École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » V. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs prieuré de Cluny, sous le règne de Philippe Ier » Vers 1105

Dreux de Clacy, avec l'approbation de son seigneur Guillaume, renonce à ses droits de voirie sur la terre du prieuré de Gournay-sur-Marne.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1118, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 21 bis, nº 46.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.

Sciant omnes sancte matris Æcclesiæ filii p. et f. per baptismum abluti, per passionem Xristi redempti, quod domnus Drogo, qui cognominatur de Claciaco277, concessit monachis Sti Martini de Campis, qui apud Gornaium278 conversantur, partem suam viarie de terra in qua ipsi morantur, et eorum hospites ibidem commanentes, et hospitum ipsorum furnachium et monachorum proprium. Hæc enim ad domnum Drogonem pertinebant prius, nunc vero monachi Sti Martini quiete et absque calumpniatore tenent. Monachi autem Sti Martini concesserunt Drogoni prata apud Luissum commanentia, ea videlicet conventione ut, si census eorum redditus non fuerit, nulla pro hoc calumpnia contra eum insurgere possit ; Wido enim comes74 census eorum debet.

Apud Nuisiacum villam, habet ipse Drogo vineam cujus censum adbreviaverunt ei monachi Sti Martini ad xi sextaria vini, neque pro ea justiciabunt eum, nisi de censu tantum.

De vineis quoque altaris, que partite sunt inter eos, habet Drogo terciam partem sibi quietam, et monachi duas similiter quietas.

Sedecim arpennos terre apud Nuisiacum adcensuit Drogo monachis Sti Martini de Campis pro xvi solidis denariorum, neque pro ea justiciabit eos, nisi de censu fuerit sibi forfactum.

Minutam decimam si quis hominum plene non dederit, et ad rationem missus recognoverit, plane reddat. Si non recognoscens, pervidenter tandem cognoverit, decimam reddat, xviii10 denarios persolvat. Quod si, ad placitum veniens, convictus fuerit, per xv solidos reddat. Sic etiam fiat de decima vini. Si oblationem, id est panem et candelam, interrogatus persolvisse se dixerit, si testis ei fuerit sacerdos, quietus sit. Sin autem, propria manu se reddidisse juret. Si nec hoc nec illud potuerit, plegem componat.

De sepultura vero Nuisiaci fuerant due partes monachorum, et tercia Drogonis. Placuit ergo utrisque ut ipsa omnino dimitteretur, nec ulterius ab aliquo requireretur. Dimiserunt itaque, et ad monimentum scribi fecerunt quod si aliquis eorum qui obierint, quicquid dimiserit, si sacerdoti suo prenominato vel sancto Martino dimiserit, cui prenominatorum dimiserit, ejus erit. Si vero æcclesiæ suæ dimiserit, solvatur inde sinodus et circadia ; de reliquo instauretur æcclesia.

Hæc autem omnia concessit Willelmus Marmerellus et uxor ejus Adelina, et filii eorum et filie. Concessit etiam Simon, Marmerelli Willelmi frater, et Petrus nepos ejus, audiente servo Willelmi Galdrico.

De illa terra quam tenet Drogo apud Nuisiacum de Sancto Petro Fossatensi habet Stus Martinus corveias et viariam, et placitum generale. Concessit etiam hæc Basilia uxor Drogonis, et Warinus filius ejus, Balduinus quoque frater ejus, et hi fuerunt cum eis : Ivo de Bri279, Arnulfus filius Fulconis, Adam Rufus, Arraudus de Bunzia14, Radulfus de Laniaco280, Petrus de Chala280, Warinus de Villaflui280

De parte Sti Martini testes sunt hi : Walterius major272, Bertrannus filius ejus, Hatto, Godardus ; item Godardus decanus ; Adelelmus major Aneti13, Dodo, Warinus, Rainoldus.

Quando autem Willelmus Marmerellus et uxor ejus et filii concesserunt, hi fuerunt testes : Balduinus de Glaciaco277, Giruinus de Fossatis, Godardus decanus, Godardus forestarius, Bertrannus major272, Drogo famulus, Warinus frater majoris36, Engelbertus de Villa Judea servus Sti Martini32.

Est enim conventio inter Drogonem et monachos de Gornaio ut nullum prorsus alium hominem, preter suos hospites, ad coquendum in suo furno recipiant. Quod si evenerit, per legem reddatur furnachium.


277 Clacy, éc. Noisy-le-Sec, ca. Pantin, ar. St-Denis (Seine); cf. Luchaire, Annales de la vie de Louis VI, p. 373. — Nous retrouvons en 1122 Guérin de Clacy, fils de Dreux (Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 73).

278 Gournay-sur-Marne, ca. Le Raincy, ar. Pontoise (S.-et-O.). — Il est surprenant que ni la donation primitive de Gui le Rouge à St-Martin-des-Champs, ni l'approbation de Louis VI n'aient été conservées sous une forme diplomatique ou tout au moins par des notices insérées dans un recueil de titres. Les lettres de l'évêque Gilbert II sont le seul document qui atteste l'existence de ces actes, alors que d'autres, moins importants, concernant Gournay, furent insérés au Liber Testamentorum de St-Martin, et bien qu'à Gournay même un cartulaire important ait été composé. L'énoncé de la charte épiscopale ne va pas sans difficultés. On y attribue à Gui le Rouge et Aélis (sa première femme ; cf. p. 49, note a, et p. 63, note 74) non seulement la construction de Notre-Dame de Gournay, ce qui est admissible, mais aussi la donation de l'église et de son douaire à St-Martin. Or, Gui s'est remarié peu de temps après l'établissement des Clunisiens à St-Martin-des-Champs, tandis que le silence de la bulle d'Urbain II ne permet pas de considérer la donation de Gournay comme antérieure à 1096. D'ailleurs, Gilbert constate l'approbation donnée par le roi Louis à cette donation ; elle est donc postérieure à 1098. Enfin la lettre suivante d'Ives de Chartres montre qu'il existait à Gournay une communauté à laquelle il invite le prêtre Gonthier à se joindre et qui paraît être une collégiale plutôt qu'une congrégation. (Ives n'aurait pu agir avec une autorité semblable sur un monastère dépendant de Cluny et stué dans un diocèse autre que le sien) :

« Ivo, humilis Carnotensium episcopus, Gontherio (al. Gunheriov. c.) fratri et compresbytero ascendenti e convalle lacrymarum, intense cantare canticum graduum.

« Gaudeo te quasi postliminio rediisse, gratias agens protectori nostro, cujus misericordia te protexit etiam per marina discrimina. Nunc ergo quia incolumis es redditus fratribus tuis, licet desiderio interne quietis omnibus prodesse non possis, tamen vel paucis prodesse non graveris. Unde monco fraternitatem tuam ut ad ecclesiam Gornacensem Beatæ semper Virginis transeas, ubi et desiderate quieti vacare, et aliquorum fratrum saluti poteris providere. De cetero ora pro me, frater charissime, ne remigantem in altitudine maris tempestas submerget me. Vale. »

(Ivo Carnotensis episcopi epistola xi, edit. Magne, Patrologia latino, t. CLXII, col. 24. — Cf. Lebeuf, Hist. de la ville et du dioc. de Paris, édit. Bournon, t. IV, p. 610).

74 L'auteur de cette donation est une personnalité notoire du règne de Philippe Ier. C'est Gui le Rouge fils de Gui le Grand de Montlhéry ; son père assistait Henri Ieren 1059 lorsqu'il dota solennellement la collégiale de St-Martin-des champs (nº 7) et Philippe Ier lorsqu'en 1067 il en confirma l'établissement (nº 12). Lui-même intervint fréquemment pour faciliter et approuver les donations de ses vassaux au prieuré clunisien. On le rencontrera plus loin avec le titre de comte, accompagné parfois du surnom de Rochefort : « Wido comes " ou » Wido comes de Rupeforti ». Il mourut en 1107.

Élisabeth, sa seconde femme, s'identifie avec « Isabeldis, comitissa de Creciaco castro « qui, veuve de Bouchard II de Corbeil, assista à la première messe célébrée par saint Gautier, abbé-fondateur de St-Martin-de-Pontoise, sur l'autel de St-Nicolas de Morcerf (Cartul. de St-M. de P., p. 10, nº xi). Le récent mémoire de M. Estournet sur Bouchard II, comte de Corbeil dans les publications de la Société du Gâtinais, a précisé ce point. L'une des filles d'Élisabeth, Béatrix de Pierrefonds, fut aussi bienfaitrice de St-Martin des Champs.

279 Bry-sur-Marne, ca. Charenton, ar. Sceaux (seine). — Cf, nº63, suprà.
14 Bondy, ca. Noisy-le-Sec, ar. St-Denis (Seine).
280 Lagny-sur-Marne, ar. Meaux (Seine-et-Marne). — Chelles, ca. Lagny. — Villeflix, éc. Noisy-le-Grand, ca. Le Raincy, ar. Pontoise (S.-et-O.).
13 Annet-sur-Marne, ca. Claye-Souilly, ar. Meaux (Seine-et-Marne).
36 Gautier, frère aîné de Thion, maire de Noisy-le-Grand, ayant été remplacé entre 1101 et 1105 et disparaissant à partir de ce moment (cf. note 272), cette charte se place entre 1079 et 1104 environ. On peut se demander si Archambaud qualifié maire n'aurait pas été le devancier de Gautier, qui n'a point de titre dans cette pièce ; d'autre part, les moines ne sont point nommés. C'est pourquoi nous proposerions de placer cette notice entre 1067, date de la dédicace de l'église dans laquelle fut fait le don, et 1079, époque de l'entrée des moines, mais à une date très voisine de 1079, en raison du surnom « de Campis « attribué au monastère.
32 Villejuif, ar. Sceaux (Seine).