École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » VI. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs sous le règne de Louis VI le Gros » 1120-1124

Bouchard, évêque de Meaux, constate la soumission de Pierre l'Orphelin, qui, ayant enlevé à St-Martin-des-Champs une carrière établie sur la Marne, à Annet, avait été excommunié par lui, de l'autorité du Pape Calixte II, et qui depuis l'avait restituée au prieur de St-Martin, Mathieu Ier. Pierre, ayant construit un four à Annet au mépris du droit de banalité acquis par les moines, est condamné à démolir ce four par la Cour épiscopale.

  • A Original Arch. nat., K 22, nº 42.
  • B Copie de 1129, Liber Test., fol. 84, incomplète des deux derniers paragraphes.
  • C Copie de 1209, Arch. nat., LL 1351, fol. 59, collationnée.
  • D1 Copie du xve siècle, Arch. nat., LL 1352, fol. 58'.
  • D2 Copie du xvie s., Arch. nat., LL 1353, fol. 62'.
  • a Tardif, Monuments historiques, nº 394, p. 219.
  • b Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après b.

Omnibus qui, auctore Deo, pastorali cure invigilant, necesse est plus prodesse quam preesse, ut presentes in ipsis videant quod sequantur, posteri audiant exempla quibus instruantur. Quod ego Burchardus, Meldensis399 episcopus, cum adjutorio et gratia Sancti Spiritus sequi et adimplere desiderans, Petrum cognomento Orphanum198 anathemati subdidi, ex auctoritate domni Calixti pape secundi et nostra, pro carraria Sti Martini de Campis quam injuste abstulerat, et in aquas ejusdem ecclesie, super Maternam fluvium, penes Anetum, villam predicte ecclesie, longuo tempore violenter tenuerat et tenebat. Sed de hoc resipiscens, et errorem suam confitens, bone memorie domno Matheo priori, per manum meam, de hoc satisfecit. Cum autem ex auctoritate domni Pape et nostra eidem subjaceat sentencie, pro furno etiam quem in supradicta villa Aneto injuste fecerat, illicite habuerat, violenter tenuerat ; cum predecessorum ipsius tempore, nullus furnus in eadem villa preter furnum monachorum eatenus extitisset, ille ad justiciam se offerens : « Paratus sum, inquit, Meldis in curia vestra ostendere Priorem injuste adversum me agere ».

Igitur utriusque spontaneo voluntatis assensu faventibus, denominata est dies, conveniunt, Priore rem ut erat perorante, Petro e vestigio respondente. Audita vero utriusque causa, initum est consilium. Dein Stephano preposito, ex communi astantium assensu, tam clericorum quam laicorum qui in presencia erant, judicium proferente, me etiam, ut ipsum judicium audiret, Petro filiastro ipsius Petri offerente, plenarie judicatum est Petrum contra jus, contra fas, furnum in eadem villa fecisse, justum esse ut funditus everseretur, et Priori, cum debita emendatione, de forisfactis suis justicia exhiberetur. Quod et factum est, istis presentibus : Adam archidiacono, Manasse archidiacono, Thebaldo decano, Gisleberto preposito, Balduino cancellario ; presente etiam Hugone de Pompona103, de cujus feodo Petrus tenet quo in predicta villa habet, et Waltero fratre ejus ; Hatone filio Guarneri, Autberto filio Evrardi, Ansculfo, Petro de Bistisiaco, Johanne viatore, Gualtero majore.

Sciant itaque t. p. q. f. horum omnium me cum tota ecclesia nostra assertorem esse, et his omnibus testimonium perhibere. De cetero, propter unitatis et pacis tenende observantiam interdico, prohibeo et gladio Sancti Spiritus amputo, ut nulli omnino hominum liceat, nullus presumat carrariam in aquas Sancti Martini ponere, nec furnum in predicta villa facere, nisi consensu et voluntate Prioris et conventus ecclesie, quoadusque in curia Meldensis episcopi diffiniatur.

Altare etiam de Aneto et terciam partem decime, que bone memorie Walterius, Meldensis episcopus, antecessor meus concessit, et cetera que in eadem villa monachi Sti Martini possident, ego Burchardus Meldensis episcopus concedo et confirmo.


399 Bouchard, évêque de Meaux, élu après la mort de Manassé Ier (13 janvier 1120) mourut le 4 janvier 1134. — Cette charte est antérieure à celle qui suit, laquelle est elle-même antérieure au 5 avril 1124. En effet, Pierre l'Orphelin est ici condamné à démolir un four concurrençant celui des moines et, dans la charte qui suit, il n'existe plus qu'un four à Annet, celui du prieuré. — Le doyen Thibaud est cité de 1117 à 1127 (Gallia, VIII, 1664),
198 Amauri, fils de Robert l'Orphelin, d'une lignée qui a possédé de nombreuses terres dans les diocèses de Paris et de Meaux ; son surnom s'est traduit Orbatus, Orphanus, Orphelinus. La souscription de Milon l'Orphelin (S. Milonis orfani) suit immédiatement celle de Guérin de Paris, baron de Maule (S. Warini baronis) venant après celle de Dreux, comte de Mantes, et de son fils Gautier, sur un diplôme du roi Robert (Levrier, Coll. du Vexin, t. XI, preuve 99) très voisin de la date de sa mort (20 juillet 1031) puisque Gautier de Mantes était encore tout jeune quand il perdit son père (en 1035 ; cf. Longnon, Obit. de la prov. de Sens, t. II, p. xxiii). — La notice 59 rappelle un Pierre l'Orphelin témoin en 1086-1095 : on le retrouve vers 1105 (nº104) ; il souscrit un diplôme royal de 1112 (A. N. LL 42, fol. 7).
103 Pomponne, ca. Lagny, ar. Meaux. L'autel de Noisy-le-Grand fut confirmé à St-Martin en 1096 par Urbain II. La revendication formulée par Manassé de Pomponne émane d'un héritier éventuel de Guérin II et Milon III, anciens détenteurs de droits de propriété sur cet autel. Manassé a un fils dont le prénom, Ansoud, confirme le rattachement à l'estoc des Le Riche de Paris. On pourrait admettre que Manassé, mari d'une sœur de Guérin II, protesta contre la libéralité de son beau-frère, à laquelle il ne s'était pas associé. Il nous a paru préférable, faute d'autre précision, de placer cette notice après la charte de l'évêque Geofroi dont elle relate une des suites.