École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 2 » X. — Actes concernant les fondations anglaises dépendant de Saint-Martin sous Henry Ier (1108-1135) » 1117

Guillaume, roi [associé] d'Angleterre, confirme la donation du prieuré de Barnstaple à Cluny et à Saint-Martin-des-Champs.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1129, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 79.
  • a Marrier, Monasterii S. Martini de Campis historia, p. 408.
  • b Dugdale, Monasticon Anglicanum, new edition by Caley a. o., t. V, p. 198, num. 11, « ex ipso autographo apud Sanctum Martinum de Campis, Paris ».
  • c George Oliver, Monasticon diœcesis Exoniensis, p. 198, num. 1, d'après b.
  • d Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après d.

Ego Willelmus, Dei gratia rex Anglorum126, concedo Sancto Petro de Cluniaco in obedienciam Sancti Martini de Campis que es Parisiis, scilicet pro salute anime mee et antecessorum meorum et pro anima Juheli, qui hujus dator est elemosine et parentum suorum, ecclesiam de Barnestaplaa, cum omnibus rebus que eidem ecclesie pertinent ; hoc solo excepto quod ejus capellano attinet, et hoc est tantummodo domini sueque familie oblatio. Quod autem superest, plurimorum testimonio, trium solidorum numerum non excedit per annum. Preterea hoc quod idem habet in Pillona, tam in terra quam in hominibus. Terra quidem duabus carrucis sufficit, quæ in dominio est, homines vero decem solidos perb annum reddunt. Preter hec etiam quicquidc ipse in Pallanda, videlicet similiter terram in dominio que duabus carrucis sufficit et homines qui per singulos annos quindecim solidos reddunt, et unum molendinum quodd singulis annis vinginti solidos reddit ; et in Tawestoce quindecim solidatos redditus. Preter hec autem omnium dominicarum suarum duas partes, tam animalium quam segetum, lane et caseorum seu ceterorum. Et nominatim decimam molendini de Bouif, et decimam piscine Framinctorineg et illius piscine que est apud Tawestoce. Et decimam viginti solidorum quos ipse habet in Barnastaplaa, videlicet duos solidos et unum burgensem apud Essecestram qui per annum reddit duos solidos. De hoc itaque elemosina ego Willelmus rex Anglorum concedo ut ecclesia prefata Sti Martini de Campis quadraginta solidos singulis annis propriis usibus habeat. Quod autem superfuerit fratres qui loco predicto, id est ecclesie de Barnestaplah deservient, in suis necessariis habeant. Et ut hec largitio firma inconcussaque omni tempore permaneat, sigillo sancte Crucis manu propria ego ipse confirmo † huicque confirmationi fideles meos subscriptos testes adhibeo : Johelem ; Robertum, Balduini filium ; Rog(erium) de Nonanti, Ra(dulfum) episcopum fratrem127 H(enrici) regis, Henr[icum] comitem de Warwich128, Ro(gerium) Ricardi filium, Ra[dulfum] Bigot.


126 S'agit-il ici, comme l'ont cru Dugdale et Oliver (cf. Monasticon diœc. Exon., p. 196 et note 1), de Guillaume le Conquérant ? Cette opinion semble résulter d'une étude insuffisante des documents. Ces lettres ne peuvent être antérieures au 14 juillet 1096, puisque la bulle d'Urbain II (t. I, pp. 121-123, nº75) ne laisse soupçonner aucune extension de la communauté de St-Martin au-delà de la Manche. La même objection tirée du silence de Pascal II dans sa bulle de 1107 (t. I, pp. 187-189, nº118) est opposable à l'hypothèse qui mettrait en scène Guillaume le Roux, puisqu'il périt le 2 août 1100. Comme nous l'avons indiqué plus haut (note 122), le vœu que Juhel exécuta dut être formulé durant son exil d'Angleterre, dans l'espoir du recouvrement de sa fortune. La réalisation de ce vœu dut précéder de très peu de temps le moment où le fondateur du prieuré de la Madeleine appela son évêque à sanctionner ses projets. Il ne serait pas soutenable d'envisager la création d'un pareil établissement sans le concours de l'ordinaire ; il est toujours sollicité en France, le présent recueil l'atteste sans cesse ; à plus forte raison devenait-il indispensable pour appeler dans un diocèse une congrégation résidant en pays étranger. La fondation de la Madeleine de Barnstaple est donc concomitante à l'épiscopat de Guillaume Ier et s'est effectuée après la rentrée en grâce de Juhel. Dès lors l'intérêt du document que nous reproduisons est singulièrement accru : cette pièce unique jusqu'ici montre que le prince Guillaume (William Atheling) fils de Henry Ier et de Maud d'Ecosse (qui furent unis le 11 novembre 1100) exerça effectivement les fonctions de roi-associé. « Les rois d'Angleterre, écrit Léopold Delisle (Recueil des actes de Henry II, p. 274), donnaient a leurs fils aînés « une association purement honorifique, comme le furent en France les associations des héritiers présomptifs du trône sous les premiers Capétiens, notamment celle que Louis le Gros fit en 1120 de son fils Philippe, alors âgé de quatre ans. » (Cf. note du même auteur dans le Journal des Savants, 1898, p. 736). « Henry Courtmantel, fils de Henry II (28 février 1155 — 11 juin 1183), n'est pas seulement cité dans des chartes... mais il avait un sceau, attaché à un acte de 1170, portant : Henricus rex Anglorum et dux Normannorum et comes Andegavorum. « Dans la pièce que nous reproduisons, il n'est point question d'apposition de sceau : le roi-associé ne parle que de son seing manuel. Elle est nécessairement antérieure au 26 novembre 1120, date où la catastrophe de la Blanche nef engloutit l'héritier du trône et sa suite ; mais la présence d'un témoin nous amène à rapprocher cet acte de l'année 1117 qui fut apparemment celle de l'association. Les chartes relatives à Henry Gourtmantel, citées par L. Delisle, prouvent que les bénéficiaires de privilèges royaux s'adressaient à l'héritier désigné pour obtenir de lui une confirmation anticipée. Ce fut apparemment ce que firent les Clunisiens de Barnstaple.
a Barnstapola a.
b in a.
c quicquit B.
d qui a.
e Tavestoc a.
f Boni a.
g framinctorie a.
h Barnastapala a.
i Novant a.
127 Cet évêque, frère du roi Henry Ier, doit être regardé comme un fils naturel de Guillaume le Conquérant. Nous proposons de l'identifier avec Raoul, évêque de Coutances, nommé en 1093, et qu'on fait mourir en 1110. Mais son successeur, Roger, n'apparaît qu'en 1118. Marrier et Dugdale ont imprimé à tort : « Ra. episcopum de Frem. H. Regis « comme si Raoul avait dirigé un diocèse de Frem... tout à fait imaginaire, et comme si « H. Regis « était un H. Fitz-Roy.
128 Henry comte de Warwick, fils de Roger, seigneur de Beaumont-le-Roger, eut pour frère Robert Ier, comte de Meulan de 1191 à 1118 (Depoin, Cartulaire de Si-Martin de Pontoise, Appendices, pp. 312-318).