École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 5 » XVII. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs sous le règne de Philippe le Hardi (1270-1285) » Novembre 1274

Amauri de Meulan, Guillaume des Essarts, Gobert de Dargies et Aubert de Longueval, à cause de leurs femmes, cohéritiers de la forêt de Roissy, cèdent à St-Martin, pour leur droit d'usage, 300 arpents de forêt entre les bois de Jolivet de la Glaisière et la tuilerie de Roissy.

  • A Original, S 1417, nº 9. Quatre sceaux intacts, trois brisés.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.

U. p. l. i. Almarricus de Meullento, dominus de Cauda97, Guillelmus de Essartis, dominus de Amblinvilla, Gobertus de Argiis, dominus de Guitebœuf, Albertus de Longavalle, dominus de Croissiaco, milites101 ; Isabellis, uxor predicti Guillelmi, Yda, dicti Goberti, Anna, dicti Alberti uxores, salutem. Notum facimus quod, cum Prior et conventus Beate Marie de Gournayo supra Maternam, suo et dicti prioratus nomine, habuerint et percipierint ab antiquo pacifice et quiete, tam pro dicto monasterio quam pro granchiis et quibuscumque locis dicti monasterii, ex dono et elemosina antecessorum nostrorum, omnimodum usuagium in foresta de Roissiaco, ad ardendum, hospitandum et ad pasturam animalium et ad propriae necessitatis usum, prout in litteris predecessorum nostrorum et prout in litteris Regum Franciae, Episcoporum Parisiensium, et Pontificum Romanorum, super hoc confectis, dictam elemosinam testantibus et confirmantibus, plenius continetur ; nos, pensata utilitate nostra, et heredum nostrorum, et Religiosorum praedictorum et eorum monasterii predicti super hoc et provisa, volentes eisdem super dicto usuagio satisfacere — competenter, de communi aseensu nostro, tanquam heredes dicte foreste, ac etiam dictorum Prioris et conventus, damus, concedimus et assignamus eisdem Religiosis, et eorum monasterio praedicto trecenta arpenta nemorum dicte foreste, sita inter nemus Joliveti de Gliseria102 et thegulariam de Roissiaco, certis metis designata, capienda ad perticam de Cauda a predictis Religiosis et eorum successoribus — — et in eos et dictum monasterium penitus tranferentes omne jus, dominium, et possessionem perpetuam et universam quae in eisdem habebamus.

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97 La Queue-en-Brie, ca. Boissy-St-Léger, ar. Corbeil. — Amblainville, ca. Méru, ar. Beauvais. — Dargies, ca. Grandvilliers, ar. Beauvais. — Longueval, éc. Folembray, ca. Coucy, ar. Laon. — Croissy-en-Brie, ca. Lagny, ar. Meaux.

101 M. Estournet a bien voulu nous communiquer la dissertation suivante, qui rectifie de grosses erreurs des généalogistes et fixe un point important de la filiation des Beaumont « au gironné ».

« On lit dans La Chenaye Desbois : » Aubert II sire de Longueval, fils de Guillaume et seigneur de Droisy [lisez Croissy-en-Brie] et de Framerville..., avoit épousé Anne de Meulent, dame de Croissy-en-Brie, fille d'Amaury sire de Gournay-sur-Marne et d'Agnès de Beaumont... « — Même expression dans le P. Anselme (Hist. des Grands Officiers, II. p. 40, au comte de Meulan) — et Lebœuf (édit. Bournon, IV, p. 500).

« Or Anne était fille de Thibaud de Beaumont sire de Pontarmé, de Vémars, de Thiers, de Neufmoulin, etc. En effet, suivant une charte originale de mai 1272 (Bibl. nat., Collection de Picardie, t. 329, nº 1) : « Ego Johannes de Tilly, Baiocensis dyocesis armiger et domicella Johanna de Bellomonte, uxor mea, filia quondam domini Theobaldi de Bellomonte militis ", font un échange de bois avec l'abbaye de Chaalis ; ledit Jean promet de garantir ceux qu'il abandonne et qui proviennent de la dot de sa femme : " Garandire, liberare et defendere contra sorores uxoris mee Johanne, Ysabellem et Annam ac virum ipsius Anne Aubertum de Longa Valle... »

« D'autre part on connaît l'amortissement donné par Thibaud de Beaumont à l'abbaye de Sainte-Geneviève en avril 1270, au sujet de biens sis à Vémars (original Arch. nat. S. 1588 B, nº 13, et Cartulaire de Sainte-Geneviève, fol. 348). En juin 1284 « Auberz chevaliers sires de Longue Val en l'eviesqué de Noyon " confirme à l'abbaye de Sainte-Geneviève le même amortissement attendu que lesdits biens " meuvent en rere fié de l'airitage à mes enfanz c'est asavoir Jouhanne, Marote, Katerine et Agnès, filles jadis de ma famme feu Anne de Biaumont, jadis dame de Longueval ". Il promet de faire ratifier ledit amortissement par " Marie de Heli ma fame que gie ai orondroit présentement ». — L'acte d'Aubert est en original aux Arch. nat. S. 1588 B, nº 11, et la ratification de Marie de Helly sa seconde femme sous le nº 10. De ce dossier voici une autre pièce (nº 6) : en décembre 1286, « Erars de Montmorenci chevalier sires de Conflans en la terre de Montmorenci et Jahanne fame dudit mesire Erat, jadis fille monseigneur Aubert de Longueval chevalier " confirment l'amortissement en faveur de Sainte-Geneviève, accordé par feu Aubert pour le fief de Pierre de Courcelles sis à Vémars, " mouvant de l'éritage madame Anne première femme dudit mon Aubert et mère de nous Jahanne desus dite, etc. »

« Anne dame de Croissy-en-Brie et femme d'Aubert II de Longueval, tué à la prise de Gironde en 1286, était fille de Thibaud de Beaumont et non d'Amauri de Meulan. Thibaud était fils de Jean de Beaumont, chambellan puis grand chambrier de France, et d'Isabelle de Garlande, femme en premières noces de Guy le Bouteiller de Senlis. C'est par les Garlande qu'il y a un lien de parenté entre Amauri de Meulan et les Beaumont : la terre de Croissy que l'on trouve entre les mains des Garlande de Livry fut apportée en dot par Isabelle la Bouteillère à Jean de Beaumont qu'elle épousa entre mai 1224 et décembre 1225. D'autre part Galeran II de Meulan épousa Agnès de Montfort, petite-fille par sa mère du sénéchal Anseau de Garlande. On ne saurait être surpris de voir les descendants d'Anseau et de Guillaume I de Garlande avoir des intérêts communs dans un même coin de terre.

« L'erreur faisant Anne de Beaumont fille d'Amauri de Meulan provient d'une note des Pièces Originales, vol. 1743, dossier Longueval, répétant la chose d'après La Roque, Histoire d'Harcourt, pp. 176 et 2038, qui qualifie Anne dame de Goissy : c'est là aussi qu'a puisé le P. Anselme. L'induction est tirée de ce fait que, d'après les titres de Saint-Martin-des-Champs, Aubert de Longueval tenait par sa femme des biens, sis à Roissy, en fief d'Amauri de Meulan. »

102 Jean Jolivet, seigneur de la Glaisière, descendant des Briard de Corbeil. Cf. J. Depoin, Les Vicomtes de Corbeil et les chevaliers d'Étampes.