École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 2 » VIII. — Donations à Saint-Martin non suivies d'effet sous le règne de Louis VI » 1116 — 1123

Hyon le Blanc, châtelain de La Ferlé-Milon, étant à Lagny dans la chambre de l'abbé Geofroi, en présence de Geofroi II, évêque de Chartres, et de Thibaud IV, comte de Blois, donne avec le consentement de ce dernier, à St-Martin-des-Champs tout ce qu'il possède au Vivier et approuve toutes les conventions que les chanoines résidant au Vivier pourront faire avec les moines de St-Martin.

  • A Original perdu.
  • B Copie du xiie siècle, Liber Testamentorum, fol. 80.
  • C Copie de 1209, Arch. nat., LL 1351, fol. 105, non collationnée.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.

Notum [sit] omnibus hominibus tam p. q. f. quod Hiio Albus de Firmitate91 dedit monachis Sti Martini de Campis quicquid in villa que Vivarium92 nuncupatur [habebat]. Hoc vero donum concessit T. Blesensis comes, de cujus feodo erat, priori ecclesie Sti Martini, apud Latiniacum in camera G. abbatis. Si autem cano nici supradicte ville Vivarii vellent eisdem monachis dare, vel aliqua conditione concedere et dimittere, hoc quod ibi habent, concessit similiter T. comes, ibidem audiente Galfredo Carnotensi episcopo et G. Latiniacensi abbate93.


91 Il ne saurait y avoir le moindre doute sur la lecture « Hiio ». Elle est du reste confirmée par la mention comme témoin d'une charte donnée entre 1079 et 1085 (Cf. tome I, p. 50, nº 25) de « Helo nepos Helonis de Firmitate ». L'historien du Valois, Carlier, a supposé sans fondement que l'institution d'un châtelain à la Ferté-Milon remonterait seulement au départ de Hugues de Crépy pour la Terre-Sainte en 1102 (Hist. du duché de Valois, III, 368). Il reconnaît lui-même que dès 1096 se rencontre la souscription d'un « Hugo Albus " sur une charte de Hugues de Pierrefonds, évêque de Soissons. La forme " Hugo » qu'a revêtue le nom de ces châtelains vers la lin du règne de Louis VI, provient d'une mutation de Hyon en Huon ou Huyon, suite d'une confusion qui n'est point un phénomène rare en onomastique. — Le château de la Ferté-sur-Ourcq (ou en Orceois) possédait les reliques de saint Voulgis qui y furent, dit-on, placées par son fondateur Milon, au VIIIe ou peut-être au début du IXe siècle (Acta Sanctorum Octobris, I, 193). Mais l'église du pays, dédiée à saint Vaast, était soumise aux chanoines de Ste-Geneviève de Paris (Cf. Cartulaire ms. de Ste-Geneviève, fol. 239), qui avaient pour lieu de refuge Marisy, bourg fortifié par Aimyaud, comte de Meaux au IXe siècle (Cf. Carlier, III, 197). Le châtelain Thion de la Ferté (Theudo de Firmitate que appellatur Ure) renonça, sous Henri Ier, aux coutumes qu'il avait injustement établies sur Marisy (Ibid. Pièces justif., nº 1. — Tardif, Monuments hist., nº 280). Cet acte est antérieur à 1047 (Gallia, VII, 705). En 1086 « Hugo de Firmitate Milonis » est témoin d'un acte d'Aimon de Crépy en faveur de Saint-Quentin de Beauvais (Coll. Moreau, XXXIV, 189). Le titre suivant prouve qu'il fut aussi seigneur de Braisne : « Notum sit t. f. q. p. quod Manasses, Suessorum episcopus, altare de villa que vocatur Lostria, post mortem Hugonis clerici, qui illud in personatico habuerat, reddidit ecclesie Sancti Johannis ad canonicos regulares integre et perpetuo habendum, poscente hoc et imperante domno Hugone Albo, domino Branensi, optimo principe, et circa amorem prefate ecclesie laudabiliter fervente, tempore domni Petri ejusdem loci reverendi abbatis... « (Arch. de la mense abbatiale de St-Jean-des-Vignes, copie de D. Grenier, Coll. Moreau, XLII, 128-129, avec la date : « vers l'an 1106 »). — Pierre Ier, abbé de St-Jean (élu après 1089), disciple de saint Bruno, paraît dans la charte de l'évêque Manassé, confirmant la donation de la chapelle de Saint-Vougis dans le château de La Ferté-Milon en 1100 ; il mourut un 5 mai, entre 1108 et 1121 (Gallia christiana, IX, 457). D. Grenier identifie Lostria avec Loatre, Louâtre, cant. de Villers-Cotterets (Matton, Dict. topogr. de l'Aisne, p. 458). En 1096 « Hugo Albus » souscrit, le premier d'entre les laïcs, une charte de Hugues, évêque de Soissons (Poupardin, Rec. des chartes de St-Germain-des-Prés, I, 115). Lisiard, évêque de Soissons, relate, dans un acte de 1110, que « Hugo Albus dominus de Firmitate Milonis et Helvidia uxor ejus, assensu filii sui Guillelmi et uxoris ejus Sybille, capellam Sancti Vulgisi in eodem castro sitam, liberam... Petro abbati Sancti Johannis de Vineis... rediderunt. » (Carlier, III, Pièces justif., nº 9). — Ce donateur est bien identique à l'auteur de la cession du Vivier à St-Martin-des-Champs, puis à l'ordre de Prémontré. « Hugo Albus » fut témoin d'une charte de St-Arnout de Crépy en 1106 (Coll. Moreau, XLII, 126) et d'une donation d'Aubri d'Oulchv, à N.-D. de Nanteuil en 1121 (Du Plessis, Hist. de l'église de Meaux, t. II, Pièces justificatives, nºxxxv, p. 23).
92 L'église du Vivier est comprise, dans une bulle du pape Honoré II, du 17 février 1127, parmi les possessions de l'ordre de Prémontré ; la communauté dont elle était le siège prit la dénomination plus élégante de Vallis serena (Valsery) sous laquelle elle est connue (commune de Cœuvres, ca. Vic-sur-Aisne, ar. Soissons). La Gallia christiana (IX, 485) aussi bien que l'historien de la congrégation, Hugo d'Etival, a ignoré la pièce que nous publions ici. L'abbé Hugo, dans les Annales ordinis Praemonstratensis, reproduit une concession de Lisiard, évêque de Soissons, portant que « Hugo Albus " de la Ferté-Milon, sa femme " Helvidis » (Avoie) et leur fils, à la prière de Norbert, donnèrent à l'abbé Henri et à ses frères l'église du Vivier, par les mains du prélat. Mais l'acte est douteux. A la date de 1121 qu'il porte, l'ordre de Prémontré n'existait pas encore. La vie primitive de Norbert, éditée par l'abbé d'Etival en 1704, dit qu'il fut consacré en 1126, à son retour de Rome, abbé pour l'église du Vivier ; l'institut de Prémontré fut approuvé par le Pape le 28 juin 1126. Il dut y avoir entre le prieur Mathieu Ier qui se trouvait à Rome cette même année, et le fondateur de la nouvelle congrégation, saint Norbert, un échange secret de promesses qui fit passer Le Vivier, et comme nous allons le voir, Bucilly aux mains des Prémontrés, moyennant des compensations convenues. Notre charte prouve, en tout cas, qu'il y avait au Vivier des chanoines dès 1123.
93 L'évêque et l'abbé sont homonymes, Geofroi, abbé de Lagny après Arnoul qui vivait encore en 1105, est cité de 1107 à 1122 ; il mourut le 5 avril 1123 ou peut-être 1124 ; en cette dernière année paraît son successeur Raoul II (Gallia, VII, 495). Comme Ives de Chartres, prédécesseur de l'évêque Geofroi II, mourut le 23 décembre 1115, la notice se place entre 1116 et 1123.