École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » Vers 1105

Après avoir renoncé à ses prétentions sur une dépendance de la terre de Noisy, Dreux Reille, quoique largement indemnisé, réclame le droit de pitance pour lui, sa femme et ses chevaliers lorsqu'ils voudront venir à St-Martin-des-Champs. Le prieur transige en lui donnant un écu de sept sous ; en outre, Dreux aura le droit d'être reçu au couvent s'il veut un jour se faire moine, et dans tous les cas d'y être enterré, s'il ne meurt pas en état d'excommunication. Approbation de son fils Thierri Reille.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1118, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 5-6, nº 10.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.

Notum fieri volumus omnibus Xristi fidelibus quod Drogo Reillez270 et Aleidis uxor ejus calumpniam quam faciebant in terra de Chaviniaco271 que continetur inter confinia de Nuisiaco reddiderunt pacificam æcclesiæ Sancti Martini de Campis et monachis in ea existentibus, concedentibus Willelmo Marmerello de cujus feodo eam tenebant, et Pagano et Simone fratribus et Eliarde matre sua et Beatrice filia sua. Drogo inde habuit ccctos solidos, uxor ejus unciam auri ; Sugerus et mater ejus xl solidos, Joscelinus monachus unam pelliciam ; Willelmus Marmerellus et mater ejus lx solidos : Simon filius ejus xii denarios ; Wido de Cala280 unciam auri.

Hujus rei testes sunt : Godardus filius Gudramni ; Walterius major de Nuisiaco272 ; Bertrannus et Balduinus filius ejus ; Ebrardus decanus ; Poncius et Godefredus filii ejus ; Walcherius, Atto, Arnulfus, Odo famulus supradicti majoris.

De familia Sancti Martini adfuerunt Walterius major36, Tetbertus, Helgodus, Herbertus, Witbertus, Hugo, Walandus, Bernardus merchator, Walbertus, Durannus, Georgius, Rodulfus, Odo de Prato-Sancti-Gervasii273, Walterius de Cersella104, Malzerius major.

Post multum vero temporis, eo instigante qui semper mendax est et primum hominem fallaciter decepit, accidit ut supradictus Drogo eandem terram falsa occasione et sine ratione violenter sibi arripereta, dicens in venditionis conventione a priore Ursione qui tunc temporis erat, sibi fuisse concessum ut, quociens cum uxore seu cum militibus ad æcclesiam Sancti Martini veniret, tociens consuetudinaliter ibi pranderet. Sed quamvis ex parte æcclesie multi testes adhuc viventes huic falsitati contradicerent, prior Ursus cum senioribus, ut est mos sanctæ Æcclesiæ que sponso suo Domino Ihesu Xristo pacifice vellet servire, sepedicto Drogoni scutum unum parisiensem de septem solidis dedit ; sicque terram sine calumpnia æcclesiæ Sancti Martini in pace reliquit.

Quoddam tamen, quod est satis laudabile, sibi retinuit, videlicet ut si, divina gratia inspiratus, monachus vellet esse, a priore et senioribus reciperetur in congregatione ; sin autem in seculo moreretur sine excommunicatione, ab eisdem traderetur sepulture.

Hujus rei testes sunt ex parte ejus : Suggerus et Arnulfus. Ex parte Sancti Martini : Hildigerius de Greva, Odo de Balbiniaco102, Walterius major et Warinus fratres, Poncius, Godardus, Gilbertus, Adam.

Teodericus filius Drogonis Reillez concessit donum quod pater suus fecerat de causa de Nuisiaco et Chaviniaco.

Hujus rei testes sunt : Bertrannus filius majoris272, Godefridus filius Guntramni, Adam filius majoris, Walterius majorb, Walterius Infans, Godardus filius Ebrardi, Gislebertus filius Emelini ; Bernardus filius Fulchradi, Bertrannus de Ebla, Fredericus prepositus, Heinricus Rusellus, Jonas, Teobaldus faber, Walterius major, Warinus frater ejus.


270 Drogo Reillez est le Drogo Drelleatus qui fut appelé avec Eudes de Drancy et d'autres nobles du voisinage à constater la donation de la terre de Noisiel à St-Martin par Gilbert Payen de Garlande (nº62). Son nom paraît donc s'être prononcé Reillé. Toutefois l'intitulé inscrit en rubriques dans le Liber Testamentorum porte : « Carta de Drogone Reille. « Cet acte pourrait donc intéresser la famille qui porte ce nom de nos jours. Quant à la date de la notice, nous la regardons comme très voisine de la mort du prieur Ourson qui y est nommé, mais avec la formule " qui tunc temporis erat » indiquant clairement qu'au moment de la rédaction — qui dut suivre de près les faits relatés — un autre prieur était en charge.
271 Chenay, éc. Gagny, ca. Le Raincy, ar. Pontoise, très voisin de Noisy-le-Grand.
280 Lagny-sur-Marne, ar. Meaux (Seine-et-Marne). — Chelles, ca. Lagny.— Villeflix, éc. Noisy-Ie-Grand, ca. Le Raincy, ar. Pontoise (S.-et-O.)
36 Gautier, frère aîné de Thion, maire de Noisy-le-Grand, ayant été remplacé entre 1101 et 1105 et disparaissant à partir de ce moment (cf. note 272), cette charte se place entre 1079 et 1104 environ. On peut se demander si Archambaud qualifié maire n'aurait pas été le devancier de Gautier, qui n'a point de titre dans cette pièce ; d'autre part, les moines ne sont point nommés. C'est pourquoi nous proposerions de placer cette notice entre 1067, date de la dédicace de l'église dans laquelle fut fait le don, et 1079, époque de l'entrée des moines, mais à une date très voisine de 1079, en raison du surnom « de Campis « attribué au monastère.
273 Le Pré-Saint-Gervais, ca. Pantin, ar. Saint-Denis. La présence d'Eudes du Pré-Saint-Gervais dans la notice suivante nous incite à la rapprocher de celle-ci.
104 Sarcelles, ca. Ecouen, ar. Pontoise (S.-et-O.). — Gautier de Sarcelles figure dans la donation de Dreux Reille vers 1105 (nº101).
a B acciperet.
102 Bobigny, ca. Noisy-le-Sec, ar. Saint-Denis (Seine).
b Ce nom répété plus bas, est ici mis par une méprise du copiste.