École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » 1079-14 juillet 1096

La dîme d'Orsonville est acquise par Saint-Martin-des-Champs. Une moitié lui est cédée par Gautier d'Étampes, l'autre par Foulques de Bullion.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 118, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 18-19, nº 40.
  • a Marrier, p. 512.
  • b Depoin, Les Vicomtes de Corbeil et les Chevaliers d'Étampes, p. 57.
  • c Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après c.

Venite, filii Dei, merito ab Apostolo vocati filii Lucis et Diei ; audite et memoriter retinete que donantur vestræ matri, sancte scilicet Aecclesiæ sponse Xristi, ut hi qui in ea deserviunt, per vos defensi, nullis adversitatibus affecti, a colloquiis divinis nullomodo valeant revocari. Notum igitur sit futuris, vobisque presentibus, quod Walterius de Stampis165 et uxor ejus Adela dederunt æcclesiæ Sti Martini de Campis medietatem decime Ursionisville173, quam in maritatu dederat huic Adele pater suus, Hugo nomine ; unde septem libras habuerunt de bonis æcclesiæ. Quod concessit frater ejus, Wido a baptismate, Paganus publico apellatus nomine178, unde xl solidos accipiens, donum fecit cum sororio suo et sorore, super sanctum Beati Martini altare, sicque cum eis intravit in Seniorum beneficiis et societate.

Hoc etiam concesserunt filii eorum, Walterii scilicet et Adele, Petrus et Ansellus166, presente Haiberto ; monacho ; testibus autem : Engelberto ejus famulo, Milone monacho de Stampis168 et frater ejus Urso. De dono autem facto super altare a predicto Walterio et conjuge et Pagano, testes sunt : Balduinus, Helgodus servus æcclesiæ, Warinus frater majoris36, Georgius sacrista, Poncius de Nuisiaco, Rodulfus, Ingelbertus famulus domni Haiberti.

Visum itaque fuit utile, pro scandalorum spinis que oriri solent, huic cartule inserere, quod hoc donum, de quo superius tractatum est, concessit Elisabet conjunx Burchardi de Maceiaco, cui hæc decima conpetebat jure hereditario ; quod et concessit Burchardus vir ejus291, inde accipiens Carnotensium viginti solidos.

Igitur, quia sic cepimus denotare, descendamus ad hos qui, nisi concessissent, calumpniam possent inferre, Widonem scilicet filium Serlonis, qui supradictam decimam ab Helisabet et viro suo tenebat ; qualiter in capitulo Sti Martini, coram Deo et omni conventu monachorum, et plurimorum, qui illuc advenerant, legalium testium concessit, et filius ejus, Paganus appellatus, unde xl solidos et duos renones agninos habuita ; unum filio suo dedit, alterum ipse sibi vestivit Nec pretereundum est quod hoc concessit Hisnardus ejus, miles satis honestus. Testes autem hujus concessionis Widonis et filii ejus si vultis audire, jam denotatos videre potestis in subsequeriti narratione : Wido comes de Rupeforti ; Wido de Vitriaco35, Symon de Nigelfa, Walterius de Cersellis104, Warinus frater majoris36, Georgius sacrista ; Petrus, Gilduinus, Henricus, Bernardus, De hac medietate æcclesiæ Ursionisville, quod superius tractavimus sufficiat caritati vestræ, et si qua ruditate sermonis plenius non sunt dicta, vos qui spirituales estis et sapientiores, videte ne, per invidorum astucias, que sibi donantur perdat æcclesia.

Transeamus ergo ad aliam hujus Ursionisville medietatem decime, et prout Deus dederit, qualiter æcclesiæ Sti Martini data fuit, filiorum Dei tradamus noticie. Notum igitur fieri volumus Xristi fidelibus quod Fulcherius de Budelone174 et Emmelina uxor ejus que in maritatu eum habebat, dederunt æcclesiæ Sti Martini aliam partem decime Ursionisville, septemque libras utrique habuerunt pro munere. Hoc concessit Rotbertus filius Waszonis, et pro concessione x solidos habuit ; et Gaufredus frater ejus, unde modium frumenti et x solidos habuit ; et Seguinus frater ejus, indeque xv solidos de bono æcclesiæ accepit. Hi tres fratres sunt supradicte mulieris. Pro talibus igitur datoribus et datis, æcclesiam Ursionisville possidet æcclesia Sti Martini de Campis.

Est et aliud quod volo notum esse filiis matris Æcclesiæ, quod Rainaldus Chanardus41 dedit æcclesiæ Sti Martini de Campis quicquid habebat in supradicta villa que Ursionisvilla nuncupatur. Cujus rei testes sunt : Wido comes de Rupeforti74, Wido de Vitriaco, Simon de Nigelfa, Wido filius Serlonis, Walterius de Cersellis, Warinus frater majoris, Georgius sacrista, Gilduinus, Heinricus, Bernardus.


165 Berneuil, fils de Geofroi et petit-fils de Roscelin, qui fut père de Marc, vicomte d'Étampes (Depoin, la Chevalerie étampoise)
173 Orsonville, ca. Dourdan, ar. Rambouillet. La cure de cette paroisse, comprise dans le doyenné de Rochefort, était à la nomination du prieur de St-Martin-des-Champs, La donation d'Orsonville (terre, église et dépendances) est confirmées dans la bulle du 14 juillet 1096
178 Ce texte est un de ceux qui prouvent avec netteté que, lorsque le baptême des enfants était différé, ils portaient en attendant l'imposition du prévie. Celui de Payen précise, chez les garçons, le fait du retard apporté au batpême. On donnait aux filles des surnoms plus courtois, tels que ceux d'Idoine (intelligente), Blanche, Rose (suivant leur teint), Comtesse ou Reine (du titre porté par une de leurs aïeules), etc. Voir d'autres exemples nº63, 69 et note 166.
166 Payen, fils d'Anseau et petit-fils de Gautier d'Etampes, s'appelait en réalité Isembard (Depoin, les Vicomtes de Corbeil et les Chevaliers d'Étampes, p. 15).
168 Thibaud fils d'Ours d'Etampes, et son père Ours ou Ourson, fils de Thion (Depoin, la Chevalerie étampoise). Ours avait pour frères Milon, moine de St-Martin (nº68infrà) et un autre Aimon (nº76). Notre étude sur cette lignée doit être complétée par l'adjonction, en tête de la généalogie, d'un Thion Ier qui fut un des bienfaiteurs de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire (Fleury) ; sous l'abbé Gauslin, qui siégea de 1005 au 8 mars 1030, « Teudo Stampensis paternæ hæreditatis alodum delegavit. « (Vita Gauslini, § 27 ; Mém. de la Soc. arch. de l'Orléanais). La lignée des Thion d'Étampes étant une branche certaine de la famille Le Riche, Thion Ier peut être considéré comme le troisième fils d'Aubert Ier le Riche. (Cf. note 188.)
a Pelisses fourrées en peau d'agneau.
35 Vitry-sur-Seine, ca. Ivry-sur-Seine, ar. Sceaux.
104 Sarcelles, ca. Ecouen, ar. Pontoise (S.-et-O.). — Gautier de Sarcelles figure dans la donation de Dreux Reille vers 1105 (nº101).
174 Bullion, ca. Dourdan, ar. Rambouillet.
41 Levesville-la-Chenard, ca. Janville, ar. Chartres. Cette paroisse a pris son nom des Chenard (Chanardus, Canardus), que nous rencontrons plus d'une fois dans le Liber Testamentorum : Aimeri fils de Renaud etc.

74 L'auteur de cette donation est une personnalité notoire du règne de Philippe Ier. C'est Gui le Rouge fils de Gui le Grand de Montlhéry ; son père assistait Henri Ieren 1059 lorsqu'il dota solennellement la collégiale de St-Martin-des champs (nº 7) et Philippe Ier lorsqu'en 1067 il en confirma l'établissement (nº 12). Lui-même intervint fréquemment pour faciliter et approuver les donations de ses vassaux au prieuré clunisien. On le rencontrera plus loin avec le titre de comte, accompagné parfois du surnom de Rochefort : « Wido comes " ou » Wido comes de Rupeforti ». Il mourut en 1107.

Élisabeth, sa seconde femme, s'identifie avec « Isabeldis, comitissa de Creciaco castro « qui, veuve de Bouchard II de Corbeil, assista à la première messe célébrée par saint Gautier, abbé-fondateur de St-Martin-de-Pontoise, sur l'autel de St-Nicolas de Morcerf (Cartul. de St-M. de P., p. 10, nº xi). Le récent mémoire de M. Estournet sur Bouchard II, comte de Corbeil dans les publications de la Société du Gâtinais, a précisé ce point. L'une des filles d'Élisabeth, Béatrix de Pierrefonds, fut aussi bienfaitrice de St-Martin des Champs.