École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » IV — Actes concernant la collégiale de Saint-Martin de Paris » Mai 1061-Août 1065

Engelard, abbé de Saint-Martin, ayant prêté 40 livres au grand-chambrier Galeran de Senlis, prend hypothèque sur l'une de ses terres jusqu'à concurrence de la moitié du domaine. La reine-douairière Anne, Raoul, comte de Valois, et Hugues, neveu de Galeran, consentent à cet engagement.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1118, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, nº lxxxi, fol. 38.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.

In hac cartula continetur conventio quam Ingelardus, abbas Beati Martini, habuit cum Waleranno, camerario Regis19. Huic enim supradictus abbas xl libras denariorum accomodavit, ea conditione ut medietatem omnium eorum que ad villam que vocatur vo ruilgiam20 pertinere videntur, Beatus Martinus possideat, donec suas xl libras recipiat.

Factum est hoc annuentibus Anna regina, comite Radulfo21 et Hugone filio Rainaldi19.

Nomina eorum qui huic conventioni interfuerunt : Rotlandus prior, Waschelinus, Bernardus dapifer, Haimo faber, Walcherus, Guntardus, Dodo, Helbertus, Hainardus, Rotgerus.


19 Galeran fut grand-chambrier pendant presque tout le règne de Philippe Ier. Sa désignation à ce poste eut lieu entre le 30 avril et le 27 mai 1061. Il cessa de l'occuper en 1105 ; on le trouve encore en charge entre le 25 mars et le 4 août ; il fut remplacé par son fils Gui entre le 4 août 1106 et le 14 avril 1107. C'était un membre de la famille Le Riche de Senlis, dans la généalogie se trouve dans les appendices au Cartulaire de St-Martin de Pontoise (édit. Depoin), pp. 298-300. Toutefois pendant les années 1074-1075, l'exercice de sa charge fut confié à son neveu Hugues II.

20 Une main du xviie s. a inscrit en marge sur B : « Vaugirard. » La traduction est inacceptable. Les lettres u o qui terminent une ligne semblent bien une répétition involontaire de la première syllabe de nocatur. Le scribe du Liber Testamentorum a commis ailleurs (au nº XLII notamment) cette faute d'inattention. Nous avions pensé à traduire Ruilgiam par Rungis, dont la voirie était aux mains d'une autre branche des Le Riche (Lebouf, Hist. du dioc. de Paris, IV, 48). Mais l'approbation du comte Raoul de Valois oblige à chercher le territoire dont il s'agit dans sa juridiction. Dès lors on est amené à y voir Rully en Valois, ca. Pont-Ste-Maxence, ar. Senlis.

Hugues II de Senlis, fils de Renaud (grand-chambrier de Henri Ier et frère de Galeran), est la tige des comtes de Clermont. — Galeran tenait de lui son domaine en fief ; Hugues le tenait à son tour du comte de Valois, et celui-ci de la Couronne. C'est comme régente, et non comme femme de Raoul, qu'Anne intervient pour donner son assentiment.

21 Il n'existe aucun diplôme de date certaine où Anne soit qualifiée reine et figure à la cour après le 4 août 1065. Un acte dont les notes chronologiques sont contradictoires et dont il ne subsiste qu'une copie, lui attribue encore ce rang en la 6e année de Philippe Ier, c'est-à-dire quelque temps après la date précitée. En 1069, Philippe Ier étant à Senlis, accorde l'abbaye de St-Vincent de cette ville un privilège à la prière de sa mère, mais il ne lui donne ni titre royal, ni qualificatif affectueux, et la présente comme une suppliante ordinaire. C'est seulement au printemps (5 avril-25 mai) 1075 qu'elle reparaît avec le rang de reine-douairière, c'est-à-dire après la mort de Raoul de Valois, son second époux (8 septembre 1074. — Cf. Maurice Prou, Actes de Philippe Ier, pp. 7 à 56, 98, 106, 121, 191).