École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 2 » VIII. — Donations à Saint-Martin non suivies d'effet sous le règne de Louis VI » 1120

Barthélemi, évêque de Laon, fait relire et transcrire une charte du comte Eilbert de Vermandois (Ybert de Ribémont) et de sa femme Gertrude, qui ayant fondé l'église du Vieux Bucilly sur leur propre alleu, la dotèrent d'un grand nombre de domaines allodiaux.

  • A Original perdu.
  • B Copie du xiiie s., Cartulaire de Bucilly, ms. I. 10121, fol. 1-2.
  • C Copie du xviiie s., faite pour Hugo d'Etival, Monumenta ordinis Præmonstratensis, Bibl. munic. de Nancy, ms. 9924, fol. 421-422.
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.

Ego Bartholomeus, Dei gratia Laudunensium episcopus. Quia, seculo senescente, cuncta simul deficiunt, ita ut etiam scripta, que ad servandam hominum memoriam fieri solenta, nimia vetustate solvantur, necessitate compulsi sumus ecclesiis nobis a Deo commissisb, quas in exordio episcopatus nostri ex magna parte destructas repperimus, in hoc prudenter et fideliter subvenire, et eorum privilegia, fere consumpta et attrita, renovari et nostro munimine confirmari faceremus. Eapropter notum fieri volumus t. f. q. p. quod, inter aliarum ecclesiarum privilegia, etiam Buccelliensis ecclesie antiqua privilegia que, ob sui vetustatem pene deperierant, in conspectu generalis synodi precepimus afferri et rescribi, rescripta sigillo nostro firmari, firmata coram personis astantibus recitari. Inter autem privilegia unum erat vetustissimum, sub nomine Elberti, Viromandensis comitis, ejusdem Bucellensis ecclesie fundatoris conscriptum ; quod, propter auctoritatem ejusdem fundatoris, diligentius audiri, et ipsius continentiam presenti scripto fecimus inseri98. Ipse quippe comes, ob remedium anime sue et predecessorum suorum, instinctu nobilissime uxoris sue Gertrudis95, fundavitc ecclesiam de Veteri Buciliaco in alodio suo in honore beati Petri, apostolorum principis, et sanctimoniales ibi ad serviendum Deo constituit ; et que subscripta sunt, sicut in eodem privilegio reperta sunt, libere eidem ecclesie contulit : Totum alodium suum de Buciliaco cum appendiciis suis74. Alodium ded Harcignis99. Alodium de Effris100. Alodium de Perveriis101. Alodium de Leheris102, de Angoriis ete de Lentis103, cum legitimis redditibus eorumdem alodiorum, scilicet censibus, terragiis, silvagiis, banno, justicia et sanguine, et aliis justis consuetudinibus. Medietatem silve que dicitur de Communione. Medietatem totius territorii de Martigniaco104. Molendinum super Ysarame, apud Novas Domos105. Sed quia predicta alodia ex magna parte nemorosa erant et infructifera106 ut non sufficere possent ad victum habitantium, in Buciliensi ecclesia prefatus comes, ad supplementum annone et vini, contulit eidem ecclesiæ territorium totius ville de Cuirues cum redditu ejus96 et quartam partem Hermondiville107 quæ nimirum antea fuerant ecclesiæ Sancti Quentini Viromandensis108 ; sed ipse comes pro redemptione dedit eidem ecclesiæ crucem auream gemmis insignitam ; que crux ad memoriam hujus facti, usque hodie dicitur « crux Buciliensis ». Servos etiam et ancillas quos in predictis locis seu villis idem comes habebat, libere donavit prefatae Buciliensi ecclesie, nullo sibi vel posteris suis dominatu seu jure retento ; et tam eos quam ecclesiam in omni loco dominationis sue ab omni tributo, vuionagio et theloneog liberos reddidit. Insuper etiam ad augmentum tenere plantacionis sue, quicquid ulterius de feodoh suo rationabiliter acquirere posset, eadem ecclesie gratanter annuit, ipsamque ecclesiam sub custodia sua et successorum suorum materiali gladio defendendam ut capellam propriam detinuiti. Nos igitur, eandem ecclesiam paterno affectu diligentes et priorum benefacta, sicut digna memoria celebrantur, pie et fideliter amplectentes, omnia hec que prescripta sunt, libere et quiete ipsi ecclesie imperpetuum possidenda, pontificali auctoritate confirmamus. Si qua ergo ecclesiastica vel secularis personak contra hanc paginam venire et prefatam ecclesiam super his temere inquietare presumpserit, secundo terciove commonita, si non resipuerit et ad condignam satisfactionem venerit, anathemati subjaceat. Ut autem hec permaneant, et illibatum et perpetuum robur obtineant, et sigilli nostri impressione, et testium subscriptione communiri fecimus.

Signum domni Ba[r]tholomei episcopi qui hoc scriptum fieri jussit.

S. etc. l.

Actum Lauduni, in generali synodo, et confirmatum, .


a C possent.
b C nostris commissis a Deo.
98 Ybert II, vidame de Laon, avait épousé depuis peu la veuve de son devancier Adon II tué le 25 avril 1112 dans l'émeute des Communiers où périt l'évêque Caudri. — Le châtelain Nicolas venait de succéder à son père Guinemar III, qui fut aussi l'une des victimes de cette commotion populaire.
95 Dans une notice sur l'origine du comte Eilbert, fondateur de Waulsort (tir. à part des Annales du Congrès archéologique de Liège, 1909) nous avons fait remarquer que la plupart des données de l'Historia Walciodorensis sur sa généalogie pouvaient se contrôler et se justifier par des documents de sources diverses étrangers au milieu où vivait l'auteur de cette chronique. Eilbert, l'Ybert de Ribémont des chansons de geste, est un personnage parfaitement authentique et de haut lignage : il a bien exercé les fonctions de comte, ce que démontre une charte de Richeud (Richilde) veuve de l'empereur Charles le Chauve, pour l'abbaye de Gorze. Les sources de l'histoire de Saint-Michel-en-Thiérache, qu'il fonda aussi, s'accordent à lui reconnaître ce titre, et les détails fournis par la charte recognitive de l'évêque Barthélemi confirment sa qualité de comte de Vermandois. On lui connaît par l'Historia Walciodorensis — qui lui attribue bien la fondation de Bucilly — une maîtresse, Marcene abbesse d'Origny, et deux femmes, Hersende et Ermentrude, compagnes de son âge mûr et de sa vieillesse. L'acte publié ici lui donne une autre épouse légitime, Gertrude, qui fut nécessairement la première. Le texte précis de notre document ne laisse aucun doute sur l'identité d'Eilbert et coupe court à toute tentation de le confondre avec un membre de la maison de Senlis-Vermand tel que Herbert II ou Aubert Ier. — Cf. Gallia christiana nova, IX, 687 ; d'Achery, Spicilegium (in-4º), VII, 522.
c C fundaverat.
74 Rouvray, éc. Pantin, ar. Saint-Denis (Cf. t. I, pp. 32, 173).
d (C) Hercignys.
99 Harcigny, ca. Vervins.
100 Effry, ca. Hirson, ar. Vervins. — « Effry, Curieux et Harcigny ressortent de l'abbaye. » (Note de C., fol. 422).
101 « L'abbaye de Bucilly a le domaine du terroir de Pervierez en Thiérache, mais le patronage appartient à celle de St-Michel, et les habitants sont de la paroisse de Wimy, d'après un accord de 1193. « (Coll. D. Grenier, vol. 196, p. 177, d'après le Cartulaire de St-Michel en Thiérache, ms. lat. 18375, fol. 55).
102 Lierres, ca. Norrent-Fontes, ar. Béthune.
e Angoriis et Delentis.
103 Angres, ca. Lens. — Lens, ar. Béthune. Par un acte qu'on croit être de 1116-1117, l'église de Bucilly (ecclesia Sancti Petri Bucellensis que tunc temporis erat) s'engage à rendre à celle de St-Michel en Thiérache, autre fondation d'Eilbert, un trécens pour la dîme et les autres droits que St-Michel avait dans le territoire des paroisses « de Leheris, de Angoriis et de Lenti ». (Coll. de Picardie, vol. 196, p. 177, d'après le Cartulaire de St-Michel, fol. 53).
104 Martigny, ca. Aubenton, ar. Vervins (Aisne).
e C supra Izaram.
105 Neuve-Maison, ca. Hirson, ar. Vervins. — Hirson est transcrit « Yrechon » dans la charte 223.
106 Cette situation ne se conçoit que pour les localités de l'Artois qui, au début du Xe siècle, ayant particulièrement souffert des incursions normandes, avaient pu voir leur territoire revenir plus ou moins à l'état sylvestre.
96 Cuirieux, Vesles, ca. Marle, ar. Laon (Cf. la charte nº221 infra). — Erquery, ca. Clermont (Oise). — L'Abbaye, com. Bucilly. — Boulogne-la-Grasse, ca. Ressons-sur-Metz, ar. Compiègne.
107 Hermonville, ca. Fismes, ar. Reims.
108 L'échange que le comte Eilbert fit accepter au chapitre de St-Quentin, de ces deux propriétés contre une croix d'or enrichie de gemmes, montre bien qu'il exerça la tutelle durant la minorité de son frère de mère, beaucoup plus jeune, Herbert II de Vermandois, fils d'Herbert Ier, comte et abbé de St-Quentin, et de Berthe, veuve du comte Ebroïn. L'abbaye était unie au comté et le demeura jusqu'à l'institution d'une réforme.
g C seu theloneo.
h C a feodo.
i C delinuit.
k C place ici un « etc. » remplaçant toute la fin de l'alinéa supprimée.
l Toutes les copies portent cet « etc. ».