École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » VI. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs sous le règne de Louis VI le Gros » Gournay-sur-Marne, 25 janvier 1124 — avril 1126

Etienne de Senlis, évêque de Paris, assiste au jugement rendu dans la cour d'Etienne de Garlande, au château de Gournay, par Raoul de Torcy, adjugeant à St-Martin la terre de Chenou, revendiquée par Foulques de Presles, mari d'une nièce du donateur Aubert de Brie, plus d'un an et d'un jour s'étant écoulés entre les épousailles et l'introduction de l'instance.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1223, Cartulaire A de Gournay, Arch. nat., LL 1397, fol. 17.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.

Convenit prelatis ecclesie supra greges suos sollerter invigilando, luporum rabiem arcere, et ne pabula desint omnibus collata ecclesiis, fidelium beneficia, suis et munimentis et interdictionibus quasi quodam vallo firmare. Ego igitur Stephanus, Dei gratia Parisiorum episcopus, sancte posteritati scribere, scriptumque sigilli nostri auctoritate munire curavi, quod terram de Chenuel152 quam ecclesia Sancte Marie de Gornaio ex dono Alberti de Bri per septem annos quiete possederat Fulco de Praheliis335, pro eo quod ejusdem Alberti neptem habebat, extra nuptiarum annum et diem405 calumpniatus est. Dieque, assensu partium, denominata, in curia Stephani dapiferi400 qui tunc Gornaium tenebat, ad cujus dominium terra illa pertinebat, causa diligentissime ventilata et terminata, me presente et annuente, multis quoque clericis et laicis, terra eadem prefato monasterio justo judicio adjudicata est habenda. Judicium autem fecit Rodulfus de Torcheio139, quod confirmatum fuit ibi sanum esse et stare debere. Hanc, inquam, terram ego, de cujus feodo predictum castrum, et que ad illud pertinent, descendebat, sicut eidem monasterio predecessor meus Girbertus concesserat, liberam concessi. Causam itaque istam sic processisse et sic terminatam fuisse testantur qui viderunt et audierunt : Bernerius decanus, Teobaldus de Vileir archidiaconus, Robertus subcentor, domnus Matheus406 prior cum monachis istis : Ingenulfo et Gamo ; supradictus Rodolfus, Symon de Brai, Henricus Magnus, Hugo filius Garnerii134, Teodericus filius Roberti, Radulfus de Martreil, Robertus de Combel, Johannes de Campis, Savericus miles, Warinus de Capreis398, Henricus major, Henricus famulus monachorum, et multi alii.


152 Chenou, ca. Château-Landon, ar. Fontainebleau (S.-et-M.).
335 Bernes, Presles, Le Mesnil (écart de Labbeville), Vaux (écart de Champagne), ca. l'Isle-Adam, arr. Pontoise.
405 Ce délai coutumier d'un an et un jour imparti aux maris pour revendiquer des propriétés qui auraient dû revenir à leurs conjointes, doit être relevé avec d'autant plus d'attention, qu'il fournit, dans des cas semblables, une présomption quant à la date du mariage des réclamants.

400 Etienne de Garlande, sénéchal du roi, s'indentifie, comme le prouve la charte de l'évêque Gilbert II de 1123 (nº 167), avec l'archidiacre de Notre-Dame de Paris qui succéda à Dreux Ier de Mello en 1096 ; il conserva ses attributions ecclésiastiques après que l'intrevention de saint Bernard eut, en 1127, précipité la disgrâce de sa maison qui lui fit perdre ses charges de cour.

Etienne, après la mort de son frère Anseau (1127), tint le château de Gournay-sur-Marne, comme le prouve une charte de 1124/1125 (nº 181).

139 Torcy, ca. Lagny, ar. Meaux.
406 Les limites de date de cet acte sont, d'une part, le jour de la mort de l'évêque Gilbert II (Girbert), prédécesseur d'Etienne ; de l'autre, la date de promotion du prieur Mathieu à l'épiscopat. L'évêché d'Albano était encore occupé par Vital Ier, son devancier, le 28 mars 1126 (Jaffé-Wattenbach, t. I, pp. 780, 828) ; celui-ci n'est donc pas mort en 1125, comme le veut Gams, et Mathieu n'a pu le remplacer qu'en avril 1126 au plus tôt.

134 Garnier de Paris (dit aussi de Braine et de Dreux). Cf. Aug. Longnon, Bulletin de la Soc. de l'Hist. de Paris, 1879, p. 140. — Il est la tige des seigneurs de Gentilly, et de Brunoy, etc.

Garnier II de Paris, fils de Garnier I, eut, entre autres enfants, Hugues, seigneur de Gentilly et de Brunoy. Ce Hugues, qui vivait en 1138, qualifie de neveu (nepos) Soudan de Massy (A. N. K 22, nº 98 ; K 23, nº 38 et 616).

Soudan (Sultannus) était le surnon de Geofroi, fils de Bouchard de Massy et d'Elisabeth (nº 69 et note 291). Il le tenait d'un grand-oncle maternel, Soudan de Paris, fils de Garnier I, cité en 1099 (nº 86).

398 Saint-Brice-sous-Montmorency, ar. Pontoise. — Oissery, ca. Dammartin ; Fresnes, ca. Claye ; Chessy, ca. Lagny ; ar. de Meaux. — Chevry-Cossigny, ca. Brie-Comte-Robert, ar. Melun.