École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 3 » XIII. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs sous le règne de Philippe-Auguste (1180-1223). » 567-576. — Chartes du prieur Robert, non datées (1176-7 janvier 1201). Essai d'une chronologie de ces actes. Obit du prieur Robert, inhumé à Saint-Martin.

567-576. — Chartes du prieur Robert, non datées (1176-7 janvier 1201). Essai d'une chronologie de ces actes. Obit du prieur Robert, inhumé à Saint-Martin.

VII idus januarii. Depositio domni Roberti, prioris hujus loci. Officium fiat ad plenum, et itur in refectorium ad charitatem.

Édit. Marrier, Monasterii Sancti Martini de Campis historia, p. 197, « ex vetere nostro et ms. Martyrologio ».

De nombreuses chartes du prieur Robert nous sont parvenues dépourvues de toute date. Pour en déterminer le classement, il importe de s'entourer des renseignements que peut fournir une connaissance suffisante des listes de dignitaires de la communauté contemporains de ce prieur. Dom Marrier a consacré un de ses travaux inédits à dresser la « Nomenclatura monachorum Martinianorum, altius quam fieri potuit, petita » comprise dans le registre Arch. nat., LL 1372. Très précieuse pour le xve siècle et les suivants ; cette énumération est pauvre pour la plus ancienne période, et, comme on va le voir, n'est pas absolument sûre. Nous allons essayer de réunir les données qu'on peut tirer des pièces du présent Recueil.

En 1176 Robert était encore sous-prieur (t. II, p. 352) ; le chambrier Pierre, le secrétaire Jozon, l'hôtelier André lui sont associés. Cette même année Raoul de Sully, abbé de Cluny, étant retourné à La Charité, et renonçant à la direction de l'ordre, Gautier de Châlons, prieur de Saint-Martin, fut élu à sa place, et Robert devint son successeur au monastère de Paris.

En 1177, le chambrier Pierre reparaît ; André est devenu cellérier (t. II, p. 361). A cette date, D. Marrier note « Rolannus subcamerarius » (Arch. nat., LL 1372, fol. 37).

En 1181 Pierre est toujours chambrier, Jozon secrétain, André cellérier, mais avec un nouveau sous-prieur, Simon III (dès 1180 ; cf. nº 460) qui se distingue d'un homonyme, « Simon armarius » (nº 464).

En 1182 le chambrier Pierre est remplacé par Josselin, et le sous-prieur Simon III par Jean ; Jozon reste secrétain (nº 466). Le cellérier André se retrouve dans un acte sans date, avec le sous-prieur Jean et le chambrier Josselin.

Jozon exerçait encore son office en 1186, puisque, à cette date, nous rencontrons comme témoin « Albericus, nepos Joszonis sacriste » (nº 488). C'est par méprise que D. Marrier met sur sa liste « Nicolaus sacrista, 1181 » : le document où figure ce personnage a soin de préciser qu'il était secrétain du prieuré d'Acy (nº 463) et dans l'acte figure en même temps Jozon, secrétain de Saint-Martin. Ce Nicolas souscrit, à Acy, avec son prieur Barthélemi en 1186 (nº 488).

A une date qui se place entre 1186 et 1193, Jozon fut remplacé par Jean, qu'on rencontre avec le chambrier Josselin et le chapelain du prieur Robert, Hélie, dans une charte de l'évêque Maurice (nº 545).

Dom Marrier (Arch. nat., LL 1372, fol. 38) a tiré d'un document que nous ignorons le groupe suivant : « Johannes subprior, Simon subprior, Joscelinus camerarius, Joszo sacrista, Philippus armarius " ; Simon aurait été alors, en réalité " tercius prior ». Mais il est impossible d'admettre la date 1193 indiquée par lui : peut-être est-ce une erreur pour 1183.

En 1193, en effet, Jean II, sous-prieur (apparemment le précédent secrétain) a pour compagnons le tiers-prieur Thibaud, le chambrier Guillaume (élu prieur en 1200), un nouveau secrétain, également nommé Guillaume, et le chantre Herbert (nº 535).

Mais entre Jozon et Jean, doit s'intercaler un « Avoristus sacrista " dans lequel on reconnaît, à travers la méprise d'un scribe, " Anculfus " (Ançoul) associé à " Richerius hospitalis » ; par les synchronismes, cet acte de l'évêque Maurice a pour limites 1186-1192 (nº 521).

Ançoul est probablement le prieur de Gournay qui en 1186 fut remplacé par Thibaud, transféré d'Acy. D'autre part Ançoul mourut dans l'exercice des fonctions de sous-prieur ; c'est sous ce titre qu'il est commémoré par le Nécrologe de Saint-Léonor (Douët d'Arcq, p. 150) au 11 octobre. La charte 569 réunit « Anculfus supprior, Petrus almarius, Guido granarius, Angerius capellanus Prioris ».

Enfin dans la chronologie des chambriers contemporains du prieur Robert s'intercale un Aubert, entre Josselin (1186) et Guillaume (1193), associé dans une charte de Foulques, abbé de Saint-Germain-des-Prés (mort le 2 mai 1192) au cellérier Pierre et à l'hôtelier Richer (nº 524).

La succession des sous-prieurs est moins précise. Une charte qu'on peut placer vers 1186 (nº 568) présente, comme exerçant cette charge, Simon IV avec le chambrier Josselin, le secrétain Jozon et un « Philippus armarius » dont Simon fut peut-être le devancier cité en 1181 avec le sous-prieur Simon III.

Le sous-priorat d'Ançoul coïncide avec la présence de « Petrus armarius " et de " Guido granarius ».

En 1190 Guillaume est sous-prieur (nº 513). Nous venons de noter Jean II en 1193.

Postérieurement, donc dans les dernières années de Robert, se rencontre le sous-prieur Hugues, avec le secrétain Richer, dans lequel se peut reconnaître l'hôtelier successeur d'André : sa charge en 1200, est occupée par Gautier.

Hugues paraît n'être autre qu'un « H. cellerarius « en fonctions entre 1192 et la mort de Robert.

Ce dernier événement se produisit durant l'exercice du priorat, car le Nécrologe de Saint-Léonor le note ainsi (Douët d'Arcq, p. 144) au 9 janvier. Cet obituaire, dans son état actuel, ayant été remanié comme le manuscrit lui-même en fournit la preuve, le quantième indiqué au Nécrologe même de Saint-Martin est seul à retenir.

Le millésime ne peut être que 1201. Le 9 juillet 1199 Innocent III commit le prieur de Saint-Martin avec deux autres juges pour instruire un procès intéressant les religieuses de Montmartre (nº 564). Ce prieur est indubitablement Robert. Il ne put remplir sa mission, et ses deux collaborateurs rendirent leur sentence « Priore Sancti Martini justa de causa absente ». Cette cause légitime d'absence, l'affaire se jugeant à Paris, ne pouvait être qu'une grave maladie de Robert. En 1201 son successeur Guillaume était en charge. Les lettres de la communauté (nº 577) annonçant au Chapitre de Cluny le choix spontané fait de sa personne par l'abbé Hugues V, pour remplacer Robert, sont datées de 1200 ; elles sont donc de janvier 1201, nouveau style. Elles font mention des dignitaires suivants : Guillaume, chambrier ; le sous-prieur H. (Hugues) ; le secrétain R. (Richer) ; le sous-chambrier A. (peut-être Aubert) ; et de deux prieurs forains, Her. (Herbert) de Gournay-sur-Marne ; L. (Léger) de Saint-Nicolas de Senlis.

Les indications qui précédent se résument en ce tableau :

Sous-prieur. Chambrier. Secrétain. Armorier. Cellérier. Hôtelier.
1176. Robert. Pierre. Jozon. " " André.
1177. " Id. " " André. "
1180. Simon III. " " " " "
1181. Id. Id. Id. Simon. Id. "
1182. Jean I. Josselin. Id. " " "
Ap. 1182. Id. Id. Id. " Id. "
Ap. 1183. Simon IV. Id. Id. Philippe. " "
1186. " " Id. " " "
Ap. 1186. " " Ançoul. " " Richer,
" " Aubert. " " Pierre. Id.
" Ançoul. " " Pierre. [Hugues]. "
1190. Guillaume. " " " " "
1193. Jean II. Guillaume. Guillaume. " " "
" Hugues. Id. Richer. " " "
1200. " " " " " Gautier.
1201. Id. Id. Id. " " "