École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 2 » XI. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs sous le règne de Louis VII (1137-1180) » Automne 1143

Le prieur Thibaud II, élu mais non encore intronisé évêque de Paris, préside le chapitre de Saint-Martin-des-Champs où est acceptée la fondation par le frère Hugues, qui fut longtemps prieur de Gouillons, d'une pitance générale de poissons, annuellement faite le jour de sa mort et s'élevant à 20 sous parisis, prélevés sur le revenu d'une terre qu'il acquit à Bondy.

  • B Copie du xive s. Ms. lat. 17742, fol. 333.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.

Noverint tam presentes quam posteri, quod frater Hugo, qui diu tenuit Goilum294, emit quandam terram apud Bonzeias73 de cujus redditu camerarius faciet conventui singulis annis generale piscium xx sol. parisiensium, in die obitus sui. Et ne hoc mutetur vel diminuatur in perpetuum, domnus Teobaldus, Parisiensis episcopus, assensu totius capituli, sub anathemate interdixit225.


294 La Gallia christiana ne fait aucune allusion à cette lettre dans les biographies des prélats cités. Un bref d'Eugène III concernant l'élu d'Arras (Migne, Patrol. latina, t. 180, col. 1374), daté de 1148, est étranger à l'incident. Les Regesta Pontificum (édit. Jaffé-Wattenbach) ne contiennent rien à ce sujet sous l'année 1148. L'élu d'Arras est Godechau (Godescalc) fort apprécié d'Eugène III : il succéda à l'évêque Aluise, mort cette même année.
73 Bondy, ca. Noisy-le-Sec, ar. Saint-Denis (Cf. t. I, p. 16). « Clicei » n'a rien de commun avec Clichy (Clipiacum) et doit se lire « Clacei » ; c'est Clacy, écart de Noisy-le-Sec (ib., pp. 106 et 169).
225 L'évêque Etienne de Senlis mourut non pas le 6 mai, comme le porte le nécrologe de la Cathédrale du xive siècle, mais le 30 juillet, date fournie non seulement par un obituaire de Notre-Dame écrit en 1529, où il est clairement désigné par ces mots « Stephanus Sylvanectensis », mais par tous les nécrologes de Paris et des environs : Saint-Denis, Argenteuil, Saint-Magloire, Saint-Victor ; ce dernier est d'autant plus important à considérer qu'il associe à l'obit d'Etienne celui de son neveu Barthélemi évêque de Châlons, prélat mort en 1151. La date funèbre du 31 juillet 1143 était d'ailleurs inscrite sur la tombe d'Etienne à Notre-Dame ; et les auteurs de la Gallia, en repoussant toutes ces concordances pour faire foi au seul témoignage de l'ancien obituaire, ne nous semblent pas devoir être suivis. L'exemple de la transcription de plusieurs nécrologes, dont il subsiste des textes juxtaposés, montre qu'on modifiait souvent les dates d'anniversaires ; mais on ne saurait admettre qu'une modification faite à Notre-Dame entre 1320 et 1529 aurait influé sur les inscriptions portées antérieurement au xive siècle sur quatre obituaires différents de la région parisienne. C'est bien en 1143 que Thibaud fut élu évêque de Paris, suivant, le Chronicon breve Sancti Dionysii (Spicilegium, II, 809). Toutes les chartes qu'on rencontrera plus loin donnent aussi l'année 1143 comme point de départ de son pontificat. Mais il dut commencer seulement au milieu de l'automne. La lettre 224 de saint Bernard déplore le veuvage prolongé de plusieurs églises, notamment celle de Paris, par suite du retard apporté par le roi à faire parvenir aux clergés de ces églises l'autorisation de procéder à des élections canoniques. Les termes de cette épître supposent une période dilatoire très prolongée : on ne saurait guère la réduire à moins de quatre mois. — Thibaud fut consacré évêque après le 13 octobre 1143 (nº300).