École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 2 » VII. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs sous le règne de Louis VI le Gros, de 1126 à 1137 » 1126 — 1129

Acte établissant les droits de St-Martin sur la terre et l'église de Choisy-en-Brie.

Aleaume, prieur de Cluny, approuve un échange par lequel sont abandonnés par les moines de Rueil-en-Brie, à ce autorisés par Eudes, prieur de La Charité-sur-Loire, les droits prétendus sur la terre de Choisy-en-Brie, donnée à St-Martin par le vicomte Geofroi II de la Ferté-Ançoul.

  • A Original perdu.
  • B Copie du xiie s., Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 90.
  • C Copie de 1209, Arch. nat., LL 1351, fol. 88, non collationnée.
  • D Copie du xve siècle, Arch. nat., LL 1352, fol 86'.
  • E Copie du xvie, Arch. nat., LL 1353, fol. 104.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.

Notum sit omnibus fidelibus quod in presentia domni Adelelmi22 prioris Cluniacensis, in capitulo Ste Marie de Caritate concorditer laudatum est concambium a priore ejusdem loci Odone et universo capitulo, quod concambium faciebant inter se monachi de Radolio23 et monachi Sti Martini de Campis : Hoc autem est concambium quod monachi Radolii in capitulo suo concesserunt monachis Sti Martini quicquid habebant in ecclesia et villa et appendiciis ville Choisiaci24 retinentes sibi quicquid Sanctus Martinus habeat apud Wasleium de elemosina domni Gaufredi vicecomitis25 et quedam alia que ipse vicecomes addidit.


22 Cette charte émane d'un prieur de Cluny dont le nom ne se retrouve sur aucun des actes rassemblés par M. Bruel, de la fin du xie au milieu du xiie siècle. On trouve dans le Recueil des chartes de Cluny Les prieurs Pierre II (inconnu à la Gallia, et successeur d'Ives Ier 1081-1093), qui paraît en 1098 (V, 73) ; Henri (cité en 1100 dans la Gallia) en 1101 (V, 159) ; Bernard Ier, ancien chambrier (cité dès 1105 par la Gallia), en 1114 (V, 259) date de son élection comme abbé de Saint-Martial de Limoges ; Bernard II (qui d'après la Gallia succéda dès 1116 à Ives II, prieur sous Ponce de Melgueil) en charge jusqu'en 1123 (V, 282, 325), et même en 1125 d'après la Gallia, qui ne tient pas compte du passage de Mathieu Ier de Saint-Martin-des-Champs au grand priorat de Cluny où Pierre le Vénérable l'appela peu après son intronisation le 22 août 1122 ; puis Arman vers 1130 (V, 367) ; Arbert en 1142 (V, 427), Herman en 1149 (V, 489). La liste de la Gallia après 1125 comprend Guillaume Ier, Humbert en 1136, Arbert en 1142, Guillaume Ier remis en charge est mort vers 1145 ; Armand de Montboissier frère de Pierre le Vénérable, fait ensuite abbé de Grandlieu ; Pierre II (qui doit être catalogué Pierre III), qui devint abbé de Saint-Martial en 1156/1157. Où placer Adelelmus ? Le synchronisme d'Eudes, prieur de La Charité-sur-Loire, nous engage à classer immédiatement après Bernard II ce prieur Aleaume. La chronologie des prieurs de N.-D. de la Charité, donnée par la Gallia (XII, 404) paraît bien suivie. Gérard, le premier d'entre eux, institué par saint Hugues en 1056, jouit d'une longévité analogue à celle de l'illustre abbé et s'éteignit en 1107. Eudes Ier Arpin de Montfaucon, l'ancien vicomte de Bourges qui céda ses droits seigneuriaux à Philippe Ier en 1095 pour embrasser la vie religieuse, devint alors prieur et resta en charge au moins jusqu'en 1121. Dès 1130 Imier était prieur ; Ouri lui succéda, puis Pierre Ier dont l'année 1143 fut la dernière. Depuis lors aucune lacune n'est soupçonnable dans la liste connue. La donation de la terre de Choisy ayant provoqué selon toute apparence celle de l'église, concédée par Bouchard, évêque de Meaux, qui trépassa le 3 janvier 1134 (Gallia, VIII, 1612), il s'agit bien, dans la charte d'Aleaume, du prieur Eudes Ier ; donc Aleaume s'intercale entre Bernard II (encore en charge en 1125) et Arman (cité vers 1130). Les limites de la charte sont ainsi circonscrites entre les dates 1126-1129. Elle se trouve insérée dans une des parties du Liber Testamentorum où ne se rencontre aucun acte ayant date certaine postérieure à 1129.
23 Rueil (ou Reuil-en-Brie), ca. La Ferté-sous-Jouarre, arr. Meaux.
24 Choisy-en-Brie, ca. La Ferté-Gaucher, ar. Coulommiers (S.-et-M.).
25 Geofroi, vicomte de la Ferté-Ançoul (Firmitas Ansculfi, depuis La Ferté-sous-Jouarre, ar. de Meaux), doit être catalogué. Geofroi II en raison de son rattachement au vicomte Geofroi I (Galfredus vicecomes) qui souscrit avec Jean, prévôt de Meaux (Johannes præfectus Meldensis) une charte des comtes Etienne-Henri et Thibaud IV sous Manassé Ier, évêque de Meaux, en faveur de l'église Ste-Céligne de cette ville, antérieurement au départ d'Etienne pour la Terre-Sainte où il mourut en 1102 (Ms. 1. 12878, fol. 305). Geofroi II épousa Constance (de race royale, rappelant par son nom le souvenir de Constance, troisième femme du roi Robert le Pieux). Leur fille, Mahaud, fut abbesse de Notre-Dame de Soissons dont elle reconstruisit l'église : son éloge funèbre, dans le nécrologe du monastère, débute ainsi : « XVI kal. Novembris, obiit domna Mathildis venerabilis abbatissa, regali stirpe clara. « (Coll. D. Grenier, vol. 63 bis). Geofroi mourut un 15 avril et Constance un 2 février : « III non. Februarii, obiit Constancia regali progenie orta, mater venerabilis abbatisse Mathildis... « (Nécrologe, coll. D. Grenier, vol. 63 bis). — C'est par suite d'une erreur de date bien évidente qu'on a supposé Geofroi encore vivant en 1154. « Gaufredus vicecomes Firmitatis Ansculfi », sa femme Constance et leurs deux enfants Pierre et Ade, sont cités ensemble (Du Plessis, Hist. de Meaux, Preuves, t. II, p. 42). Pierre mourut avant son père, un 26 septembre, c'est à sa prière que Geofroi II donna la voirie de Charly (Aisne) à N.-D. de Soissons, dont Mahaud était déjà abbesse (D. Germain, Hist. de N.-D. de Soissons, p. 440 ; Nécrol. de l'abbaye) de concert avec Hécelin et Mathieu Lorrain (Hecelinus Matheusque Lothoringenses) ; Cf. Arch. de l'Aisne, H 1508, fol. 256.