École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » 1098 ou 1099

Lambert, neveu d'Hubaud, donne dix hôtes à Pontoise, pour le salut de son seigneur Garnier de Senlis. Agnès, fille de Raoul Deliés et d'Hahuis, étant absente, donne pouvoir à ses parents d'approuver en son nom cette libéralité.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1118, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 37', nº 57.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, Joseph Depoin (éd.). Ligugé : 1913-1921.
D'après a.

Notum sit omnibus Xristi fidelibus f. et p. quod Lambertus nepos Huuboldi, concedente uxore sua Tesza nomine, dedit æcclesiæ Sti Martini de Campis pro salute animæ suæ, et conjugis, et antecessorum suorum, et pro salute cujusdam domini sui Guarnerii Silvanectensis211, x hospites. Hoc concessit Radulfus Delicatus et uxor ejus Hahuis122 loco Agnetis filie suæ, que filia donum Lamberti concessit ; sed quia absens erat, mandavit patri suo et matri ut in loco suo illud concederent. Quod et factum est, audientibus his testibus : Landricus de Oomonte212 ; Walterio de Sancta Honorina213 ; Hugone Berruerio ; Giroldo et Alberto fratre ejus, hospitibus Sti Martini ; Gaufrido et Engelbodo ; Rotberto filio Roscelini et Rotgerio fratre ejus, Huberto et Alberico atque Bernerio clericis ; Radulfo clerico, uno de hospitibus.

Hujus concessionis testes sunt : Gervasius dapifer313 ; Frogerius Cathalaunensis ; Willelmus Garlandensis151; Fredericus camerarius214 ; Balduinus veredarius215 ; Fulco filius Helionis ; Herbertus nepos Warnerii ; Gaufredus bolengerius, Ebroinus cocus.

Hi autem hospites, unde sermo habetur, apud Pontesiam consistere videntur.


211 Sur Garnier de Senlis, voir Appendices au Cartulaire de St-Martin de Pontoise, p. 278. — Luchaire pense qu'il est difficile de préciser la date de cette donation, et la place entre 1098 et 1108 (Louis VI, nº 69), dates extrêmes de l'administration de Louis le Gros comme roi désigné. — Nous verrons plus loin (note 220) que Hahuis mourut le 17 décembre 1099.
122 Méru, ar. Beauvais. — Cette donation fut faite du vivant d'Hermer de Pontoise, premier mari de Comtesse, fille de Raoul et d'Hahuis. Comtesse était remariée dès 1096 à Gautier Payen, vicomte de Meulan. Le prévôt Gui, fils d'un premier mariage d'Hermer, est cité en 1092 et 1093. — Il n'est pas question d'Agnès, autre fille de Raoul, qui épousa depuis Bouchard IV de Montmorency, Henri, fils de Raoul II, est cité en 1093 avec lui (Cartulaire de St-Martin de Pontoise, pp. 27, 248, 295). D'autre part, l'autel de Mareio est compris dans la bulle d'Urbain II, le 14 juillet 1096.
212 Omont, auj. Domont, ca. Ecouen, ar. Pontoise. Voir sur Landri, note 96.
213 Conflans-Sainte-Honorine, ca. Poissy, ar. Versailles.

313 Gervais succéda comme sénéchal de Philippe Ier, dès 1081, à son devancier Adam, promu au dapiférat en 1079, et qui exerçait peut-être encore sa charge en 1080. Son dernier acte est de 1090. La même année ou la suivante au plus tard il fut remplacé par Manassé, et celui-ci dès 1091 par Gui de Rochefort (Maurice Prou, Recueil des Actes de Philippe Ier, Introd., p. 138). — Quant à la seconde notice, il résulte d'une charte confirmative d'Eudes III, év. de Beauvais (LL 1351, fol. 68) que ce Gervasius miles fut dapifer regis. C'est Gervais I de Châteauneuf-en-Thimerais, nommé avec sa femme, ses quatre fils et ses deux filles dans une charte de 1104 (Coll. Moreau, XLI, 149). Mabile survécut à son mari ; elle est citée avec son fils Hugues II et sa bru Auberée, fille du comte Robert I de Meulan (Coll. Baluze, XXXVIII, 231). — Elle était probablement sœur de Sagalon III de Milly, d'où lui seraient venus les droits sur les travers de Milly et de Conty, qui paraissent bien avoir fait partie de sa dot. Amicie, fille aînée de Sagalon III et héritière de Milly, unie à Pierre de Gerberoy, eut une fille appelée Mabile.

La mère de Mabile de Châteauneuf est connue par une lettre d'Ives de Chartres. C'est une autre Mabile, sœur de Robert de Bellesme et fille de Roger de Montgommery. Josseline, mère de Roger, avait elle-même pour mère Seufrie, sœur de la duchesse Gonnor de Normandie. Ives s'opposa, en vertu de cette généalogie, au mariage de Hugues de Châteauneuf, fils aîné de Gervais, avec une fille du roi Henry Ier d'Angleterre, lequel out Gonnor pour trisaïeule. Aucun compte n'ayant été tenu de ses menaces, Ives excommunia le jeune Hugues. Le légat du Saint-Siège, Gonon de Préneste, paraît lui avoir donné tort (Migne, Patrologia latina, t. 162, pp. 265, 270, epp. 261, 266). Cependant Hugues ayant fini par épouser la sœur de Galeran II, comte de Meulan, partagea en 1124 le sort de celui-ci, qui, s'étant révolté contre Henry Ier, fut défait et puni.

151 Cette notice, d'une importance capitale pour l'histoire de la maison de Garlande, surtout en la rapprochant du nº60, précise l'existence de deux frères homonymes, du nom de Gilbert, dont l'un, le futur grand-bouteiller de Louis VI, portait le surnom de Payen. Etienne, clerc, n'est autre que le futur chancelier de Louis VI, archidiacre de Paris. Anseau devint grand chambrier sous le même règne. Guillaume est l'ancêtre de la maison de Livry. Payen, Anseau et Guillaume assistèrent à la donation d'Aubert de Moussy (nº59). — Nous avons dû nous en référer aux limites 1079-1er mai 1095, fournies par l'entrée des Clunisiens à St-Martin et par le décès de l'évêque Geofroi. Mais la donation se rapproche beaucoup de cette dernière date.
214 Le chambrier Ferri cité dans deux notices de St-Martin des Champs en 1094 (nº48) et 1099 ne se distingue pas du Fredericus camberlanus qui souscrivit, entre 1101 et 1106, un diplôme par lequel Philippe Ier interdit au prévôt de Paris de lever sur les hommes du roi, à Bagneux, d'autres exactions que les amendes légales, et qui dispense ces hommes du service de l'ost (M. Prou, Actes de Philippe Ier, nº 153, pp. 385-386). Il est dénommé Fredericus cubicularius dans une notice de N.-D. de Longpont dont les synchronismes permettent de fixer la date au début de 1108 (Ms. lat. 9968, nº 42 et fol. 9, éd. Marion, p. 19 ; cf. Luchaire, Institutions monarchiques, t. I, p. 174, note 6). Les qualifications de camerarius, camberlanus, cubicularius, données pour ainsi dire indifféremment au même personnage, montrent que Ferri, chambellan du roi, était en fait un sous-chambrier, placé sous l'autorité du grand officier qualifié camerarius par la chancellerie royale. M. Prou l'a justement remarqué dans son Introduction aux Actes de Philippe Ier (P. clii-cliii). La traduction « cubiculaire » est un expédient qui ne satisfait point aux exigences du langage roman qu'on parlait à la cour de Philippe Ier ; elle ne répond à rien de contemporain. D'ailleurs les attributions du chambrier s'étaient étendues, comme M. Prou le constate, « de la garde du trésor à tout ce qui concernait le gîte du roi, l'ameublement et l'entretien du palais ". Il est permis de le considérer comme un majordome : » cette hypothèse est corroborée par la qualification de magister domus regiæ, appliquée au chambrier Galeran « en 1071 (Ib. nº 55, p. 147).
215 Baudoin exerçait sans doute les fonctions qui plus tard furent celles du « courrier et chevaucheur du roi », occupées sous Louis XI par Aubert le Groing (Depoin, le Livre de raison de St-Martin de Pontoise, p. 13).