École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » Actes concernant l'acquisition par Saint-Martin de diverses propriétés à Clamart, et l'abandon par Gui [le Rouge] de Montlhéry de tous les droits qu'il pouvait exercer sur ce territoire » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier. Tome 1. Saint-Martin-des-Champs. Joseph Depoin, Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, Ligugé, 1913-1921, 5 vol. (Archives de la France monastique, 13, 16, 18, 20, 21).

Notum volo fieri omnibus Xristi fidelibus quod Wido, filius Widonis de Leuteriomonte74, omni conditione remota, dedit æcclesiæ Beati [Petri] Cluniacensis et æcclesiæ Beati Martini de Campis quicquid habebat in villa que vocatur Clamart. Inde dederunt sibi prior, domnus Ursus, qui tunc temporis erat, et alii seniores, duos palefredos et uxori suæ Helisabet quadraginta solidos.

Hujus rei sunt [testes] : Paganus de Montegaio241, Walterius Tusardus, Hugo Burdellus, Hugo de Monte Lugduno, Willelmus de Asneriis, Henricus Lotariensis75, Warnerius Garnerii filius134, Warnerius de Sancto Dionysio, Milo de Fontibus, Girelmus pincerna episcopi, Walterius major, Warinus frater ejus, Teudo frater ejus36, Haimo faber, Herleboldus, Johannes filius Bernardi, Malgerius, Walterius, Odo Ad-Barbam, Henricus Ad-Barbam.


74 L'auteur de cette donation est une personnalité notoire du règne de Philippe Ier. C'est Gui le Rouge fils de Gui le Grand de Montlhéry ; son père assistait Henri Ieren 1059 lorsqu'il dota solennellement la collégiale de St-Martin-des champs (nº 7) et Philippe Ier lorsqu'en 1067 il en confirma l'établissement (nº 12). Lui-même intervint fréquemment pour faciliter et approuver les donations de ses vassaux au prieuré clunisien. On le rencontrera plus loin avec le titre de comte, accompagné parfois du surnom de Rochefort : « Wido comes " ou » Wido comes de Rupeforti ». Il mourut en 1107.

Élisabeth, sa seconde femme, s'identifie avec « Isabeldis, comitissa de Creciaco castro « qui, veuve de Bouchard II de Corbeil, assista à la première messe célébrée par saint Gautier, abbé-fondateur de St-Martin-de-Pontoise, sur l'autel de St-Nicolas de Morcerf (Cartul. de St-M. de P., p. 10, nº xi). Le récent mémoire de M. Estournet sur Bouchard II, comte de Corbeil dans les publications de la Société du Gâtinais, a précisé ce point. L'une des filles d'Élisabeth, Béatrix de Pierrefonds, fut aussi bienfaitrice de St-Martin des Champs.

241 La suzeraineté exrcée par Nantier de Montjay à Annet-sur-Marne ne laisse aucun doute sur l'identification de son château avec Montjay-la-Tour, écart de Villevaudé qui, comme Annet, appartient au canton de Claye-Souilly, arr. de Meaux.

Nantier souscrit avec son frère Payen, en 1090, le diplôme de Philippe Ier pour St-Remi de Reims, en compagnie d'Eudes, comte de Corbeil. Nous apprenons ici que le nom baptismal de Payen fut Arnoul. Cette précision nous oblige à le distinguer d'un second Payen de Montjay, ayant pour prénom définitif Aubri, et dont nous aurons à reparler à propos d'une approbation qu'il accorda à la donation de Champmotteux à St-Martin-des-Champs en 1122. Payen Aubri est cité dès 1108 à de nombreuses reprises dans Luchaire (Annales de la vie de Louis VI, pp. 53, 97, 134, 158, 260, 329) ; il est confondu, à la table, avec Arnoul Payen (cité p. 2). C'est de ce dernier qu'il s'agit dans les pièces nos38, 62 et 90 du présent recueil.

Nous verrons (nº 90) qu'Eveline (Avelina), femme de Nantier de Montjay, était nièce de Josselin, archidiacre de Paris (cf. note 24).

75 Henri Loherenc ou Lorrain fut reconnu gentilhomme (ingenuus) par un jugement de la cour royale. Conseiller de Louis VI, il en reçut, en 1112, les terres d'Aubervilliers, Triel, Mons, Villeneuve, Ablon, la maîtrise des criées du vin à Paris, et d'autres privilèges (R. de Lasteyrie, Cartul gén. de Paris, t. I, p. 151 ; Luchaire, Annales de la vie de Louis VI, nº 136). — En 1117 Louis VI rappelle, au sujet de la chapelle St-Georges de Champeaux, dépendant de St-Magloire, que « Henricus Lotharingus, fidelis noster, predicte capelle reparator et, quibuscumque modis valet, benignus auxiliator, ad capsam in qua corpus B. Maglorii requiescit superargentendam (que propter matris ecclesie necessitatem ex omnium assensu fratrum, fuit disparata et detecta), xii marchas argenti, et ad usus fratrum 1 torcular apud Karronam (Charonne) villam et quicquid habebat in vadimonium super 11 thuribula argentea et calicem argenteum ejusdem ecclesie dédit. « (Ms. I. 5413, fol. 7).

134 Garnier de Paris (dit aussi de Braine et de Dreux). Cf. Aug. Longnon, Bulletin de la Soc. de l'Hist. de Paris, 1879, p. 140. — Il est la tige des seigneurs de Gentilly, et de Brunoy, etc.

Garnier II de Paris, fils de Garnier I, eut, entre autres enfants, Hugues, seigneur de Gentilly et de Brunoy. Ce Hugues, qui vivait en 1138, qualifie de neveu (nepos) Soudan de Massy (A. N. K 22, nº 98 ; K 23, nº 38 et 616).

Soudan (Sultannus) était le surnon de Geofroi, fils de Bouchard de Massy et d'Elisabeth (nº 69 et note 291). Il le tenait d'un grand-oncle maternel, Soudan de Paris, fils de Garnier I, cité en 1099 (nº 86).

36 Gautier, frère aîné de Thion, maire de Noisy-le-Grand, ayant été remplacé entre 1101 et 1105 et disparaissant à partir de ce moment (cf. note 272), cette charte se place entre 1079 et 1104 environ. On peut se demander si Archambaud qualifié maire n'aurait pas été le devancier de Gautier, qui n'a point de titre dans cette pièce ; d'autre part, les moines ne sont point nommés. C'est pourquoi nous proposerions de placer cette notice entre 1067, date de la dédicace de l'église dans laquelle fut fait le don, et 1079, époque de l'entrée des moines, mais à une date très voisine de 1079, en raison du surnom « de Campis « attribué au monastère.