geofroi. Mais la donation se rapproche beaucoup de cette dernière date.
69 Thourotte (ca. Ribecourt, ar. Compiègne), importante châtellenie, a donné son nom à une famille féodale dont la généalogie est à peine esquissée par le P. Anselme (t. II, p. 149). Gasce et Payen appartiennent à la branche localisée dans le Pinserais et dont les membres sont cités souvent dans les chartes des monastères d'Abbecourt et de Saint-Germain-en-Laye ; ils étaient frères (nº89 infrà). Le second épousa Juliane (nº50).
242 Geofroi I, comte de Mortagne, successeur en 1079 de son père Rotrou I, était frère de Hugues Chapel, vicomte de Châteaudun dès 1080. Tous deux soutinrent une guerre locale contre leur cousin Robert, comte d'Alençon, en 1087. Geofroi I mourut en octobre 1100 (Art de vérifier les Dates, II, 879-880). Cette date funèbre sert de terminus ad quem à la présente notice, qui toutefois se place vraisemblablement vers 1090.
243 Poncy, éc. Poissy, ar. Versailles. Cette terre appartenait à la maison des Gasce de Poissy. Robert surnommé dans Orderic Vital Eloquens, fils de Gasce I, eut pour fils Osmond I de Chaumont-en-Vexin et Gasce II de Poissy. Dans la famille des Simon de Poissy, apparentée aux Gasce, on trouve, sous Louis VII, le nom d'Osmond donné à des enfants destinés à l'Église. (Appendices au Cartulaire de St-Martin de Pontoise, p. 431).
b C'est le maire rural d'Annet-sur-Marne, Aleaume, témoin fréquent de notices précédentes.
280 Lagny-sur-Marne, ar. Meaux (Seine-et-Marne). — Chelles, ca. Lagny. — Villeflix, éc. Noisy-le-Grand, ca. Le Raincy, ar. Pontoise (S.-et-O.)