École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » VI. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs sous le règne de Louis VI le Gros » 4 février 1110

Sur les instances des prélats et avec l'agrément des barons, le roi Louis VI autorise les serfs de St-Martin à témoigner en justice et les admet au combat judiciaire avec les hommes libres, ainsi qu'il l'avait accordé aux serfs de l'église cathédrale de Paris par don de joyeux avènement en 1108 et, l'année suivante, aux serfs de Sainte-Genevièvea.

  • A Original Arch. nat., K 21, nº 13.
  • B Copie de 1129, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 76, nº 115.
  • C Copie du xiie siècle, ibid., fol. 48, nº 105 incomplète des notes chronologiques.
  • D Copie de 1209, Arch. nat., LL 1351, fol. 19.
  • E Copie du xve siècle, Arch. nat., LL 1352 (avec la date de 1110), fol. 18'.
  • F Copie du xvie siècle, Arch. nat., LL 1353, fol. 18.
  • a Marrier, Monasterii S. M. de C. historia, p. 22.
  • b Theodori Pœnitentiale, II, 50.
  • c Felibien, Hist. de Paris, III, 52.
  • d R. de Lasteyrie, Cartul. gén. de Paris, nº 155 bis, t. I, p. 177.
  • e Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
  • Tardif, Mon. hist., nº 346.
  • Luchaire, Annales de la vie de Louis VI, nº 95, p. 52.
D'après e.

In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti, amen. Quia, preordinante Spiritu sancto, per Isaiam de Ecclesia dicitur quod « Mamilla regis lactabitur et reges erunt nutricii ejus », regalis serenitatis pietatem decet pro tranquillitate et pace Ecclesie regni jura temperare, plebiscita temperare (1 relaxare) et confracta solidare, ut Ecclesie filii a malignantium infestatione aliquatenus relevati, Dei servitio attentius vacare habeant, et catholicum regem ad regni gubernationem, orationum assiduitate, propensius adjuvare valeant. « Multum enim valet, ut habet Jacobi epistola, deprecatio justi assidua. " Orante nempe Moyse, Israhel superabat regem Amalec. " Rex autem gladio accingitur ", secundum apostolum Petrum, ad vindictam malefactorum, laudem vero bonorum, ut per collatam sibi divinitus potentiam obnutescere faciat imprudentium hominum ignorantiam, » constitutus in regno, juxta Geremiam, ut evellat et destruat et disperdat et dissipet, et edificet, et plantet ». Hac igitur ratione, spe et devotione, ego, Dei gratia, Francorum rex Ludovicus ecclesie Sancti Martini que dicitur de Campis, super servorum suorum contumeliosa et dampnosa in testimoniis abjectione adversus liberos supplicanti, lacrimanti et instanter rogitanti, tandem misericorditer auscultavimus, pontificum nostrum consilio, comitum quoque et procerum assensu. Hac prerogativa nostre Majestatis, omnes indifferenter hujus prefate ecclesie servos benigniter honestavimus, quatenus in omnibus causis, placitis at querelis contra universas ingenue potestatis personas, veritatis testimonium regali instituto, amodo usque in sempiternum exaltati, ut testes legitimi, proferant et proferendo asserant, salvo et integro jure et timore cujus sunt, ecclesie, ac deinceps dampnum vel repulsam se in hujusmodi negotiis protulisse nullatenus doleant vel erubescant. Horum itaque probationes aut liberi suscipiant, aut contradicendo falsificent. Regalis igitur decreti transgressor causam de qua agit inperpetuum amittat, excommunicationi subjaceat, et ejus calumnia irrita fiat ; interim etiam in testimonium non recipiatur, nec pacis osculo a fidelibus osculetur. Dignum est enim supra ceteros servos exaltare qui Ei serviunt, cui « servire est regnare ». Ut autem hujus instituti traditio per succedentia tempora inconvulsum vigorem optineat, litterarum memorie commendari, immo nostro nominis charactere et sigillo signari et corroborari precepimus. Presentibus de palatio nostro quorum nomina substitulata sunt et signa.

S. Anselli dapiferi. S. Willelmi Guarlandensis. S. Widonis de Turre292. S. Rogerii de Chatarauno. S. Herluini magistri regis. S. Bartolomei de Fulcois. S. Rainardi Rufi. S. Bernardi, nepotis ejus. S. Stephani cancellarii. S. Erchenbaldi323.

Actum Parisius . Stephanus cancellarius relegendo subscripsit.

(Mon. royal, Traces du sceau plaqué).


a M. de Lasteyrie (Cartulaire général de Paris, nº 150) donne le texte de cette concession de 1109 dont l'acte en faveur de St-Martin-des-Champs constitue une reproduction presque identique.

292 Gui de la Tour, que nous avons déjà rencontré le 1er mai 1099 comme seigneur féodal (nº 84), est la tige des Bouteillers de Senlis. Il est mort un 9 mars, mais non pas vers 1090, comme on l'a supposé bien à tort lorsqu'à St-Nicolas d'Acy, on inscrivit sur sa tombe l'épitaphe que relate l'intéressant document suivant :

Proces-verbal de l'état et des inscriptions des tombes des fondateurs de St-Nicolas d'Acy

L'an 1562, le 12e jour d'avril après Quasimodo, par nous Jean Lobry et Nicolas de Cornuaille, notaires du Roy notre Sire au baillage et chastelenie de Senlis soubsignez, a la requeste de devote et religieuse personne damp Germain Nicolas prestre, prieur du prioré St-Nicolas d'Acy lez Senlis, a esté extrait de l'église dudit prieuré St-Nicolas, a sçavoir sur une tombe ou sepulture de pierre ou y a deux gisans ; au chef du premier gisant ces mots : « Fundator ecclesie » et à l'entour ces mots :

Hic jacet egregius Guido de Turre vocatus

Cui sit propitius Christus de Virgine natus.

Et au dessus dudit sepulchre, sur un table empreint en la muraille où sont gravés ces mots :

« Cy gist Gui de la Tour chevalier et sa femme fondateurs de l'église et monastere de ceans, lequel trespassa environ l'an mil quatre vingt et dix, le 9e jour du mois de mars, auquel jour est fait et celebré par chacun an un obit solennel en cette église et aumone generale par les religieux de ce lieu pour les ames desdits fondateurs, leurs parens et amis. Priés Dieu pour eux. »

Et encore au dessus est escrit semblablement : « Fundator ecclesie ». (Suivent les deux vers ci-dessus). Dont ledit prieur nous a requis lettres, à luy octroyées ces présentes pour luy servir ce que de raison. Fait comme dessus.

J. Lorry. De Cornuaille.

Inerat olim dicti prioratus sacrarum edium pronao sequentes versus lapis continens :

Cœnobium hoc struxit Guido de Turre, perenne

Qui soboli nomen Buticulare dedit.

(Coll. Clairambault, vol. 562, p. 357. — D. Marrier. p. 294.)

323 A côté du sénéchal Anseau, de ses frères Etienne, chancelier, et Guillaume II de Garlande, et d'Helloin, précepteur de Louis VI, se rencontrent Roger de Chatron (éc. Saint-Germain-de-la-Grange, ca. Montfort-l'Amaury, ar. Rambouillet) et Barthélemi de Fourqueux (ca. St-Germain-en-Laye, ar. Versailles).
a Ces indications chronologiques ne permettent pas de placer en 1111 le diplôme, car Louis VI fut sacré le 3 août 1108 à Orléans. Luchaire s'associe, à cet égard, à la critique que R. de Lasteyrie adresse à J. Tardif (Annales de la vie de Louis VI, nº 95, p. 52).

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