École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 2 » VII. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs sous le règne de Louis VI le Gros, de 1126 à 1137 » 1er janvier ou 22 mars — 20 juillet 1136

Eudes II, évêque de Beauvais, disposant de dîmes restituées à l'Église par Guillaume de Cressonsacq et sa femme Hersende, les remet à Saint-Martin-des-Champs et confirme à ce monastère cinq églises : St-Léonor à Beaumont-sur-Oise, Cressonsacq, Méru, Viarmes, Saint-Omer-en-Chaussée ; des dîmes à Liancourt, une part dans le travers du château de Milly, ainsi qu'une rente à Noisy-sur-Oise, donnée par Galeran, fîls de Marie vicomtesse de Beaumont.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1209, Arch. nat., LL 1351, fol. 73, non collationnée.
  • C Copie du xve siècle, Arch. nat., LL 1352, fol. 71.
  • D Copie du xvies., LL 1353, fol. 81.
  • E Copie du xviie s., collection Duchesne, LXXI, 62 (ces trois dernières copies d'après B).
  • a Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après a.

Quoniam omnibus qui, Deo auctore, curis pastoralibus invigilare habent, semper necesse est plus prodesse quam preesse, et ex talento eis credito fratrum Deo sub habitu religionis servientium necessaria ministrando misericorditer inopiam supplere, ut presentes in eis videant quod sequantur, posteri vero exempla audiant quibus instruantur. Ego humilis frater Odo, Dei gratia Belvacensium episcopus, Spiritus sancti preveniente gratia, sequi hec et adimplere desiderans, ad noticiam tam f. q. p. pervenire volumus quia duas partes decime de Gelsa quas Guillelmus e Cressunessart48 se male tenuisse recognoscens, utpote laïcus, nobis reddiderat, concessione et precatu ipsius Guillelmi et uxoris ejus Hersendis atque filiorum eorum49, salvo jure episcopali et archidiaconi ab omni consuetudine liberas, ecclesie Beati Martini de Campis concessimus, et litteras inde factas sigilli nostri impressione confirmavimus. Furnum etiam unum quem prefatus Guillelmus apud Cressunessart habebat, et eidem ecclesie in remissione peccatorum suorum ea videlicet conditione contulerat ut si, villa crescente, opus esset alium furnum fieri, monachi Beati Martini quibus tantummodo liceret in locis convenientibus quoiquot essent necessarii facerent ; ligna quoque ad suos usus et ad opus furni in omnibus silvis ad eum pertinentibus, in loco ubi milites ceterique homines ejus accipiunt, ipsi acciperent, confirmare curavimus. Preterea quicquid eadem ecclesia Beati Martini in episcopatu nostro, ex dono fidelium et concessione antecessorum nostrorum possidet, scilicet ecclesiam Sancli Leonorii de Bellomonte50 cum omnibus ad eam pertinentibus ; eccclesiam de Cressonessart cum omni decima et ejus appendiciis, necnon et terciam partem decime de Leencurte51 ; altare etiam de Meru52 cum atrio omnibusque ad altare pertinentibus, necnon et decimam de Mediacurte53 ; ecclesiam quoque de Wirma54 cum decima ortorum qui inter Sepes dicuntur, et cum minuta decima ; ecclesiam insuper Sancti Audomari55 cum duabus partibus majoris decime et omni minuta decima ; redditum etiam undecimi diei de traversoMiliacensis castelli55 ; redditum quoque quem dedit Gaulerannus, filius Marie vice comitisse de Bellomonte47 apud Gnoisi56, ipsa concedente cum filiis suis ; salvo jure pontificali atque archidiaconorum, eisdem litteris confirmare necessarium duximus ; et eos quicumque hec pervertere temptaverint, auctoritate nobis a Deo concessa, excommunicationis sentencie supponimus57

Actum Belvaci, . b.


a Gets (G).
48 Cressonsacq, ca. St-Just-en-Chaussée, ar. Clermont (Oise). — Les dîmes données par Guillaume sont celles de Jaux, ca. Compiègne.
49 Les Cressonsacq du Moyen-âge portaient vairé, au lion brochant de gueules couronné, armé et lampassé d'or. Le P. Anselme qui a esquissé leur généalogie à propos de Robert, évêque-comte de Beauvais et pair de France (élu en 1236, mort à Chypre le 1er octobre 1248), fait commencer leur filiation à Hersende, veuve dès 1145, encore vivante vingt ans après, et mère de trois enfants : Dreux 1er, Raoul et Béatrice (Hist. généalogique de la Maison de France et des Grands-Officier, II, 263). L'évêque Robert était fils de Dreux II et d'Agnès, petit-fils de Dreux 1er et d'Emeline de Roncheroles. Pas plus que le P. Anselme, Henri de L'Épinois (Rech. sur le comté de Clermont dans les Mémoires de la Société acad. de l'Oise, IX, 368) n'a connu Guillaume, mari d'Hersende, ni ses devanciers Nivelon, Foulques et Raoul 1er qui, en 1124, se dessaisit de l'église de Cressonsacq, que l'évêque de Beauvais donna aussitôt à St-Martin-des-Champs (nº171, t. I, p. 275). Nivelon se rattache à la lignée du sénéchal Raoul de Beauvais, sur lequel on peut consulter la note 210 du tome Ier, p. 133.
50 Sur la donation de Saint-Léonor, cf. t. I, p. 216, note 334.
51 Liancourt, ar. Clermont.
52 Méru, ar. Beauvais. Cf. t. I, p. 86, note 122.
53 La « decima de Medianacurte » est associée à la possession de Saint-Léonor par la bulle de Calixte II du 27 novembre 1119 (t. I, p. 249) ; elle est appelée « decima de Moinecurte « dans la confirmation par Pierre, prédécesseur d'Eudes II, en 1123, de tout ce que St-Martin possède au diocèse de Beauvais, et là encore cette dîme est associée au prieuré de Beaumont, (t. I, p. 277). Il exista entre Persan et Bruyères, assez près de Beaumont, un hameau de Mainecourt, que la prisée du Comté en 1331 mentionne comme ayant huit feux ; il dépendait de la seigneurie haut-justicière de la dame de Neanfle (de la maison de Chambly). Mais il n'est pas prouvé que St-Léonor en eût la dîme. Par contre, le nécrologe du prieuré, au 12 décembre, rappelle que St-Léonor. reçut d'Aleaume, seigneur du Déluge, commémoré le 12 décembre, une grange à Motincurtis, avec la dîme, et la justice du terroir compris entre le rû (affluent du Thérain) et la voie de Chambly. La forme Moulincourt prise par le nom de ce hameau d'Ully-Saint-Georges (ca. Neuilly-en-Thelle, ar. de Sentis) est une construction insolite, dérivant d'une autre qui pourrait être Moyencourt, prononcé « Mouyincourt ».
54 Viarmes, ca. Luzarchcs, ar. Pontoise (Cf. t. I, p. 298).
55 Saint-Omer-en-Chaussée, ca. Marseille, ar. Beauvais, voisin de Milly-sur-Thérain. Cf. t. I, pp. 203 et 349.
47 La vicomtesse Marie de Beaumont n'est connue que par la donation de son fils Galeran, postérieure aux chartes de Pierre, évêque de Beauvais (1127-1128) qui n'en font pas mention (t. 1er, nº184 et 185). Marie succéda donc au vicomte Garnier, en charge depuis 1110 jusqu'à une date qui se place entre le 20 décembre 1127 et le 1er janvier ou le 22 avril 1128 (Ibid., p. 297, note 412). Cette première lignée vicomtale s'éteignit du vivant du comte Mathieu 1er, car la charge passa à son fils cadet Hugues, inscrit le 1er mai au nécrologie de Beaumont : « Hugo vicecomes, frater M. comilis Bellimontis. « Hugues 1er, qui mourut du vivant de son frère Mathieu II, eut pour successeur son fils Hugues II, qualifié vicomte en 1189.
56 Noisy-sur-Oise, ca. Luzarches, ar. Pontoise. La bulle de Calixte II mentionne déjà « apud Nuisiacum terram et censum ", et dans la confirmation de Pierre, évêque de Beauvais en 1123, il signale " juxta Bellomontem apud Nuisiacum, terram quam dedit Gualerannus, frater Jolduini de Munci ». Cette donation est tout à fait distincte de celle d'une simple rente, énoncée ici, par Galeran fils de la vicomtesse Marie.
57 Il n'est plus question ici : 1º du muid de froment dans le moulin d'Ons-en-Bray, confirmé par l'évêque Pierre en 1123 (t. I, p. 277) ; 2º des églises de Fresnoy-en-Thelle, Courcelles et St-Pierre de Beaumout-sur-Oise, concédées à St-Léonor par le même prélat en 1127 (ibid., p. 297). Quant à St-Pantaléon de Beauvais compris dans la bulle de Calixte II en 1119, celte église ne figure déjà plus dans la confirmation de l'évêque Pierre, quatre ans après.
b Les copies qui nous sont parvenues de cet acte sont visiblement incomplètes. L'évêque Eudes II mourut le 27 juin 1144. Son successeur homonyme, Eudes III, s'est toujours qualifié dans ses actes Odo secundus.