École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » Actes concernant l'obtention par Cluny, puis par Saint-Martin des Champs, de bénéfices qui entrèrent dans la dotation du prieuré de Gournay-sur-Marne. » 1079-1er mai 1095

Gilbert Payen (de Garlande) cède pour 80 livres la terre et toute la seigneurie de Noisiel à St-Martin ; ses frères Etienne, clerc, Anseau, Guillaume et un autre Gilbert approuvent cette cession.

  • A Original perdu.
  • B . Copie de 1118, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 39, nº 84.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, Joseph Depoin (éd.). Ligugé : 1913-1921.
D'après a.

Sciant omnes Xristi fideles quod Gislebertus cognomento Paganus151 dedit æcclesiæ Sti Martini de Campis, villam de Nuisiello137 et totam terram et lucum, et molendinum, et aquam, et omnia que ville illi sunt appenditia, preter lucellum unum et fedum militum que sibi retinuit, excepto cujusdam Hugonis militis, prepositi scilicet sui, feodo, quem æcclesiæ concessit, quem ipse Hugo a priore et senioribus sub juramento fidelitatis recepit. Visum fuit etiam nobis utillimum in hac cartula memoriter retinendum, ne quod superius diximus ex toto videatur gratis esse datum, quater viginti libras habuisse, de quo superius diximus, Gillebertum. Hoc autem totum in supradicta æcclesia Sti Martini factum est, et a Gilleberto super sacrosanctum altare donum est positum, quod etiam a fratribus suis, Stephano videlicet clerico, Anselmo, Willelmo, et alio Gilleberto, cunctis videntibus qui aderant, concessum est et factum , Walfrido Parisiorum episcopo vivente18, Cluniacensi existente abbate pio patre Hugone138, sub cujus æcclesiæ Sti Martini preerat prior Ursus regimine.

Cujus rei testes sunt Odo fîlius Guerrici, Willelmus Marmerellus, Rotbertus de Canolio152, Drogo Drelleatus270, Odo de Derenciaco153, Rotbertus filius Stephani154, Paganus frater ejus ; Odo fîlius Odonis, Olricus falconarius, Rainerius, Walterius fîlius Aszonis, Johannes nepos Rotberti filii Stephani154, Heldigerius de Greva, Arnoldus de Parvo-ponte, Ivo de Domnomartino, Walterius major, Warinus frater ejus36 ; Hugo de Aneto13

Et ut hoc quod superius dictum est, firmissimum esse videatur, scribere placuit quod Nanterus de Montegaio241 de cujus benefîcio villa que Nuisiellus vocatur cum suis appendiciis erat, æcclesiæ Sti Martini cum Eva uxore sua241 Domino Deo et senioribus inibi viventibus et in eadem æcclesia concessit.

Hujus rei testes sunt : Ansellus, Petrus Senglerius98, Johannes fîlius Lamberti, Balduinus de Stampis, Ivo cocus, Warinus frater majoris, Hubertus, Frotbertus Rufus, Burchardus et Bernardus fratres, Fredericus de Sancto Dionisio, Georgius sacrista.


151 Cette notice, d'une importance capitale pour l'histoire de la maison de Garlande, surtout en la rapprochant du nº60, précise l'existence de deux frères homonymes, du nom de Gilbert, dont l'un, le futur grand-bouteiller de Louis VI, portait le surnom de Payen. Etienne, clerc, n'est autre que le futur chancelier de Louis VI, archidiacre de Paris. Anseau devint grand chambrier sous le même règne. Guillaume est l'ancêtre de la maison de Livry. Payen, Anseau et Guillaume assistèrent à la donation d'Aubert de Moussy (nº59). — Nous avons dû nous en référer aux limites 1079-1er mai 1095, fournies par l'entrée des Clunisiens à St-Martin et par le décès de l'évêque Geofroi. Mais la donation se rapproche beaucoup de cette dernière date.
137 Noisiel, ca. Lagny, ar. Meaux. — Cette terre fut possédée à la fin du xie siècle par Gilbert Payen de Garlande, frère d'Anseau, le sénéchal de Louis VI. Adam, fils d'Aubert, nous apparaît comme la tige de cette maison. Anseau de Garlande, fils d'Adam, et ses frères, réclamaient contre Giboin, abbé de Lagny, l'avouerie des terres de Corbon et de Courtalin (voisine de Faremoutier), comme ayant appartenu à leurs ancêtres (s. d. Ms. lat. 9902, fol. 115). Sire Aubert, père d'Adam, s'identifie, croyons-nous, avec le père du grand-bouteiller Hugues et de Gautier, dont fut fils le grand-chambrier Galeran de Senlis. Cette parenté expliquerait la haute fortune des frères de Garlande.
18 Cette pièce a échappé aux auteurs de la Gallia christiana nova, qui font commencer l'épiscopat d'Imbert « circà annum 1030 ». Puisque, en novembre 1060, il était dans sa 33e année d'épiscopat, il a été intronisé avant le 29 novembre 1028 ; or son prédécesseur Francon, cité dans un titre de 1028, étant mort le 24 juillet, il faut placer l'avènement d'Imbert entre le 25 juillet et le 29 novembre 1028 (Cf. Gallia, VII, 47-49, et D. Bouquet, Rec. des Hist. de France, X, 619). Imbert mourut le 22 novembre 1060, peu de jours après avoir donné cette charte, qui fut probablement écrite à l'occasion de la fête de St-Martin d'hiver, le 11 novembre. Geofroi de Boulogne, successeur d'Imbert, mourut le 1er mai 1095. (Depoin, Essai sur la chronologie des évêques de Paris de 778 à 1138, p. 23 ; tir. à p. du Bulletin historique et philologique, 1906, p. 236).
138 L'abbatiat de saint Hugues à Cluny dura de 1049 & 1109. Il n'est pas ici question de St-Martin-des-Champs ; l'église de Noisiel ne lui fut attribuée qu'après 1107, car elle ne figure dans les bulles ni d'Urbain II, ni de Pascal II, mais seulement dans celle de Calixte II, du 27 novembre 1119.
152 Chenou, ca. Château-Landon, ar. Fontainebleau (S.-et-M.).
270 Drogo Reillez est le Drogo Drelleatus qui fut appelé avec Eudes de Drancy et d'autres nobles du voisinage à constater la donation de la terre de Noisiel à St-Martin par Gilbert Payen de Garlande (nº62). Son nom paraît donc s'être prononcé Reillé. Toutefois l'intitulé inscrit en rubriques dans le Liber Testamentorum porte : « Carta de Drogone Reille « Cet acte pourrait donc intéresser la famille qui porte ce nom de nos jours. Quant à la date de la notice, nous la regardons comme très voisine de la mort du prieur Ourson qui y est nommé, mais avec la formule " qui tunc temporis erat » indiquant clairement qu'au moment de la rédaction — qui dut suivre de près les faits relatés — un autre prieur était en charge.
153 Drancy, ca. Noisy-le-Sec, ar. St-Denis (Seine). — L'église de Drancy (Ecclesia de Renzegio) est comprise dans la bulle confirmative d'Urbain II en 1096 (nº75), et dans la charte de l'évêque Guillaume de Paris en 1098 (nº 82).
154 Etienne était prévôt de Paris en 1067 (nº12 supra ; Cf. note 268) et peut-être encore vers 1083 (nº24) : à ce moment son fils Robert, assistant à la donation de Foulques d'Annet, est qualifié filius prefecti. Robertus, filius Stephani prepositi Parisiensis, intervient dans l'accord entre St-Martin et le seigneur de Neuilly-sur-Marne (nº63). Ici il est accompagné de son frère Payen et de son neveu Jean. Payen, fils. d'Étienne, est témoin pour Raoul Deliés en 1092-1093 (nº53). C'est peut-être le même que Galon, frère de Robert, nommé avec lui et Henri, fils de Robert, en 1096 comme témoin de la donation de Montmartre (nº72). Robert de Paris, simple gentilhomme et nullement comte comme certains l'ont cru par méprise, se croisa et périt à la bataille de Dorylée (Riant, Note sur Robert de Paris, chevalier croisé. Bulletin de la Soc. de l'Hist. de Paris, sept. 1879, 6e année, 5e livr., p. 130). On ne voit pas bien où se trouvaient ses domaines. Peut-être possédait-il Ivry-sur-Seine ; nous rencontrons plus loin Henri d'Ivry, gendre de Payen Hérisson de Neuilly qui prit Robert pour arbitre (nº63). S'il s'identifie avec Henri, fils de Robert, il faut lui donner pour frère Ansoud, Ansoldus filius Rotberti de Ivri, témoin en 1096-1097 (nº78). — Cf. Appendices au Cartulaire de St-Martin de Pontoise, p. 270.
36 Gautier, frère aîné de Thion, maire de Noisy-le-Grand, ayant été remplacé entre 1101 et 1105 et disparaissant à partir de ce moment (cf. note 272), cette charte se place entre 1079 et 1104 environ. On peut se demander si Archambaud qualifié maire n'aurait pas été le devancier de Gautier, qui n'a point de titre dans cette pièce ; d'autre part, les moines ne sont point nommés. C'est pourquoi nous proposerions de placer cette notice entre 1067, date de la dédicace de l'église dans laquelle fut fait le don, et 1079, époque de l'entrée des moines, mais à une date très voisine de 1079, en raison du surnom « de Campis « attribué au monastère.
13 Annet-sur-Marne, ca. Claye-Souilly, ar. Meaux (Seine-et-Marne).

241 La suzeraineté exrcée par Nantier de Montjay à Annet-sur-Marne ne laisse aucun doute sur l'identification de son château avec Montjay-la-Tour, écart de Villevaudé qui, comme Annet, appartient au canton de Claye-Souilly, arr. de Meaux.

Nantier souscrit avec son frère Payen, en 1090, le diplôme de Philippe Ier pour St-Remi de Reims, en compagnie d'Eudes, comte de Corbeil. Nous apprenons ici que le nom baptismal de Payen fut Arnoul. Cette précision nous oblige à le distinguer d'un second Payen de Montjay, ayant pour prénom définitif Aubri, et dont nous aurons à reparler à propos d'une approbation qu'il accorda à la donation de Champmotteux à St-Martin-des-Champs en 1122. Payen Aubri est cité dès 1108 à de nombreuses reprises dans Luchaire (Annales de la vie de Louis VI, pp. 53, 97, 134, 158, 260, 329) ; il est confondu, à la table, avec Arnoul Payen (cité p. 2). C'est de ce dernier qu'il s'agit dans les pièces nos38, 62 et 90 du présent recueil.

Nous verrons (nº 90) qu'Eveline (Avelina), femme de Nantier de Montjay, était nièce de Josselin, archidiacre de Paris (cf. note 24).

98 Pierre Sanglier, appelé ailleurs Petrus Aper. Sa sœur Agnès épousa Adebran de Sevran (nº105 infrà). Pierre Sanglier fit une libéralité à St-Martin, de concert avec Adeline sa femme, et ses fils Simon et Pierre (nº106).