École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » Paris, 1er janvier ou 28 mars — 3 août 1098

Guillaume, évêque de Paris, confirme à St-Martin les autels de Châtenay, Clamart, Conflans-sur-Marne, Drancy, Louvres, Montmartre, Pantin, sous réserve des droits de juridiction, de synode et de visite

  • A Original en forme de chirographe. Arch. nat. S 1337, nº 49 ou Arch. nat., K 20, nº 618.
  • B Copie de 1118, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 37, nº 79.
  • C Copie de 1129, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 86.
  • D Copie du xiie siècle, Liber Testamentorum, fol. 54, nº 118.
  • E Copie de 1209, Arch. nat., LL 1351, fol. 37.
  • F Copie du xvie siècle, Arch. nat., LL 1352, fol. 27.
  • G Copie du xvie s., Arch. nat., LL 1353, fol. 37.
  • a Marrier, Monasterii S. Martini... historia, p. 477.
  • b Robert de Lasteyrie, Cartulaire général de Paris, fol. 37, nº 79.
  • c Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après c.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Amen. Sanctorum Canonum auctoritate didicimus, et priorum Patrum institucionibus edocti sumus nos de possessionibus nostris impertiri debere cunctis Deo servientibus. Igitur aprobate consuetudinis est in Aeclesia omnia cum fratribus semper habere communia. In hoc enim maxime caritas comprobatur, per quam Dei misericordiam conparatur, si caritatis fructus Dei fidelibus fideliter exibeatur. Probatio enim delectionis, exibitio est operis ; quod per ipsius Veritatis testimonium satis evidenter sanctum nobis intimat Evangeliuma. « Qui habet, inquit, mandata mea et servat ea, ipse est qui diligit me ». Ergo qui caritatem habet, operibus eam magnificare debet.

Ego itaque Willelmus, Parisiensis episcopus, notum volo fieri, non minus futurisb quam presentibus, quod monachi Sti Martini Parisii de Campis nostram adierunt presentiam, cum quibusdam nobis familiaribus ; qui, supplicando nobis, multiplicatis pecierunt intercessionibus, quatinus, ad sustentacionem fratrum, altaria que subscripta sunt, in diocesi nostra sita, monasterio Sti Martini de Campis in perpetuum habenda concederemus, videlicet : altare Montismartirum180, et altare ville que dicitur Pentinum26 ; altare eciam ville quam vocamus Derenciacum153 et altare ville que dicitur Castanetum206 et duas partes altaris [ville]c que dicitur Luveris207 ; duas partes etiam altaris ville que dicitur Confluentium208 ; altare quoque ville que vocatur Clamart30. Quorum postulationem exaudiri debere decrevimus, tam pietatis affectu quam supradictis auctoritatibus.

Adibito igitur assensu et consilio archidiaconorum nostrorum, videlicet Wilgrini et Stephani et Rainaldi, et cleri nostri tocius, supradicta altaria monasterio Sti Martini de Campis omni tempore possidenda concessimus. Retinuimus tamen ecclesie nostre ipsorum altariorum debitam obedientiam, et sinodum, et circadam.

Quod ne prolixitate temporis valeat aboleri, placuit nobis scripto memorie commendari ; signa quoque nostra subscripsimus, manibus tangendo firmavimus, ne, qua violentia, corrupi possit nostris successoribus.

S. Willelmi episcopi. S. Fulconis decani. S. Gualeranni precentoris. S. Vulgrini archidiaconi. S. Stephani archidiaconi. S. Rainaldi archidiaconi. S. Goderanni sacerdotis. S. Rotberti sacerdotis. S. Anscherii levite. S. Pontii levite. S. Henrici levite. S. Hugonis subdiaconi. S. Lisiardi acoliti. S. Godefridi acoliti. S. Petri acoliti.

Actum Parisius in capitulo Ste Marie , Willelmo episcopo , concurrente iii. Ego Ricardus cancellarius scripsi.

Isti sunt laici testes qui presentes fuere quando ista carta firmata est in capitulo Ste Marie : Hugo Bardolis209, Radulfus sexcalcus210, Udo de Sancto Clodoaldo224, Olricus falconaris, Willelmus nepos Hugonis, Germundus, Euvardus, Ascelinus, Godefridus Doret, Warinus, Teon, Herleboldus.


a Evangelium intimat B.
b non futuris minus B.
180 Cette expression ne saurait laisser aucun doute sur l'origine, quelquefois contestée, du nom de Montmartre. Le sanctuaire du Martyrium était évidemment distinct de l'église paroissiale de ce quartier, puisque l'office ne s'y célébrait qu'irrégulièrement. Cela se conçoit, car le sarcophage du Martyrium, s'il a renfermé, comme on peut le croire, les ossements des premiers apôtres de Paris, transportés à Saint-Denis par Dagobert, n'était plus qu'un cénotaphe. Il y a tout lieu de reconnaître dans ce sanctuaire l'oratoire bâti vers 475, à l'inspiration de sainte Geneviève, par le prêtre Genies, sur la sépulture des martyrs, et dont l'emplacement n'a jamais été bien déterminé (Voir à ce sujet la discussion de Toussaint Du Plessis, Annales de Paris, p. 23, 39). Le témoignage concordant des hagiographes de saint Denis et de sainte Geneviève est donc pleinement confirmé. M. Auguste Longnon en avait déjà pris très brillamment la défense contre Julien Havet (Centenaire des Antiquaires de France, Recueil de Mémoires, 1904, p. 251). D. Marrier (Monasterii Sti Martini... historia, pp. 321 et suiv.) relate le procès-verbal de la découverte, à laquelle il assista le 3 juillet 1611, d'une catacombe chrétienne où on accédait par un escalier de 50 marches. Une planche de Jaspar Isaac représente la galerie de cette profonde crypte située sous l'église des religieuses. La chapelle des saints Martyrs s'élevait au bas de la clôture du monastère, sur la pente de la colline monmartroise, à l'opposite de Paris.
26 Pantin, ar. St-Denis (Seine).
153 Drancy, ca. Noisy-le-Sec, ar. St-Denis (Seine). — L'église de Drancy (Ecclesia de Renzegio) est comprise dans la bulle confirmative d'Urbain II en 1096 (nº75), et dans la charte de l'évêque Guillaume de Paris en 1098 (nº 82).
206 En marge de B : Chastenay. Châtenay-en-France, ca. Ecouen, ar. Pontoise.
c ville est omis sur les originaux.
207 En marge de B : Louvres (ca. Luzarches, ar. Pontoise).
208 En marge de B : Conflant. Conflans-l'Archevêque, éc. de Charenton-le-Pont, ar. Sceaux. Nous ignorons quel fut l'auteur de la donation de cette église aussi bien que de celles de Drancy, Châtenay et Louvres. Toutes ces églises, dès 1096, appartenaient à St-Martin-des-Champs.
30 Clamart, ca. Sceaux (Seine). La donation de l'aître et de l'autel a dû précéder celle du chapt de l'église, et l'abandon par Gui de Montlhéry de ce qu'il possédait. Cette donation de Gui étant souscrite par sa seconde femme, sans qu'il soit question d'enfants, doit être des débuts de son mariage avec Elisabeth veuve de Bouchard II de Corbeil, et mère d'Eudes de Corbeil, bienfaiteur de Saint-Martin-des-Champs.
209 Hugues Bardoul II, né vers 1065, fils de Barthélemi de Broyes (miles famosissimus) dont il hérita, étant encore en bas âge ; il confirma en 1081, devenu majeur, la donation à La Charité-sur-Loire de l'église St-Julien de Sézanne (Camuzat, Promptuarium, p. 372) où son aïeul, Hugues Bardoul I, et sa grand'mère Aélis avaient institué le culte de saint Blihier, ancien curé de Broyes (Acta SS. Junii, II, 474).
210 Raoul, sénéchal de Philippe Ier, souscrivit le diplôme de Henri Ier en 1060 (nº 6) sous le nom de Raoul de Beauvais (Radulfus Belvacensis) et fut témoin d'un diplôme de Philippe Ier en 1077 où il est appelé Rodulfus filius Goscelini Belvacensis (Maurice Prou, Actes de Philippe Ier, pp. 233-234, nºxc). Il est nommé avec son parent Lancelin de Beauvais (Lancelinus filius Fulconis Belvacensis). En 1092, étant tuteur de Lancelin II, fils de celui-ci, il est qualifié « ancien sénéchal du roi ». Dans l'acte qui nous occupe, on lui conserve son ancien titre par une formule de courtoisie. Il est l'ancêtre des seigneurs de Cressonsacq-en-Beauvaisis. Son pére, Goscelin l'Enfant, était fils d'Ascelin de Bulles. Sur ce rameau de la chevalerie beauvaisine, voir les cartulaires de St-Leu d'Esserent (édit. Müller) et de St-Martin de Pontoise (édit. Depoin), et la notice (qui exigerait des compléments) de M. de Caix de Saint-Aymour sur les Châtelains de Beauvais.
224 Yon de Saint-Cloud est cité dans des notices précédentes à partir du nº59 (antérieurement au 1er mai 1095). Il figure, en 1096, au nombre des laïcs qui escortent l'évêque de Paris, avec Payen de Montjay (Depoin, Les Comtes de Beaumont et le Prieuré de Ste-Honorine de Conflans, p. 65).