École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » Début du xiie siècle

L'église élevée sur les bords de la Marne, auprès du château de Gournay et fondée, sous l'invocation de Notre-Dame et de Saint-Jean l'Evangéliste, par Gui le Rouge [de Montlhéry, comte de Rochefort] et sa femme Aélis, est donnée à St-Martin-des-Champs, du consentement du roi [associé] Louis[le-Gros]. Dans la dotation de l'église, constituée par les fondateurs, sont compris la chapelle [castrale] de Gournay, la terre de Liaubon, un moulin à Gournay[-sur-Marne], l'église et l'aître de Roissy avec le tiers du village.

  • A Acte perdu. Rappelé dans une charte confirmative de Girbert (Gilbert II), évêque de Paris, en 1122, accordée à St-Martin-des-Champs pour toute la dotation du prieuré de Gournay-sur-Marne smchamps_0105b_.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.


278 Gournay-sur-Marne, ca. Le Raincy, ar. Pontoise (S.-et-O.). — Il est surprenant que ni la donation primitive de Gui le Rouge à St-Martin-des-Champs, ni l'approbation de Louis VI n'aient été conservées sous une forme diplomatique ou tout au moins par des notices insérées dans un recueil de titres. Les lettres de l'évêque Gilbert II sont le seul document qui atteste l'existence de ces actes, alors que d'autres, moins importants, concernant Gournay, furent insérés au Liber Testamentorum de St-Martin, et bien qu'à Gournay même un cartulaire important ait été composé. L'énoncé de la charte épiscopale ne va pas sans difficultés. On y attribue à Gui le Rouge, et Aélis (sa première femme ; cf. p. 49, note a, et p. 63, note 74) non seulement la construction de Notre-Dame de Gournay, ce qui est admissible, mais aussi la donation de l'église et de son douaire à St-Martin. Or, Gui s'est remarié peu de temps après l'établissement des Clunisiens à St-Martin-des-Champs, tandis que le silence de la bulle d'Urbain II ne permet pas de considérer la donation de Gournay comme antérieure à 1096. D'ailleurs, Gilbert constate l'approbation donnée par le roi Louis à cette donation ; elle est donc postérieure à 1098. Enfin la lettre suivante d'Ives de Chartres montre qu'il existait à Gournay une communauté à laquelle il invite le prêtre Gonthier à se joindre et qui paraît être une collégiale plutôt qu'une congrégation. (Ives n'aurait pu agir avec une autorité semblable sur un monastère dépendant de Cluny et situé dans un diocèse autre que le sien) :

« Ivo, humilis Carnotensium episcopus, Gontherio (al. Gunheriov. c.) fratri et compresbytero ascendenti e convalle lacrymarum, intense cantare canticum graduum.

« Gaudeo te quasi postliminio rediisse, gratias agens protectori nostro, cujus misericordia te protexit etiam per marina discrimina. Nunc ergo quia incolumis es redditus fratribus tuis, licet desiderio interne quietis omnibus prodesse non possis, tamen vel paucis prodesse non graveris. Unde monco fraternitatem tuam ut ad ecclesiam Gornacensem Beatæ semper Virginis transeas, ubi et desiderate quieti vacare, et aliquorum fratrum saluti poteris providere. De cetero ora pro me, frater charissime, ne remigantem in altitudine maris tempestas submerget me. Vale. »

(Ivo Carnotensis episcopi epistola xi, edit. Magne, Patrologia latino, t. CLXII, col. 24. — Cf. Lebeuf, Hist. de la ville et du dioc. de Paris, édit. Bournon, t. IV, p. 610).