École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Saint-Martin-des-Champs » Tome 1 » VI. — Actes concernant Saint-Martin-des-Champs sous le règne de Louis VI le Gros » Roye, 18 avril — 18 novembre 1120

Adèle, comtesse douairière de Vermandois, et son fils, Raoul de Péronne, concèdent à St-Martin-des-Champs l'église de Largny-en-Valois avec sa dotation en terres, serfs et serves, revenus, four et moulin, restitués à l'Église par le chevalier Berneret et sa femme Avoie de Largny ; l'évêque diocésain, Lisiard de Soissons, en investit Mathieu, prieur de St-Martin-des-Champs.

  • A Original perdu.
  • B Copie de 1129, Bibl. nat. de Fr., ms. lat. 10977, Liber Testamentorum, fol. 87'.
  • a Marrier, Monasterii S. M. de C. historia, p. 528.
  • b Recueil des chartes et documents de l’abbaye de Saint-Martin des Champs, monastère parisien, éd. Joseph Depoin, Ligugé, 1913-1921.
D'après b.

In nomine sancte et individue Trinitatis, Patris et Filii et Spiritus sancti. Amen.

Ego Adela, Virmandorum comitissa, tam presentium quam posterorum instruere procuravi noticiam, qualiter ego et filius meus, Radulfus de Perona, altare et totam ecclesiam que est Lerniaci377 cum omnibus que ad ea pertinent, monasterio Sti Martini de Campis concessimus. Quod quidem ita actum est : Miles quidam, Berneredus nomine, ex parte sue uxoris Helvidis, ipse quidem cum uxore sua, altare et totam prefatam ecclesiam et omnia que juris ipsius ecclesie sunt, videlicet terram arabilem et hospites, et oblationes, et decimas, et servos et ancillas, preterea furnum et molendinum, cum vivario, a nobis in feodum habere solebat. Vir autem iste et mulier ejus, saluti animarum suarum consultu iri studientes, et anime filii sui Landrici defuncti salutiferum suffragium conquirere cupientes, totum prefatum beneficium monasterio Sti Martini de Campis, quantum in eis erat, concesserunt, et ut idipsum nos quoque concederemus, humiliter imploraverunt. Nos igitur in devotione et caritate eorum participare cupientes, petitioni eorum libenter annuimus, et totam prefatam ecclesiam, et ipsius ecclesie terram arabilem, et oblationes et decimas, et hospites, et servos, et ancillas, furnum quoque et molendinum cum vivario, imo quicquid Lerniaci a nobis in feodo predictus Berneredus et uxor ejus habere solebant, monasterio Sti Martini de Campis concessimus, et de manu nostra libere et absolute omnino exponentes, per manum venerabilis viri Lysiardi, Suessionensis episcopi343, in jus et perhennem possessionem Bti Martini, in manu domni Mathei prioris transfundimus, et presentis pagine conscriptione et testificatione, ut ratum et inconvulsum maneat, corroboravimus.

Actum Roie378 , in Francia regnante Ludovico, Remis presidente in archiepiscopatu Radulfo, Suessionis episcopante Lysiardo. Testes affuerunt : domnus Matheus, prior de Campis ; domnus Rotbertus, prior Ste Margarete357, Goduinus monacus, Odo de Calmonte monacus ; Radulfus, Roiensis ecclesie edilis ; Petrus miles Roiensis378.


377 Largny, ca. Villers-Cotterets, arr. Soissons (Aisne).

343 Lisiard de Crépy, évêque de Soissons, appartenait à une lignée de châtelains issue de la famille Le Riche (cf. note 72). La Gallia christiana dit à son sujet :

« Lisiardus de Crespi, a Sto Arnulfo subdiaconus ordinatus, ex præposito episcopus Silvanectensis adlectus dicitur anno 1108 exeunte in Chronico Alberici. Anno 1113, ad preces Guillelmi, abbatis Majoris monasterii, una secum considente Tetbaldo priore Sancti Martini a Gampis, cessit capellam Sancti Maximi in castello de Petrafonte sitam, monachis Sancti Sulpicii IX Kal. novembris. « (Gallia christiana nova, IX, 355).

D'après Carlier (Histoire du duché de Valois, t. I), Lisiard était fils d'Adam le Riche, et frère cadet de Thibaud II de Nanteuil-le-Haudoin.

378 Roye, arr. Montdidier (Somme). — Pierre Ier, châtelain de Roye, est cité dans une charte de 1103 émanant d'Adèle ou Ade, veuve de Hugues le Grand : « Testibus.. Petro Roiensi castellano » (Coll. Moreau, XLI, 99). — Guerri Ier souscrit une charte de 1112, à Roye : « Werricus castellanus " (Ms. 1. 17142, fol. 310) ; en 1114 il figure dans deux actes d'Adèle, parmi les " magnates " de sa cour ; ici c'est " Wenricus castellanus ", là " Wenricus do Roia » (Chan. Morel, Cartulaire de St-Corneille de Compiègne, nº 35, t. I, p. 72). Pierre II, cité dès 1120 dans la présente notice, se retrouve en 1146 (Cartul. de Prémontré, fol. 91, copie dans Duchesne, LXXVII, 123). — Guerri II, mari d'Odote, est cité en 1151 avec son fils Pierre III.
379 Cet acte démontre que la comtesse Adèle de Vermandois, veuve de Hugues le Grand, n'a nullement fini ses jours en 1118, comme le porte l'Art de vérifier les dates (t. II, p. 706). — Après la mort de Hugues le Grand (à Tarse, le 18 octobre 1101), Adèle, sa veuve, héritière du Vermandois par son père et du Valois par sa mère, se remaria à Renaud II de Mouchy, comte de Clermont. Tous deux confièrent l'abbaye de Bucilly à l'évêque Barthélemi de Laon, afin qu'il l'unît à St-Martin-des-Champs ; mais il n'en fut rien, et Bucilly devint une abbaye de Prémontrés. Cette congrégation obtint aussi le Vivier, qu'avait donné le châtelain de la Ferté à St-Martin, et qui fut le berceau de l'abbaye de Valsery. Les pièces relatives à ces deux affaires sont insérées plus loin dans un chapitre consacré aux Donations à St-Martin restées sans effet sous le règne de Louis VI.
357 Coincy, ca. Fère-en-Tardenois (Aisne), où se trouvait en 1354 le « prioratus Sancti Petri de Coinssiaco ». Matton (Dict. topog. de l'Aisne, p. 73) attribue la fondation du prieuré de Coincy à Thibaud III de Champagne en 1072 ; mais il ne cite aucun acte le concernant antérieur à 1165. — Sainte-Marguerite, éc. Bucy-le-Long, ca. Vailly, ar. Soissons. — Nanteuil-le-Haudouin, ar. Senlis.